Ce vendredi 29 avril 2022, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Jerez – Ángel Nieto au terme de la première journée du Grand Prix d’Espagne.
Revigoré par sa récente victoire au Portugal qui l’a propulsé en tête du classement du championnat du monde MotoGP à égalité de points avec Álex Rins, El Diablo arrive sur une piste qui, de part sa courte ligne droite, convient bien à sa Yamaha YZR-M1…
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).
Fabio, que s’est-il passé ce matin ?
Fabio Quartararo : « Bon…(rires) j’ai eu cinq
minutes difficiles après la chute (rires) mais la douleur s’est
ensuite affaiblie peu à peu. Mais sur le moment, c’était dur et à
un moment je ne pouvais pas respirer. »
Tout est en bon état ?
« Oui,
normalement je peux encore avoir des enfants (rires). »
Quel a été le plus gros problème ce matin ? Vous avez
une chute, puis vous vous êtes fait une chaleur
ensuite…
« Il n’y a rien eu d’étrange, j’ai juste
attaqué à la fin et il y avait un patch d’humidité donc j’ai subi
une chute. Ensuite, j’ai freiné trop tard à un moment et je me
sentais très mal avec le médium à l’avant car globalement je
n’avais pas de soutien : je sentais que le pneu bougeait beaucoup
et je ne voulais pas prendre le moindre risque de chuter à nouveau
en essayant de tourner. J’ai donc préféré tirer tout droit, puis à
un moment j’ai commis une erreur en changeant de vitesse et j’ai
passé la quatrième alors que je devais être en deuxième. Une
erreur. »
Comment était l’adhérence avec les patchs d’humidité
?
« Ici, à Jerez, normalement le vendredi c’est
toujours super dur, donc j’ai été assez surpris car pour nous, on
ne fonctionne pas très bien le vendredi, alors qu’aujourd’hui nous
avons fait un bon pas en avant. En FP2, il y avait encore des
patchs au virage huit et ce n’est pas un bon endroit pour en avoir,
donc j’espère que si demain ce n’est pas vraiment sec quelqu’un ira
vraiment faire quelque chose pour le sécher, car pour être honnête
c’est un endroit qui est plutôt dangereux. Le dernier virage est
lent, mais au virage huit vous pouvez avoir une grosse chute, de
l’avant ou de l’arrière. C’était donc un peu délicat. »
Durant votre chute, avez-vous lâché la moto délibérément
?
« Non, je ne sais pas pourquoi, mais je chute
toujours de cette façon. Honnêtement, c’était une réaction de la
moto qui s’est très vite retournée. Cela fait deux fois que chute
de cette façon : je me souviens de Silverstone où j’ai fait
globalement le même genre de chute. Mais vous pouvez vraiment
sentir si vous pouvez récupérer la moto ou pas, et quand vous
prenez un patch d’humidité, globalement c’est impossible de la
récupérer. »
Dans la chute, qu’est-ce qui vous a frappé : c’était le
pneu où la moto ?
« C’est moi-même ! Ce n’est même pas la moto. Nous avons mis
quelque chose de nouveau sur le réservoir et j’ai frappé ça en
sautant. Donc je me sens un peu stupide (rires) car j’ai chuté et
je n’ai rien eu, puis quand j’ai repris la moto et que j’ai sauté
dessus… Peut-être que cela aurait été mieux de mentir et de dire
que c’était le pneu, mais je dois dire que j’ai été stupide
(rires). »
Quand vous êtes ressorti, vous avez utilisé le même pneu
que lors de la chute. Était-ce pour économiser les pneus
?
« Oui, nous devions économiser les pneus et
c’est pourquoi, quand j’ai chuté, j’ai voulu rentrer dans la pit
lane. Également parce que c’était la décision la plus sûre puisque
la moto allait directement vers la pit lane et c’était beaucoup
plus facile que de faire le tour. Et aussi parce que c’était le
pneu que nous devions utiliser pour le prochain run, donc ça allait
plutôt bien. »
Selon vous, qui sera votre adversaire le plus coriace ce
weekend ?
« Je n’en ai aucune idée : je n’ai pas
encore vérifié les rythmes et je pense que la piste change beaucoup
du vendredi au samedi. Donc demain, après la qualification, nous
verrons qui sera sur les trois premières lignes et qui a le
meilleur rythme, mais aujourd’hui Il est impossible de dire qui
sera là. Ce que j’ai un tout petit peu vu, c’est que Mir, Bagnaia,
Aleix ont un rythme solide, mais vous devez vérifier pour savoir de
combien pour chacun. j’ai été très satisfait de cette première
journée car d’habitude j’ai toujours des sensations étranges le
vendredi ici. »
Êtes-vous surpris que la piste mette si longtemps à
sécher ?
« Globalement, je pense que cela va vite
à sécher, mais il y a certaines parties de la piste, comme le
virage huit, où il semble que cela soit toujours humide comme en
Malaisie dans le passé. Cela est un peu étrange, mais si cela ne
sèche pas demain, j’espère qu’ils le sécheront car c’est vraiment
dangereux. »
Avez-vous retrouvé le feeling que vous avez eu la
semaine dernière au Portugal ?
« Oui ! Oui, mais le vendredi à Jerez ce n’est jamais eu de
bonnes sensations. »
Donc c’est encore mieux ?
« Oui. Je
n’ai jamais eu de vraiment très bonnes sensations le vendredi, mais
pas seulement aujourd’hui mais aussi en 2021. je ne regarde pas
vraiment la position car celle-ci est autre chose. Mais les
sensations sur la moto sont bien sûr bonnes, parce que vous ne
faites pas ces chronos si le feeling n’est pas bon, mais je pilote
un peu plus agressivement et c’est sûr que je piloter de façon
douce demain et que j’essaierai de faire les mêmes chronos de façon
douce, ou encore mieux parce que je pense qu’il y aura plus
d’adhérence. »
Vous avez piloté agressivement cette première journée
?
« Oui, bien sûr, mais vous devez toujours être à
la limite. Avec notre moto, si vous ne vous mettez pas à la limite,
vous êtes en dehors du top 10 à chaque fois, donc je prends
toujours la piste avec le couteau entre les dents. Je pense c’est
la chose à faire car si au final vous commencez à penser que vous
devez être lent le vendredi puis progresser le samedi, le feeling
change et si vous attaquez immédiatement, vous savez à quoi vous
attendre à chaque fois que vous prenez la piste. »
As-tu remarqué des différences par rapport au test ici
?
« Je pense que les ailerons, ça ne nous aide pas
mal ici. Ça nous aide mais il y a des virages où ça nous perturbe
un petit peu. Dans les accélérations, bien sûr ça nous aide,
surtout au virage 1, aux virages 5, 10 et 13, ça nous aide un petit
peu, mais aux virages 11 et 12, je ne me sens pas si à l’aise que
l’année dernière. »
Dans le secteur quatre, tu perdais du
temps…
« Je pense qu’Aleix a fait un très gros
dernier secteur et quand j’étais au box j’ai aussi vu Mir qui était
très, très vite et qui perdaient à chaque fois 3/10 dans le dernier
secteur, donc il a fait vraiment un très gros secteur, mais après,
comme je l’ai dit, c’est un secteur avec les virages 11 et 12 où je
ne me sens jamais très bien le vendredi, et je sais qu’à chaque
fois je peux m’améliorer. Et là, j’ai réussi à faire un très bon
tour dès le vendredi, donc c’est le plus important. »
Comment expliques-tu les erreurs de Marc Márquez
?
« Je pense que tout le monde sait que sur ce
circuit, tout le monde va très très vite, et tout le monde veut se
mettre à la limite. A la fin, tu essaies d’aller le plus vite
possible dès le début mais il y a des moments où tu fais des
erreurs. On pousse tous au maximum et quand on pousse au maximum,
c’est facile de faire des erreurs, donc c’est sûr que quand on
garde un rythme un peu moins agressif on fait moins d’erreurs. Mais
quand on essaie vraiment de tout donner, c’est facile de faire une
erreur, surtout dans des conditions comme ce matin. »
Tu t’es donc fait mal en remontant sur la moto, c’est ça
?
« Oui ! En fait, quand je suis remonté, j’ai
tapé le réservoir… (rires). C’est la première fois que ça m’arrive.
En fait, ça fait quelques courses qu’on a rajouté une mousse mais
quand je suis tombé je ne suis jamais remonté sur la moto, donc en
remontant sur la moto, ça s’est mal passé. »
Márquez est loin au classement. Est-ce que c’est
quelqu’un qui pourrait éventuellement te faire peur pour demain
?
« Ici, il a toujours été très très rapide, donc je pense qu’il
s’est peut-être un petit peu perdu aujourd’hui mais, avec des
conditions un petit peu meilleures, il sera là. Peut-être pas pour
vraiment se battre pour la victoire, mais en tout cas il sera
là. »
Quand tu dis en anglais qu’il faut être à la limite
partout, tu penses Franco Morbidelli peut être à ce niveau
?
« Oula, moi je ne rentre pas là-dedans ! Je ne
pense qu’à moi-même. Pour moi, déjà, la première personne à battre,
c’est lui. Ensuite, sincèrement, je ne sais pas pourquoi mais je
sais que de mon côté, à peine je sors dans une séance, quand je dis
à la limite c’est vraiment penser à ne pas faire des erreurs bêtes.
Je vais toujours très vite, jusqu’à un certain point. Après, en
qualif, bien sûr on donne toujours beaucoup plus. Mais il ne faut
pas partir et penser que c’est juste la FP1 ou la FP2, et quand on
arrive au Time Attack, on va à la limite: si tu te mets déjà à la
limite avant, tu sais un petit peu ce qui t’attend quand tu seras
avec le soft. Alors que si tu fais 15 tours sans être à la limite,
et que d’un coup tu dois te mettre à la limite, ce n’est pas la
même chose. »
En FP2, on a vu une série de tours avec une très belle
régularité : tu étais en recherche de rythme ou tu étais à fond
?
« Non, sincèrement, je n’étais même pas vraiment
à la limite : j’étais très, très vite mais je sentais que j’étais
bien. Je crois que j’ai fait sur cinq tours de 37.9 à 38.0, donc ça
été un très bon rythme. »
On a vu les deux Yamaha officielles rouler avec les
jantes claires : c’est pour baisser la température des pneus
?
« Je crois qu’on a toujours roulé avec ça. Je
crois qu’à l’avant, c’est surtout pour les freins et à l’arrière je
ne sais pas. Mais je pense qu’ils ont fait l’arrière pour avoir
deux jantes de différentes couleurs. »
Résultats de la FP2 du Grand Prix d’Espagne MotoGP à Jerez :
Crédit classement : MotoGP.com