Jorge Martín a enfin débloqué son compteur en Argentine avec une deuxième place sous le drapeau à damier, après avoir essuyé deux abandons lors des deux premières manches de la saison. Leader pendant la majeure partie de la course, le Madrilène a livré un formidable duel en piste face à son ami Aleix Espargaró, avant de s’incliner dans les dernières encablures.
Nous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos tenus lors de la conférence de presse post-course.
Jorge, chacun sait que vous
prenez toujours de très bons départs en course. Vous avez donc pris
la tête très rapidement mais l’épreuve n’en a pas moins été
difficile pour vous, et vous avez finalement dû vous incliner face
à Aleix Espargaró. Après deux zéros pointés lors des premières
manches, vous devez être soulagé d’avoir enfin débloqué votre
compteur ici en Argentine ?
« Je suis très content
d’avoir enfin terminé une course, car jusqu’ici cela avait été en
effet un peu difficile pour moi. J’ai pu être à la fois rapide et
régulier, et finalement nous avons pu finir tout près de la
victoire, donc je suis très content de cela. Je pense que j’ai
réalisé l’un de mes meilleurs weekends jusqu’ici dans ma carrière
en MotoGP. J’ai beaucoup travaillé et j’ai pu être régulier, j’ai
tout donné en piste même si les conditions étaient très chaudes. Je
savais bien qu’Aleix Espargaró était un peu plus rapide que moi, et
j’ai par conséquent essayé de le retenir. J’étais plutôt fort dans
les freinages, mais lui était un cran au-dessus sur tout le reste
du circuit, et en particulier les premier et deuxième virages. Je
suis très content pour lui car c’est en plus un bon ami à moi.
»
Dans quels domaines
exactement avez-vous pu voir que l’Aprilia était plus forte que
votre Ducati ?
« Je dirais qu’Aleix était bien
meilleur que moi dans le virage 4 à l’accélération, celui qui
précède la longue ligne droite de retour. Il a été meilleur tout le
weekend, donc c’est normal qu’il en ait été de même aujourd’hui. Au
final je termine à seulement huit dixièmes, donc c’est un bon
résultat et il faut à présent se projeter sur Austin qui devrait
être une bonne manche pour nous. L’an dernier je me souviens y être
passé tout près du podium. Je pense que nous allons pouvoir
continuer comme cela, et commencer à construire à partir de ce
point. Je vais profiter du moment car de nos jours ce n’est pas
facile d’être aux avant-postes. »
Compte tenu de vos liens
d’amitiés, vous devez être très heureux qu’Aleix soit le vainqueur
aujourd’hui…
« Je suis vraiment très content pour
lui. Nous savons à présent à quel point il a travaillé pour en
arriver là, et pour moi c’est très spécial car il m’a beaucoup aidé
lorsque je n’avais rien : il m’a mis une maison à disposition, de
la nourriture et du matériel quand j’étais sans-le-sou. Il m’a
beaucoup aidé par le passé pour progresser dans ma carrière, et il
a même passé beaucoup de temps avec moi pour faire en sorte que je
devienne un meilleur pilote. Sa victoire est donc la meilleure
chose qui pouvait arriver aujourd’hui. »
Les derniers tours vous ont
vu au coude-à-coude avec Aleix Espargaró. A quel point ces
dernières boucles ont-elles été stressantes, sachant que vous étiez
vraiment proches et connaissant vos liens d’amitié très étroits
?
« Je savais bien entendu qu’Aleix était juste
derrière moi car je regardais à chaque tour les écrans géants dans
le virage 5. Je savais qu’il était près car je pouvais entendre sa
moto, et je savais pertinemment que son dépassement était imminent.
Il a eu du mal à bien gérer sa manœuvre [le pilote Aprilia est
parti large par deux fois au freinage du virage 5, se faisant
décroiser par Martín] car je freinais vraiment fort dans le virage
5, mais il a réussi à faire un dépassement décisif à quatre tours
de la fin. Par la suite j’ai bien tenté de répliquer mais c’était
impossible, sauf à risquer d’entrer en collision. Alors j’ai
attaqué le plus possible pour essayer de le faire commettre une
erreur, mais il est resté impassible. »
Vous avez connu un début de
saison vraiment compliqué. Comment êtes-vous parvenu à gérer la
pression de n’avoir toujours aucun point au compteur après deux
manches ?
« J’ai tout simplement essayé d’être le
plus concentré possible ce weekend. Je n’ai pas regardé mes
précédents résultats, car en définitive au Qatar ainsi qu’en
Indonésie j’avais été très compétitif. Mon rythme n’était vraiment
pas mauvais, mais le fait est que nous avions eu par la suite des
soucis en course. J’ai donc abordé cette épreuve de la même façon,
avec la victoire en tête, car si vous commencez à vous dire qu’il
faut que vous conserviez un peu de marge ici et là, alors vous
n’attaquez plus à 100% et vous finissez à la 15e place. Remporter
toutes les courses n’est bien sûr pas possible, mais c’est
l’objectif qu’il faut viser chaque weekend. »
Nous n’en sommes qu’à la
troisième manche de la saison, et pour autant tous les
constructeurs sont déjà montés sur le podium. Qu’est-ce que cela
veut dire au sujet du championnat selon vous ?
«
Je ne suis pas vraiment surpris. Je me souviens que par le
passé on parlait souvent de « piste favorable à Yamaha »
ou de « piste favorable à Honda ». Mais le fait est que
ce n’est plus le cas, et tout le monde peut être rapide sur
n’importe quelle piste, tout dépend simplement du pilote et du
travail effectué lors du weekend, donc ce n’est pas une surprise
pour moi. »
Le moins qu’on puisse dire,
c’est que la piste était très bosselée. Comment avez-vous fait pour
vous accommoder de cela durant le weekend ?
« En
ce qui concerne les bosses, deux possibilités s’offrent à nous.
Soit on fait avec et on cherche à s’y habituer, soit on joue sur
les réglages pour gagner en stabilité. Personnellement je préfère
la première option, car je pense que c’est la meilleure façon
d’être rapide. »