KTM le démontre : les points de concession au règlement accordés aux constructeurs débutant en MotoGP pour combler au plus vite leur retard et leur manque d’expérience par rapport aux valeurs établies sont très utiles. Et ils remplissent parfaitement leur rôle. La marque autrichienne a su en tirer partie durant les premières de leurs maintenant cinq années de présence dans la catégorie. Cependant, lorsqu’elle est arrivée dans la cour des grands, abandonnant les avantages, il y a eu comme un coup d’arrêt. Il a fallu prendre en considération cette nouvelle situation dans l’organisation du travail et la recherche des solutions. Y compris en allant les trouver à l’extérieur de Mattighofen…
KTM a beaucoup appris dans cette saison 2021 compliquée mais où l’honneur a tout de même été sauf. Revendiquer deux victoires dans une année de ce MotoGP à la concurrence exacerbée, ce n’est pas faire, à proprement parler, une mauvaise campagne. Cependant, au sortir d’un millésime 2020 enthousiasmant, on se voyait plus haut dans la hiérarchie. Mais on n’a pas été pris au dépourvu, car KTM avait déjà connaissance de certains éléments l’avertissant d’un cap difficile à passer.
« Nous savions déjà depuis l’année précédente que 2021 serait spécial, principalement parce que nous avions perdu les concessions » dit ainsi Sebastian Risse, l’homme de la technique du clan autrichien. « En général, dans le développement, nous nous sommes concentrés sur les détails, mais dès les premières courses, avec une affectation de pneus différente, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas suffisant ».
Le second écueil après la perte des points de concession a donc été Michelin. Le manufacturier unique avait en effet décidé de ne plus porter le pneu avant dur qui fonctionnait si bien sur la RC16, mais pas sur les autres motos. Il a donc fallu réagir, et faire feu de tout bois pour garder pied dans le grand bassin du MotoGP. Et il y a eu deux bouées que le même Risse identifie ainsi…
KTM : « nous avons trouvé quelque chose de plus grâce à une nouvelle essence«
« Nous avons cherché une solution, fait tout notre possible pour faire face à la situation, pour être plus rapide et ne pas se perdre », poursuit l’ingénieur. Un nouveau châssis, « avec des rigidités différentes » avait fait ses débuts au Mugello et Oliveira avait réussi à monter sur le podium. « Heureusement cela avait fonctionné, nous avons pu gérer les pneus » explique Risse qui livre aussi la deuxième solution. « Nous avons essayé d’explorer tous les domaines où le développement était autorisé et nous avions trouvé quelque chose de plus grâce à une nouvelle essence, nous avions changé de fournisseur ».
Une démarche qui a convaincu KTM qu’aller chercher des compétences hors des murs de Mattighofen pouvaient avoir du bon. On le voit aujourd’hui avec des éléments Ducati intégrés dans l’organisation. Francesco Guidotti arrive de chez Pramac Ducati pour tenir le rôle de team manager en 2022. Et surtout, Fabiano Sterlacchini, issu directement de Borgo Panigale, est à la tête du service technique.
Reste que KTM doit rentrer dans le rythme des grands. Une gageure si l’on en croit un Risse qui avoue du motogp.com : « nous n’avons pas beaucoup de temps, nous avons travaillé sur le développement et aussi sur plusieurs concepts, mais il est encore tôt pour dire ce que nous utiliserons l’année prochaine ». Or les premiers tests 2022 sont maintenant dans un mois à Sepang.