Ducati était une nouvelle fois dans l’œil du cyclone face à ses pairs constructeurs dans une réunion de leur association MSMA où il était question de censure. En effet, les cinq marques engagées en MotoGP que sont Yamaha, Honda, Aprilia, KTM et Suzuki étaient vent debout contre Ducati depuis l’intersaison après avoir découvert que la firme de Borgo Panigale avait mis au point un correcteur d’assiette influençant l’avant de la moto. Après les ailerons, le déflecteur arrière, l’assistance au départ, autant d’innovations d’abord raillées, puis contestées, avant d’être imitées, amenées par les ingénieurs de Borgo Panigale, ce dernier coup de génie sera finalement historiquement le coup de grâce à l’ingéniosité des Italiens et un coup d’arrêt à ces explorations techniques qui ont usé la patience des adversaires, fatigués de devoir suivre.
La nouvelle vient de Sky par le biais d’Antonio Boselli : le fameux dispositif d’abaissement Ducati est règlementaire et sera donc utilisé sur les motos pour le championnat du monde 2022, mais à partir de la saison 2023, ou de la saison 2024, on ne le reverra plus. Les cinq constructeurs se sont montrés opposés à cette spécification technique. La FIM et l’IRTA décideront dans les prochaines semaines quand et comment interdire cette nouveauté.
Ce dispositif a alimenté les débats lors de l’intersaison et même parmi les pilotes. Ainsi, à la conférence de presse, le Champion du Monde Fabio Quartararo a déclaré : « il faut vérifier trop de choses sur la procédure de départ, ça commence à être trop compliqué ». Il faudra cependant encore se creuser la tête en 2022, puisque le dispositif Ducati a été validé pour cette saison. Mais c’est un sursis. La Commission des Grands Prix travaillera sur son interdiction pour 2023 ou au plus tard à partir de 2024, comme l’espère l’entreprise émilienne, pour contenir les coûts. On rappellera que le système innovant a pour tâche d’abaisser le centre de gravité de la moto à la sortie des virages pour améliorer l’accélération, ce qui fait que l’électronique intervient moins.
Les cinq autres constructeurs se sont opposés à cette nouveauté pour une question de coûts et parce qu’il n’y aurait aucun rapport avec les motos de série, que l’on équipe de suspensions électroniques, interdites en MotoGP. Certains pilotes avaient avancé une hypothèse de danger sur le nouvel appareil, car il obligerait à détourner l’attention pour activer le système mécanique. Ducati n’a enfreint aucune réglementation, encore une fois Gigi Dall’Igna et les ingénieurs de Borgo Panigale ont su interpréter les règles mieux que les autres. Mais les officiels ont choisi de mettre une limite à l’innovation technologique de la marque.
Ducati cloué au pilori
Dans tous les cas, les pilotes Ducati qui disposent du Desmosedici GP22 pourront déjà utiliser le dispositif d’abaissement dans ce Grand Prix du Qatar. On se souviendra qu’en 2020 les constructeurs s’étaient unis contre le becquet arrière conçu par Ducati, mais en vain. Des années plus tôt, la compétition avait vu arriver sur les Ducati les winglets et par la suite l’adoption des carénages aérodynamiques bientôt imités également par les autres constructeurs. Enfin, Ducati a une fois de plus établi la norme en concevant le dispositif Holeshot pour optimiser les départs. Autant d’avancées que la concurrence a dû se résoudre à adopter.
Mais cette fois, c’était visiblement trop. Au fait, les frondeurs parlent d’une inutilité du système ne raison du fait qu’il ne sera jamais mis sur une moto du marché. Les constructeurs ont expliqué qu’il faudrait faire de gros investissements et que le tout n’aurait pas d’impact sur les machines de série. Mais c’est aussi le cas de la très coûteuse boite « seamless » adoptée depuis maintenant des années par les MotoGP. Un dispositif cependant amené par Honda.
Dans le cas Ducati, c’est une bataille politique contre les autres équipes qui dure depuis des années qui vient d’être perdue. Les constructeurs japonais, notamment, en retard sur l’innovation, tentent de fixer une limite technique pour les prochaines années.