Le Moto2, en 2021, a été un duel à sens unique entre les deux pilotes d’un team Ajo KTM qui n’a laissé que des miettes à une concurrence quasiment humiliée. Jamais, dans l’histoire de cette catégorie, deux équipiers n’avaient à ce point dominé une saison. Les talents de Remy Gardner et de Raul Fernandez y sont sans doute pour beaucoup, mais les autres teams de la grille se demandent encore ce que Ajo avait en plus pour les tanner de la sorte. Le choc a été grand, et le traumatisme vraiment ressenti. C’est du moins ce qui ressort des propos édifiants de Marcel Schrotter.
Marcel Schrotter n’en est pas à sa première année en Moto2, loin de là, et il n’évolue pas plus dans une écurie de seconde zone puisqu’il s’agit d’Intact. Mais tant le pilote que le team ne sont pas sortis justement intacts d’une saison 2021 où les Kalex orange estampillées KTM de Remy Gardner et Raul Fernandez ont été en démonstration. On rappellera les chiffres : huit victoires pour l’Espagnol, cinq pour l’Australien finalement titré, ce qui fait 13 réalisations sur 18 occasions.
Avec 311 points, Gardner l’a emporté de justesse lors de la finale de la saison contre Fernandez, qui a concédé 307 points. Mais surtout, on note un écart de 97 points avec Marco Bezzecchi installé à la troisième place du classement général. Un gouffre, une différence jamais vue dans l’histoire de cette catégorie.
Ce n’est donc rien de dire que les hommes d’Aki Ajo ont laminé leurs adversaires l’an dernier et c’est d’autant plus douloureux pour eux qu’ils ne sauraient expliquer comment ils ont pu en arriver là. Les propos de Marcel Schrotter, de l’équipe Intact, sont à ce titre édifiants : « tout le monde se demande ce qui s’est passé cette année et comment ils ont fait », a commenté l’Allemand dans une interview avec ‘Motorsport-Total.com‘. « Bien sûr, Remy Gardner est toujours devenu plus fort au cours des dernières années, mais livrer quelque chose comme ça est fort. Et puis vous avez aussi un Fernandez qui est définitivement un talent comme Marquez. Vous ne voyez pas très souvent un pilote de ce calibre ».
« Tout le monde se demande ce qui s’est passé cette année et comment ils ont fait chez Ajo »
Cependant… « Faire si mal aux autres pilotes, avoir de telles différences avec le troisième, cela n’est jamais arrivé en Moto2 », s’étonne également Schrötter. « Qu’y a-t-il de mieux là-bas ? Je n’en ai aucune idée ! Si seulement nous savions cela ». Dans les courses, les pilotes Ajo étaient quasiment toujours aux avant-postes. Gardner a remporté cinq courses et revendique un total de douze podiums. Son coéquipier Fernandez a concrétisé à huit occasions et il compte autant de podiums.
Schrötter a rencontré les pilotes Ajo à quelques reprises sur la piste lors de séances d’essais. Pouvait-il voir ce que Gardner et Fernandez faisaient différemment ? « C’est extrêmement difficile de vraiment comprendre où ils font la différence car il y avait des séances dans lesquelles Fernandez roulait devant moi, et qui n’était pas si rapide » dit le pilote. « Puis il y a eu des moments où j’ai roulé derrière Gardner. Je l’ai suivi durant deux virages et puis il est parti. C’était quatre à cinq dixièmes de seconde dans un tour et on se sent comme un débutant. Cela ne peut pas être », regrette Schrötter.
« C’est extrêmement difficile de voir quelque chose. J’ai eu beaucoup de mal sur les freins et je n’ai jamais vraiment pu utiliser ma force, le freinage tardif. Mais ensuite j’en vois d’autres qui freinent beaucoup plus tard, mais n’ont aucun problème avec la roue arrière et c’est pour ça que c’est comme ça : tu penses avoir compris le jeu, mais ensuite arrive quelqu’un qui conduit complètement différemment, qui est aussi super rapide. C’est très, très difficile », termine le pilote d’Intact visiblement impacté.