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On ne se rappelle plus bien de quand date notre premier interview avec Louis Rossi, mais ça devait être en 2009 en CEV. A l’époque déjà, le championnat d’Espagne réunissait l’élite des équipes européennes et les meilleurs espoirs aspirant à passer en Grand Prix.

Les motos deux-temps étaient du plus haut niveau et y briller s’avérait aussi difficile qu’en Grand Prix. Mais dès la première course, Louis Rossi y obtient la deuxième place à Albacete sur sa KTM devant Clément Dunikowski sur son Aprilia alignée par Provence Motos ! Il terminera la saison 5e, derrière Alberto Moncayo (un pilote très talentueux qui a disparu du circuit), Maverick Viñales, Miguel Oliveira et Isaac Viñales. Cela lui permettra de revenir en championnat du monde après une première tentative avec l’Équipe de France.

Les Français à Albacete en 2009: de gauche à droite, Quentin Jacquet, Clément Dunikowski, Louis Rossi, Steven Lecoquen, Richard de Tournay, Pierre Ginieys

La suite on l’a connaît, avec une sensationnelle victoire en Moto3 au Mans en 2012 devant un public trempé mais conquis, son passage en Moto2 puis sa carrière en Endurance.

Aujourd’hui, le Manceau a bouclé la boucle et a profité des 24 Heures Motos, lors desquelles il officiait en qualité de pilote de réserve du team Moto Ain, pour annoncer l’arrêt de sa carrière motocycliste.
Le violent accident, qui a impacté l’ancien pilote de MotoGP Bradley Smith lors du départ, a sans doute été la goutte de trop pour son coéquipier Louis Rossi, après avoir été lui même fortement meurtri dans son corps lors de deux grosses chutes ces derniers mois, très gravement sur le circuit Paul Ricard au mois de septembre dernier puis lors des tests pré-Mans en mars.

Louis Rossi : « Ciao ! Après 17 ans de bons et loyaux services, je range le cuir au placard !  Vous vous imaginez que c’est avec beaucoup d’émotions que je prends cette décision…
Tellement de souvenirs refont surface, des podiums, des courses incroyables, des rencontres, des voyages, des larmes parfois et cette victoire au Mans en 2012..
Je tiens à remercier tous ceux qui de près ou de loin m’ont accompagné, soutenu, ou ont partagé un peu ou beaucoup de cette vie de compétition moto avec moi.
C’est aussi le début d’une nouvelle vie avec plus de roues et une combinaison plus légère… Qui sait…

Alors, à très vite ! »

II y a 12 ans, on disait déjà « Merde ! » à Louis Rossi pour ses projets. On réitère évidemment aujourd’hui le même succès dans ses projets automobiles à celui que nous avons vu débarquer en championnat de France avec sa petite moto couchée dans une remorque tirée par la R5 de sa maman…


Bonjour Louis. Peux-tu nous rappeler ton parcours jusqu’à ta première arrivée en Grand Prix?
« Après avoir débuté par la Junior Cup, j’ai intégré le Challenge de l’Avenir FFM. La première année, en 2006, je termine 4ème.
La seconde année, en 2007 donc, je suis vice-champion de France et vainqueur du Challenge, ce qui me permet d’intégrer l’Équipe de France : 3ème à Donington et 2d de la Dorna Cup, la Fédération Française m’offre une wild card pour le Grand prix de Estoril, puis de Sepang.
Entre temps, je me casse la jambe au Mugello… Je n’irai pas en Malaisie ni en Espagne : la saison s’arrête plutôt brutalement. C’est ainsi qu’en 2008, j’arrive en Championnat du Monde avec le Team Honda FFM. »

Que retiens-tu de cette première incursion en Grand Prix?
« C’est un championnat très difficile, il faut y arriver prêt à tous les niveaux (technique, physique et mental). »

Pourquoi n’as tu pu rester dans cette catégorie?
« Parce que l’hiver 2009, je n’ai pas pu trouver le budget nécessaire. »

Ensuite, tu décides de faire le CEV en Espagne. Ton bilan sur cette année 2009?
« Je retiens que le passage par le CEV est primordial avant d’aborder les Grand Prix. J’y ai beaucoup appris, pris beaucoup de plaisir et l’ensemble m’a permis de progresser. »

 

 

Quelles étaient les caractéristiques de ta moto et quelles différences as-tu pu noter entre ta KTM et la Honda kit?
« La KTM est une moto plus petite, davantage portée sur l’avant, le châssis en est un peu plus rigide, mais ce n’est pas non plus le jour et la nuit par rapport à la Honda au point de vue moteur. »

Au niveau « coaching », qui t’apporte une aide et peux-tu nous donner un exemple concret?
« C’est Frédéric Terrier qui était à mes côtés cette année, tout comme en 2007. Nous nous connaissons bien, ce qui nous a permis un travail efficace. Loïc Roullier, préparateur physique, s’est associé à nous et le triangle a bien fonctionné. »

Un mot sur ton team?
« C’est la même chose, nous nous connaissions parfaitement avec Laurent Pradon et Eric Raynault. Pierre Guyonnet, Nicolas Reboul et Noël Juradeau sont venus ponctuellement, ils étaient déjà présents en 2007 à mes côtés.
Finalement, lorsque des gens qui s’apprécient et se respectent choisissent de travailler ensemble, cela génère une ambiance positive et souvent les résultats qui vont avec. »

Tu as toujours fortement analysé chacune de tes courses. Quelle part accordes-tu au mental, au physique, au travail et au talent?
« J’attache une très grande part au mental et au travail (y compris physique). Pour moi ce sont les 2 éléments clé pour réussir.
Quant au talent, je pense que c’est une base de travail à faire évoluer… L’erreur serait de s’en contenter. »

Un conseil pour ceux qui débutent en 125?
« Commencer à économiser… Ne pas brûler les étapes. »

Un piège à éviter?
« « Plus je pédale moins vite, plus je freine plus fort ! »… en d’autres termes : être fainéant. »

Ton meilleur souvenir 2009?
« Le premier podium du CEV. »

 

 

Ton pire souvenir 2009?
« La toute fin de saison. »

En 2010, tu reviens en GP 125. Cela a-t-il été difficile?
« D’un point de vue technique, cela n’a pas été difficile, j’avais eu plusieurs propositions intéressantes dès la fin de l’été. En revanche, réunir un budget n’a pas été une mince affaire et j’en profite pour remercier tous mes partenaires ! »

Un mot sur CBC Corse et ta prochaine moto?
« Il s’agit donc d’un team italien. Nous nous sommes rencontrés en Italie fin novembre et le courant est bien passé. La moto sera une Aprilia RSW 2008 : une première pour moi ! »

Tes ambitions en 2010?
« J’espère être en mesure de marquer des points régulièrement. »

Vous serez quatre français dans la catégorie. Quels rapports as-tu avec les autres et y aura-t-il une rivalité amicale entre vous?
« Je ne connais pas Johann (Zarco). Je m’entends bien avec Alex (Masbou) et Quentin (Jacquet).
Il y a forcément rivalité entre tous les pilotes mais entre français, je pense que nous sommes capables de nous entraider. C’est une chance d’être plusieurs. »

Merci Louis! On aura grand plaisir à suivre tes courses et on te dit « merde » pour cette année.

 


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