Entre Fabio Quartararo et Yamaha, c’est le scénario du pire d’un grand rendez-vous manqué qui a été vécu lors des deux jours de test de Sepang. Un galop d’essai certes, mais aussi des préliminaires en vue d’une saison 2022 de MotoGP où il sera d’autant plus interdit de trébucher qu’elle va conditionner les deux suivantes. Car les contrats des ténors touchent à leur fin. La commande passée à Yamaha n’avait pourtant rien de surprenant au vu de la fin de la dernière campagne qui a validé la pertinence des choix techniques Ducati. Un moteur vitaminé était appelé à servir en 2022. Mais non seulement il n’a pas été au rendez-vous malaisien, mais, en plus, il n’existera a priori jamais. Le constat est dur, le coup est rude et le risque est grand pour le couple Yamaha-Quartararo.
Fabio Quartararo ne veut jamais fâcher personne dans ses discours sur l’exercice de son métier. Cependant, au milieu d’un flot de propos d’employé modèle, il y a du des fulgurances qui n’ont pas trompé. Au débotté, on se souviendra que sur le nouveau package aérodynamique, le Champion du Monde en titre a glissé qu’il était temps qu’il arrive, le précédant datant de trois ans. Sur le travail en général, le tricolore a évalué à deux le nombre de pas fait pas les adversaires alors qu’à Iwata, on se serait contenté de seulement un demi.
Et puis il y a cette M1 dont il n’arrive pas à trouver une différence fondamentale par rapport à celle de laquelle il était descendu fin 2021. Il aurait certainement souhaité vivre la satisfaction des deux pilotes Suzuki au guidon d’une GSX-RR où quelques chevaux supplémentaires comme de la vitesse de pointe ont été trouvés. Mais ce quatre cylindres en ligne vient d’Hamamatsu et non d’Iwata.
Last but not least, Fabio Quartararo est allé jusqu’à regretter l’absence à ses côtés d’un pilote du calibre de Maverick Viñales qui était ce qu’il était en coulisse, mais qui était d’abord redoutable sur la piste. Un camouflet à celui qui l’a remplacé, soit Franco Morbidelli, qui doit comprendre que le Fabio d’aujourd’hui n’est plus celui qu’il a connu sous l’auvent Petronas. L’Italo-brésilien doit aussi prendre conscience que se dire satisfait alors que l’on pointe 24è sur la feuille des temps interpelle.
Et si Dovizioso avait tout compris de la relation entre Fabio Quartararo et Yamaha ?
Il en est un qui semble pourtant avoir déjà tout compris et, ce faisant, il révèle aussi une relation entre Fabio Quartararo et Yamaha peut-être plus complexe qu’on ne le croit. Il s’agit d’Andrea Dovizioso qui n’y arrive pas avec cette Yamaha loin de ses vieux souvenirs passés avec elle en 2012. Et il a dit clairement pourquoi : c’est parce que seule la méthode Fabio Quartararo fonctionne avec elle. Avec une telle efficacité qu’elle relèverait presque de la science.
Mais cette analyse du doyen de la grille, à 35 ans, soulève cette question : qui de Yamaha ou de son pilote tient l’autre ? Il est clair qu’aujourd’hui, la marque aux diapasons vivrait une crise profonde si Fabio Quartararo ne sauvait pas les meubles. Ce serait peut-être même pire que Honda sans Marc Marquez. Mais ce style de pilotage exclusif du Français, décrit par le triple vice-champion du monde sur Ducati, serait-il aussi efficace sur une autre moto que sur la Yamaha ?
Vu comme ça, la question du renouvellement du contrat de Fabio Quartararo avec Yamaha se pose de manière plus complexe qu’un impératif de puissance moteur. Car finalement, l’un ne pourrait se passer de l’autre en MotoGP. Contre mauvaise fortune, le couple devrait faire bon cœur. A moins d’une surprise fracassante révélant une botte secrète chez Yamaha qui prendrait tout le mode de cours en renversant la vapeur, nous verrons quels résultats pourra tirer le tricolore d’une machine qui semble atone, mais sur laquelle il est le seul à exceller. Ce sont toujours les classements qui façonnent l’humeur qui détermine la décision finale, n’en déplaise à Maio Meregalli qui jouera à fond la seule carte qu’il semble avoir dans son jeu pour garder son Champion du Monde : celle de l’affecte.