Mathilde Poncharal évolue dans le monde du MotoGP depuis plusieurs années, et occupe actuellement le poste d’attachée de presse de l’équipe Tech3. Discrète et souriante, on la voit régulièrement aux côtés des pilotes durant les interviews. Cette fois, nous avons inversé les rôles, et c’est elle qui s’est prêtée au jeu des questions afin de nous parler de son métier.
Le métier d’attaché de
presse est moins médiatisé que celui de team manager ou de
mécanicien, et la plupart des gens ignore en quoi ton rôle
consiste. Peux-tu nous l’expliquer et ainsi nous raconter comment
se passe un week-end de course type pour toi ?
Le week-end commence le jeudi. Il s’agit de la journée dédiée
principalement aux médias. J’organise le planning d’interviews de
nos pilotes et essaye de faire en sorte qu’ils n’en aient pas trop.
On accorde généralement dix ou quinze minutes par média, sauf si on
nous demande une longue interview. Le jeudi, il y a également un
media debrief où chaque pilote parle aux médias de ses
objectifs pour le week-end, de comment il se sent, etc. Il peut
également y avoir des évènements de pré Grand Prix avec la Dorna le
jeudi matin ou le mercredi soir mais c’est à part et ce n’est pas
partout.
Ensuite, on entre dans le week-end de course. Le vendredi est la
journée la plus calme. Il y a la FP1 et la FP2 puis un media
debrief où les médias peuvent venir parler avec les pilotes de
leur journée. Il peut parfois y avoir des demandes de séances de
dédicace de la part des sponsors mais cela reste rare. Il y a
ensuite la safety commission à 17h30. Les pilotes
choisissent d’y aller ou pas, mais je le note toujours sur leur
planning.
Le samedi est très chargé, déjà en piste avec la FP3, la FP4, la Q1
et la Q2, mais aussi en-dehors de la piste. On commence par le
media debrief puis tout s’enchaîne. On a toujours une ou
deux séances de dédicace avec un sponsor, en plus d’une séance de
dédicace organisée à l’hospitality afin que nos invités puissent
rencontrer les pilotes.
Le dimanche, rien n’est organisé avec les sponsors. Il y a le Warm
Up, la course et le media debrief, ainsi que le podium si
l’un des pilotes fait un bon résultat. De mon côté, pendant les
trois jours d’essais/course j’organise en plus ce que j’appelle des
« pit tours » qui sont des visites du box pour nos invités. J’ai
des créneaux à respecter pour ne pas déranger les séances et les
mécaniciens qui travaillent, je ne peux pas non plus faire venir
tout le monde donc je planifie tout une semaine à l’avance.
En plus de tout cela je peux avoir des rendez-vous avec la Dorna et
l’IRTA car je m’occupe aussi des pass.
Ton travail se termine-t-il
le dimanche soir ou continue-t-il la semaine, entre les Grands Prix
?
Tout dépend du Grand Prix qui arrive, même si on reçoit pas mal de
monde à chaque fois. Étant donné que j’ai plus de temps, j’essaye
vraiment de faire les choses bien et de m’organiser à l’avance. Je
prépare tout : le planning des pilotes, les pass… Je m’occupe
également des tenues des membres des équipes, que cela soit en
Moto2 ou en MotoGP, donc les semaines sont généralement bien
chargées. En fait, cela ne s’arrête jamais. Après je peux aussi
avoir du temps pour souffler un peu, tout dépend de si
l’organisation du Grand Prix a pu se faire relativement vite ou
pas.
Tu viens sur les circuits
depuis toute petite afin d’accompagner ton père, Hervé. A quel
moment t’es-tu dit que tu voulais, toi aussi, travailler dans ce
milieu ?
Je ne saurais pas le dire de façon exacte. J’ai commencé à venir
lorsque j’avais une dizaine d’années. J’adorais cela mais je ne
pouvais pas venir tout le temps car j’allais à l’école. Je ne
m’intéressais pas spécialement à l’aspect « moto », j’aimais
surtout être dans l’hospitality, aider à m’occuper des invités,
être avec l’équipe. L’ambiance me plaisait car je connaissais tout
le monde depuis toute petite.
A force de venir, mon père m’a proposé de faire cela comme job
d’été une année, plutôt que de travailler sur la plage, dans un
restaurant ou dans une boutique, comme mes amis, étant donné que
nous vivons dans un endroit touristique. J’ai fait cela deux étés
de suite, à seize et dix-sept ans.
En grandissant je me suis plus intéressée à la moto, forcément, car
je comprenais plus de choses et tout le monde en parlait. Cela
commençait à me plaire et je me disais que j’aimerais bien être
attachée de presse plus tard car, comme c’est une passion, on n’a
pas l’impression de travailler. Mais en même temps ce travail me
paraissait très compliqué, avec beaucoup de choses à gérer. Il
fallait aussi très bien parler anglais et à cette époque je n’osais
pas trop me lancer dans cette langue. J’ai fait un BTS Assistant de
gestion qui n’a rien à voir, mais j’avais quand même une partie
communication et une partie organisation, j’ai également beaucoup
travaillé sur Excel et cela me sert aujourd’hui. J’ai aussi appris
sur le terrain.
Et puis un jour j’ai eu un déclic, je me suis dit que je voulais
vraiment faire cela. J’ai donc fait mon alternance à Tech 3. La
première année je suis venue aider à l’hospitality sur les Grands
Prix importants, et pour ma deuxième année je suis passée attachée
de presse Moto2, ce qui m’a un peu mise dans le bain, même s’il y a
quand même moins de charges qu’en MotoGP. Cela m’a quand même
permis de mettre un pied dedans. On a ensuite décidé que j’allais
passer en MotoGP, et j’y travaille ainsi depuis deux ans.
Quelles qualités faut-il
avoir, selon toi, pour faire ce métier ?
Je pense qu’il faut être patient, avant tout, car tout est regroupé
sur trois ou quatre jours. Toutes les demandes arrivent donc d’un
coup et il faut le prendre avec calme. Il faut également être assez
dynamique car c’est assez fatigant, passionné car on part quand
même à l’étranger une semaine sur deux, ainsi que sociable et bien
savoir s’intégrer car on est très souvent ensemble avec l’équipe,
notamment lors de la tournée Outre-Mer où on passe trois semaines
loin de chez nous. Il faut aussi être organisé car tout se joue à
cinq ou dix minutes donc tout doit bien être planifié à l’avance.
On doit savoir exactement ce qu’on fait et à quelle heure on le
fait. Enfin, il faut savoir cadrer les pilotes car on ne peut pas
les laisser arriver en retard, mais j’ai de la chance car les
nôtres sont assez cools et organisés.