De Jesús Sánchez Santos / Motosan.es
Chez Motosan.es nous avons pu parler avec Jorge Lorenzo. Le quintuple champion du monde analyse en profondeur cette finale controversée de 2015 contre Valentino Rossi et dans laquelle Marc Márquez était également impliqué.
Après votre apparition dans le documentaire DAZN « Rivale » où vous avez parlé de Rossi, on a de nouveau beaucoup parlé de cette finale de 2015 où vous avez été couronné champion. Comment vous en souvenez-vous, avec le temps ?
Jorge Lorenzo : « J’étais au sommet de ma
forme en tant que pilote. J’étais très rapide et la Yamaha, ainsi
que les Bridgestone, étaient parfaitement adaptés à mon style.
C’était une année très intense où 80% du temps j’étais le pilote le
plus rapide, mais pour une raison quelconque, j’ai laissé échappé
beaucoup de points durant les courses…
D’autre part, Valentino, qui souffrait beaucoup aux essais,
partait souvent de la deuxième ou troisième ligne, mais en course
il a presque toujours trouvé quelque chose, ou il est arrivé
quelque chose à nos adversaires, ce qui lui permettait de sauver
les meubles et d’être sur le podium. Les gens parlent de la guerre
Rossi–Márquez et de ce qu’elle a fait au championnat, mais ils ne
se souviennent pas du nombre de points que j’ai perdus sans que ce
soit de ma faute ou par pure malchance… C’est un championnat que
nous aurions dû gagner en Australie ou en Malaisie, au vu de la
vitesse. »
Votre relation avec Rossi, malgré ce championnat du monde tendu, est vue de l’extérieur comme cordiale et respectueuse. Comment vous entendez-vous ?
« Il y a toujours eu beaucoup de respect des deux côtés, parce que nous savions tous les deux que l’autre était très bon, mais il n’y a pas toujours eu de cordialité et de bons sentiments, c’est sûr. Nous étions deux coqs dans le poulailler de Yamaha. Plus nous étions éloignés l’un de l’autre, mieux c’était. Quand l’autre était chez Ducati, l’ambiance était meilleure. Et maintenant que nous sommes tous deux retraités, c’est très différent, car nous n’avons plus à nous battre pour quoi que ce soit. Au ranch, il avait prévu quelques détails pour que je sois le plus à l’aise possible, ce que j’ai vraiment apprécié. »
Dans le documentaire « Rivale », vous avez dit qu’après ce qui s’est passé lors des courses en Argentine et à Assen, Marc Márquez ne voulait peut-être pas que Rossi gagne. Pensez-vous qu’il vous a aidé lors des dernières courses ? A Phillip Island, il vous a battu dans le dernier tour…
« En Argentine, Rossi a déjà vu qu’il avait une chance de remporter le championnat du monde, et puis il y a eu le fameux contact où Marc a eu le plus mauvais rôle. De l’extérieur, je pense que Marc a compris que Rossi l’avait fait exprès et il n’a pas apprécié les propos de Valentino et le fait qu’il ne lui ait pas demandé comment il allait après le crash. À partir de là, leur relation s’est détériorée, puis il y a eu Assen et la fameuse conférence de presse en Malaisie qui n’a pas aidé à l’améliorer… De toute façon, même si Rossi n’avait pas été pénalisé à Valence, il aurait terminé quatrième tant aux essais qu’en course, car la Honda et moi étions clairement plus rapides sur cette piste. »
Pensez-vous que Marc Márquez se soit senti insulté par Rossi lors de la conférence de presse de Sepang et que cela l’ait poussé à changer son comportement lors des deux dernières courses ?
« Cela n’a à coup sûr pas contribué à améliorer leur relation… »
Malgré tout ce qui a été dit à propos de cette arrivée, tu as remporté plus de victoires et mené plus de tours, tu as donc mérité ton titre de champion. Penses-tu que Valentino le méritait aussi ?
« Si ceux qui le méritent gagnaient aussi, il y aurait au moins deux fois plus de champions du monde… J’ai déjà expliqué qu’au niveau de la vitesse, je pense l’avoir mérité, même si je suis sûr que Rossi pense le contraire… »
Et enfin, qui est, selon vous, le meilleur pilote de l’histoire du championnat du monde ?
« Agostini et Rossi ont le plus de titres dans la catégorie
supérieure, mais je n’ai pas vu Agostini courir et il était à une
autre époque, quand les différences mécaniques étaient abyssales et
quand vous pouviez courir et gagner dans plusieurs catégories le
même jour. Sans rien enlever à ce que Giacomo a fait, je préfère
Rossi parce que, comme Maradona dans le football, il a été très bon
sur le terrain et en dehors. C’était un leader avec beaucoup de
personnalité et de charisme et cela doit aussi être pris en
compte.
Dans leurs disciplines respectives, Messi ou Márquez pourraient
remporter plus de titres, mais des personnalités aussi
charismatiques que celles de Maradona ou de Rossi ne se voient pas
souvent et, à mon avis, elles sont un plus. »
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Jesús Sánchez Santos