Après Gresini Racing, qui a ouvert le bal des présentations des motogp pour la saison 2022 il y a une huitaine de jours, ce fut ce lundi au tour de la toute nouvelle équipe WithU Yamaha RNF MotoGP Team d’y aller de son introduction. La structure, qui remplace cette année le Petronas Yamaha SRT, affiche déjà de solides ambitions, qui plus est avec un duo de pilotes prometteur alliant la fougue de la jeunesse (Darryn Binder) à l’expérience de la maturité : Andrea Dovizioso.
L’occasion pour son patron, Razlan Razali, de détailler les objectifs de la nouvelle structure à l’orée de la saison 2022. Nous sommes donc allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du patron malaisien, qui nourrit de grandes ambitions pour cette nouvelle année.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles du patron de l’équipe Yamaha RNF sans la moindre mise en forme, même si cela est traduit de l’anglais.
Razlan, quels peuvent être vos objectifs cette saison, si on aborde les choses de façon réaliste ?
« On peut avoir l’impression
que nous repartons de zéro avec cette nouvelle structure, mais le
fait est que nous avons tout de même trois années d’expérience
derrière nous. Il y a par ailleurs une certaine forme de continuité
étant donné qu’une partie du garage demeure inchangée : celle
d’Andrea Dovizioso. En revanche, il est vrai qu’en ce qui concerne
Darryn Binder nous avons dû procéder à plusieurs remplacements car
certaines personnes ont quitté le bateau pour rejoindre l’équipe
VR46.
Après, des personnes clés restent en place
telles que Wilco Zeelenberg et moi-même. On ne peut donc pas dire
qu’il y ait de véritables obstacles devant nous. En ce qui concerne
les objectifs que nous nous fixons, nous aimerions bien voir Andrea
se battre pour le championnat. D’un autre côté, l’objectif pour
Darryn sera de décrocher le titre de rookie de l’année. Enfin, en
ce qui concerne l’équipe nous aimerions bien remporter de nouveau
le titre de meilleure équipe indépendante. »
Au contraire des saisons précédentes, vous allez cette fois n’être présent qu’en catégorie reine. Pensez-vous qu’il s’agit là plus d’un atout ou d’un handicap ?
« Il est plus facile de n’avoir juste à se concentrer que sur le MotoGP plutôt que d’être présent dans les trois catégories. Cela étant, nous parlons de la catégorie reine, donc cela ne va pas être facile mais nous allons faire de notre mieux, et je pense qu’avec le duo de pilotes que nous avons, nous allons être en mesure d’être compétitifs, et je pense que c’est quelque chose d’important. »
« Il est plus facile de n’avoir à se concentrer que sur le MotoGP plutôt que sur trois catégories »
Le contrat liant RNF à Yamaha ne court que sur un an. Pensez-vous que celui-ci puisse être renouvelé en 2023 ?
« En ce qui concerne le contrat d’un an avec Yamaha, comme j’ai déjà eu l’occasion de le signaler par le passé tout cela est le fait de la direction du groupe Yamaha, qui considère que nous sommes une nouvelle structure et que par conséquent nous devons d’abord assurer notre stabilité ainsi que notre niveau de performance dans tous les domaines. En fonction de comment nous allons nous en sortir, il sera alors possible de voir plus loin qu’un contrat courant sur une seule année avec eux. »
« Pour Yamaha, nous devons d’abord assurer notre stabilité ainsi que notre niveau de performance »
Quelles spécifications de la M1 vont avoir à disposition vos deux pilotes ?
« Yamaha ne nous a donné que deux spécifications, c’est-à-dire la moto de l’an dernier et celle de cette année. Darryn Binder va donc récupérer la moto de l’an dernier, alors qu’Andrea Dovizioso va pour sa part évoluer sur la même moto que celle utilisée par les pilotes de l’équipe d’usine. Je pense que dans le cas de Darryn, l’idée est vraiment qu’il s’habitue à la philosophie de sa machine, notamment lors du shakedown prévu la semaine prochaine à Sepang. Il va disposer de trois journées d’essais sur la moto, ce qui va lui être à coup sûr bénéfique pour bien prendre ses marques avec celle-ci. Il va par ailleurs pouvoir compter sur Andrea pour pouvoir bénéficier de tous les précieux conseils dont il pourrait avoir besoin. »
Darryn Binder a été la cible de nombreuses critiques l’an dernier en raison de certaines de ses manœuvres en piste. Est-ce que cela est un sujet de discussions avec lui ? Parlez-vous de son approche mentale de la course ?
« Pour le moment la question du
développement de Darryn en tant que pilote est dans les mains de
Wilco Zeelenberg [le team manager de l’équipe, ndlr] et de son
chef-mécanicien. Nous allons prendre notre temps avec lui, nous
n’allons pas le soumettre à une pression inconsidérée. Il fallait
s’attendre de toute façon à des critiques visant un pilote passant
directement du Moto3 au MotoGP, c’est quelque chose de
normal.
Mais nous croyons dans le potentiel de Darryn,
même si tout cela représente un gros risque à la fois pour l’équipe
que pour lui. Mais je dois dire que nous avons des gens très
capables et dotés d’une riche expérience au sein de l’équipe. Cela
devrait nous permettre de le guider correctement course après
course, dans l’idée de le faire progresser. Mais le plus important
est de faire en sorte qu’il progresse bien, même si vous ne pouvez
jamais être certain de comment cela va tourner car il s’agit là du
MotoGP. Mais je suis sûr qu’il va être en mesure de surprendre tout
son monde. »
« Je suis sûr que Darryn va être en mesure de surprendre tout son monde »
Raúl Fernández a également été lié à votre équipe. Peut-on dire que le fait de recruter de jeunes pilotes pour les amener à maturité fait partie de vos objectifs ?
« Je dois dire que nous n’avons pour l’instant aucun plan au-delà de cette saison au niveau des pilotes. Mais notre objectif est bien de prendre de jeunes pousses et de les transformer en de potentiels Champions du monde. C’est ce que nous avons réussi à faire avec Fabio, et cela fait toujours partie de notre philosophie. La petite chose qui change cette année cependant, c’est que nous avons réussi à trouver le bon équilibre entre l’expérience et la jeunesse. »
« Cette année, nous avons trouvé le bon équilibre entre l’expérience et la jeunesse »
Généralement, il est de coutume de demander aux pilotes en début de saison comment ils vont pouvoir gérer la pression des résultats. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que l’équipe RNF est dans cette même situation compte tenu de son unique année de contrat la liant à Yamaha. On imagine donc que vous avez vous-aussi la pression…
« Je ne suis pas forcément d’accord. Notre approche sera sensiblement la même que celle que nous avions adoptée lors de notre première saison en 2019. Nous restons très humbles et très prudents en ce qui concerne notre approche de la course. Nous ne voulons pas nous mettre de pression inutile sur les épaules. Nous sommes considérés comme des outsiders, et c’est quelque chose qui me plaît, car dans ces conditions nous pouvons plus facilement surprendre les gens. »
« Nous sommes considérés comme des outsiders, et c’est quelque chose qui me plaît »
Quel va être votre objectif principal cette saison : atteindre les meilleurs résultats possibles en course, ou bien vous assurer du renouvellement de votre contrat avec Yamaha ?
« Je pense que ce qui compte pour Yamaha, c’est la stabilité que nous allons être capables de mettre en place au sein de l’équipe. Bien sûr nous avons des objectifs en ce qui concerne nos performances en piste, mais pour Yamaha l’important est vraiment de voir comment nous menons l’équipe tout au long de l’année. Le fait est que Yamaha nous connaît déjà, car ils ont déjà travaillé avec nous par le passé et il n’y a eu que très peu de changements parmi les membres de l’équipe. »
Vous n’avez donc qu’une année de contrat pour l’instant avec Yamaha. A partir de quel moment de l’année espérez-vous renouveler celui-ci ?
« Yamaha va faire un premier bilan de nos prestations au mois de juin, et je suis confiant dans le fait que nous puissions faire du bon travail, donc nous devrions pouvoir espérer une prolongation de contrat en milieu d’année, que celle-ci concerne une ou deux saisons supplémentaires. »
La saison dernière a été quelque peu compliquée pour vous. Or vos deux premières années dans la catégorie reine s’étaient très bien passées. Comment expliquez-vous ce saut de performance ?
« C’est une question à laquelle ile est difficile de répondre. Nous avons connu à la fois la victoire et la défaite. Nous avions fini en 2019 à la quatrième place [du championnat des équipes, ndlr] et deuxième en 2020, mais l’an dernier nous étions parmi les derniers. Cela nous a rendu plus humbles, et maintenant nous savons ce que ça fait que de ne pas être dans le coup. Mais c’est le sport. Nous devons donc nous remettre de cela et nous fixer de nouveaux objectifs avec notre nouveau duo de pilotes pour repartir de l’avant, voilà tout. »
« Maintenant nous savons ce que ça fait que de ne pas être dans le coup »
Quel objectif vous semble réaliste pour une équipe privée comme la vôtre face aux équipes d’usine disposant de bien plus de moyens et de ressources ?
« Je pense déjà que le fait d’avoir la même machine que l’équipe officielle Yamaha va nous aider, quand bien même nous devrions recevoir les améliorations avec un petit délai. Ensuite, tout se joue dans notre relation avec les pilotes, et dans notre capacité à bien les entourer pour qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Je pense donc qu’il n’y a pas de formule magique. »
Quel va être précisément le rôle de Wilco Zeelenberg cette année ?
« Le rôle de Wilco ne va pas vraiment changer, il a été team manager ces trois dernières années et cela va être encore le cas. Je pense que c’est vraiment le gars de la situation quand on regarde sa formidable expérience avec Yamaha. Donc dans une idée de stabilité et de confiance, nous poursuivons avec Wilco. »
