Dans le cadre de la conférence de presse du Shark Grand Prix de France qui s’est tenue mardi à Paris, nous avons pu interviewer Lorenzo Fellon qui rentrait tout juste du Texas.
Le Grand Prix Moto3 qui s’est déroulé à Austin à été un weekend en forme de montagnes russes pour le pilote français aidé par la FFM qui fait figure de relève pour la vitesse française.
Celui-ci s’est en effet élancé de la dernière place sur la grille de départ, suite à une qualification sans aucun chrono, pour aboutir à son premier point marqué en championnat du monde après une belle remontée et une lutte féroce jusqu’aux tout derniers instants. Le tout de la part d’un pilote qui, hors piste, fait preuve d’une grande gentillesse mais aussi d’une maturité certaine du haut de ses 17 ans…
Lorenzo Fellon explique : « C’est vrai que cela a été un weekend un peu en forme de montagnes russes. Dès le vendredi, je me suis senti mieux sur ma moto que les weekends précédents, mais l’après-midi j’ai eu un peu plus de mal à régler ma moto pour ce circuit qui est assez atypique avec beaucoup de bosses. C’était un peu difficile d’être dans le rythme d’entrée, mais les sensations étaient quand même meilleures que lors des weekends précédents, et ça c’était bien pour le moral. Ensuite, en FP3 le samedi matin, j’ai eu un déclic, surtout vers la fin quand on a mis les pneus neufs. Malheureusement, j’ai été gêné et je n’ai pas fait un tour parfait, donc ça ne m’a pas permis d’aller en Q2 directement. Mais dans la tête, avec le team, on s’est dit qu’en Q1 on allait largement passer en Q2 grâce au rythme et aux sensations que j’avais eu le matin. Après, malheureusement, j’ai eu tous mes tours annulés en qualification à cause de ce que j’appellerai un gros bordel, où tout le monde s’attendait comme d’habitude. En tout cas, ça n’a pas joué en ma faveur et ça m’a fait partir dernier sur la grille. C’est vrai que là, ça a vraiment été le gros coup dur du weekend: partir dernier alors que je me sentais bien et qu’on avait de bons espoirs de bien faire en qualification ! Mais en même temps, le soir, je me suis isolé et je me suis fait la réflexion « voilà, je pars dernier et demain je n’ai rien à perdre donc il faut juste que je prenne du plaisir et que je donne le meilleur de moi-même pour faire une belle course ». C’est ce qui s’est passé, et vraiment, je suis très content des sensations que j’ai eues car c’est vraiment la première fois de cette saison où j’ai réussi à prendre des risques en course, dans les dépassements et dans les prises de décision. Remonter de la 28e place, c’est vrai que ce n’était pas facile, mais j’ai réussi à finir 15e, premier point de la saison et de la saison dernière, donc c’est vraiment top ! »
Est-ce que tu penses que cela peut faire un déclic
?
« Oui, un déclic mentalement car pour la
confiance en soi cela aide aussi. Après, ce n’est toujours pas ce
que je veux car je suis quand même quelqu’un qui aime performer,
mais c’est vrai que ça fait un déclic dans la tête car ça montre
que je peux être agressif en course, je peux doubler et je peux
remonter parce que j’ai un bon rythme. C’est donc vraiment bien
pour les weekends qui arrivent, surtout en Europe car les weekends
seront un peu plus normaux sur des circuits que je connais déjà,
donc ça forge un peu plus le mental avant d’attaquer l’Europe.
»
Ce premier point, tu as dû l’arracher à la force du
poignet car même dans le dernier tour ce n’était pas
gagné…
« C’est vrai ! Quand j’étais 15e, j’ai eu
un peu la malchance qu’un pilote essaie de me doubler et tombe
devant moi, donc j’ai perdu beaucoup de temps et j’ai dû revenir
sur la piste. Après, ça s’est battu jusqu’à la fin pour décrocher
ce petit point. Donc pour la tête, c’est vrai que c’est bien et
j’espère repartir sur cette base, voir encore mieux, pour les
courses qui viennent. »
Lors des derniers communiqués de presse de Paolo
Simoncelli, on a senti qu’il te mettait un peu la pression. Tu l’as
vécu comment ?
« C’est vrai qu’en début de saison,
cela a été un peu compliqué parce que les attentes du team et les
miennes étaient beaucoup plus hautes que les résultats qu’on a
délivrés. Il y a donc eu beaucoup de frustration, de ma part et de
la part de Paolo, car c’est avant tout un patron de team et il faut
que les résultats arrivent. C’est un passionné et c’est un
compétiteur, donc il veut voir ses motos et ses pilotes devant !
Donc c’est vrai qu’il y a eu un peu des coups de pression mais je
pense que cela était bien pour nous réveiller un peu, que ce soient
les deux pilotes où l’équipe. Donc oui, cela a été un peu tendu
mais Je pense que c’était pour le bien de tout le monde. »
Comment ça se passe avec Riccardo Rossi et arrives-tu à
profiter un peu de son expérience ?
« Je dirais
que c’est vraiment tout l’inverse de Tatsuki Suzuki ! Suzuki était
vraiment quelqu’un de réservé, il ne parlait pas trop et restait
dans son coin. Riccardo, c’est quelqu’un qui aime la vie, qui se
fait plaisir, qui prend tout comme un jeu, qui parle beaucoup et
qui rigole beaucoup. Il y a donc un fort contraste ! Après, chacun
fait son boulot et on est tous les deux dans des positions un peu
différentes, parce qu’il attaque sa quatrième saison et moi la
deuxième. Après, c’est sûr qu’il y a quand même une rivalité parce
qu’on a tous les deux la même moto et on veut tous les deux finir
devant l’autre. Mais c’est sympa d’avoir une rivalité comme ça qui
nous pousse vers le haut. »