Aleix Espargaró est un de ces cas à part qui peuplent une grille de départ de MotoGP fait de caractères forts, n’en déplaise à un Jorge Lorenzo qui trouve que tout ça manque d’animosité. L’officiel Aprilia a des idées sur tout et surtout des idées, et ses prises de position sont rarement nuancées. D’aucuns diraient même rarement rationnelles. Mais il assume et il aime jouer la sentinelle y compris sur les commentaires lus sur son réseau social qu’il suit de très près. Avec cette dernière sortie, il confirme sa position décalée par rapport à ses pairs. Ainsi, si ces derniers voient le titre de Champion du Monde MotoGP comme le Graal, lui a plutôt un petit vélo dans la tête. Au sens propre !
Aleix Espargaró a été l’un des premiers à promettre que la saison 2022 qui commencera le week-end prochain au Qatar sera la plus difficile de l’histoire. En raison de sa longueur et du niveau très proche des valeurs en opposition. Il sait aussi que ce millésime doit être le meilleur jamais vécu par ses couleurs Aprilia qui alignent cette fois une RS-GP de haut niveau, avec Maverick Viñales à temps plein dans le box. L’Espagnol de 32 ans, le second plus âgé du plateau derrière Andrea Dovizioso, 35 ans, fera face à tous ces impératifs et il s’est durement préparé pour ça. En faisant avant tout du vélo…
Justement, ce vélo… C’est une passion tout aussi dévorante pour le frère aîné de Pol, tellement d’ailleurs qu’en Malaisie, la petite reine l’a fait braver les règles restrictives de la bulle sanitaire en vigueur lors des tests d’intersaison. Pour Aleix, ne pas pédaler des centaines de kilomètre dans une journée est quelque chose d’inconcevable.
Mais d’où lui est venu cet intérêt si dévorant ? D’une blessure en Grand Prix… Il explique sur Motosan : « en 2014 ou 2013, je me suis beaucoup blessé lors d’un accident. J’ai fendu trois vertèbres et explosé un disque vertébral. Ma pyramide d’entraînement était la course à pied. J’avais fait des semi-marathons, j’aimais vraiment courir et à cette époque, les médecins m’ont dit que les sports d’impact étaient terminés, que mon dos allait beaucoup souffrir et que je devais essayer le vélo ».
Aleix Espargaró : « mon rêve est d’être cycliste professionnel »
De ce conseil est né cette histoire d’amour avec la petite reine : « le cyclisme est comme un mode de vie et c’est très addictif », a reconnu l’officiel Aprilia qui passe aux aveux : « je suis un fou de vélo ». Et ce n’est pas peu dire : « c’est la pire drogue du monde. Plus vous roulez, plus vous en voulez ». À tel point qu’il admet avoir été sur le point de quitter le MotoGP pour se lancer dans le cyclisme professionnel. « Oui, j’étais très près de faire partie d’une équipe cycliste professionnelle. J’avais beaucoup de frustration en moi, et il y avait toujours cette petite voix du cyclisme ».
« Tout est arrivé parce que chez Aprilia, tout ne fonctionnait pas comme je le voulais et comme je l’attendais », se souvient Aleix Espargaró. « Ils n’amélioraient pas la moto et j’avais beaucoup de frustration en moi. Et il y avait toujours cette petite voix du cyclisme. Et grâce à tous les amis que j’ai en Andorre, la possibilité s’est présentée. J’ai parlé avec Patxi Vila, avec Eusebio Unzué et avant la Volta Ciclista a Catalunya, je les ai rencontrés et j’ai même fait un essai sur le terrain avec eux. Nous étions très proches, très proches, mais finalement nous n’avons pas réussi à finaliser et nous avons décidé de reporter », a-t-il admis.
Cette première tentative ratée de devenir un cycliste professionnel n’a cependant pas entamé sa motivation. À tel point qu’Espargaró est clair : « je me fiche de ne pas gagner le championnat du monde MotoGP. J’aimerais vraiment réaliser mon rêve, qui est d’être cycliste et de participer au World Tour. Je ne sais pas, j’ai 32 ans, je ne sais pas ce qui pourrait arriver dans un avenir pas trop lointain. Il n’est jamais trop tard », a-t-il conclu. Si Aleix Espargaró lorgne sur un marché des transferts, ce n’est peut-être pas celui que l’on croit.
