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Honda

Il est de bon ton dans le milieu de porter aux nues les compétences du premier constructeur mondial Honda qui, par ce statut, a aussi théoriquement les plus grandes ressources pour ne pas se faire tailler des croupières en compétition. Cela a été vrai un temps mais dans ce monde d’après, et, en fait, depuis peu ou prou le début de ce siècle, ce n’est plus vérifié. A moins qu’un énorme talent individuel ne soit à son guidon, une Honda n’impressionne plus. C’est même une succession de promesses non tenues dont la dernière en date est en WSBK avec la dernière CBR triple R…

Cette moto a beau être estampillée du blason ailé, elle suit le long processus traditionnel de toutes les autres marques pour se mettre au point et gravir les échelons. Parfois, pour la carrière d’un pilote c’est trop long. La preuve avec Alvaro Bautista, 37 ans, qui est parti rejoindre les rangs de Ducati qu’il avait pourtant désertés pour le constructeur japonais. Au passage, le constructeur italien se met à présent très souvent en travers de la route des usines japonaises.

On rappellera que Bautista avait fait une entrée fracassante en WSBK en provenance direct d’un MotoGP où il n’y trouvait plus de place. L’Espagnol avait remporté en 2019 pas moins de 16 courses sur une Ducati, tout en montant 24 fois sur le podium. Il avait terminé deuxième du championnat du monde. Cependant, il quittait le constructeur italien après seulement un an pour rejoindre un nouveau projet Honda et un salaire annuel présumé d’un million d’euros. Deux ans après, le bilan  est pour le moins décevant : Bautista n’a atteint que trois troisièmes places et s’est classé aux 9e et 10e places du Championnat du monde. Parce qu’il devait constamment pousser sa moto à la limite, il a fait plus de chutes que n’importe qui d’autre dans cette catégorie en 2021.

Autant de signes qui l’a poussé à un nouveau départ, pour rejoindre les rangs qu’il avait quittés deux ans plus tôt, soit ceux de Ducati, dont la Panigale V4R gagne depuis ses premiers tours de roues en WSBK. Comme un signe de découragement, comme un désaveu, ce qui pose question sur ce que Honda peut encore faire en compétition moto… Mais le directeur de l’équipe HRC dans la catégorie qu’est l’ancien pilote Leon Camier prend du recul par rapport à cette évaluation. Pour lui, il s’agit avant tour d’un choix de carrière de Bautista, qu’il comprend d’ailleurs très bien… « Je peux comprendre sa décision » dit l’Anglais sur Speedweek.

Chef d'équipe HRC Léon Camier

Le projet Honda en WSBK est un dégât de la crise sanitaire

« Il a maintenant 37 ans et continue d’être très rapide. Avec la Ducati, il a pu gagner des courses et se battre immédiatement pour le titre » continue Camier. « Le projet de Honda est encore relativement nouveau, avec toutes les restrictions Covid, nous n’avons pas pu développer la moto comme prévu initialement. Nous n’avions aucun japonais avec nous pour le test de Jerez la semaine dernière, tout doit se faire par visioconférence. Ce n’est pas la même chose que lorsque les techniciens japonais sont sur place, donc les progrès ont été retardés. »

« Les succès prennent plus de temps qu’Alvaro ne s’y attendait et qu’il ne veut attendre », a ajouté l’Anglais. « Mais qu’aurait-on dû faire avec toute cette réglementation Covid ? Honda est maintenant dans le championnat pour la deuxième année avec cette équipe et cette moto. Personne ne peut espérer arriver avec une machine de série et des règles très restrictives et être compétitif en première ou deuxième année. Il a fallu six ans à Yamaha pour remporter le titre depuis qu’ils ont lancé leur nouvelle moto en 2016. Il faut être réaliste ». On notera que Camier évite soigneusement le sujet Ducati dont la moto n’a pas tardé à gagner. Mais l’Italie n’est pas le Japon, même si les transalpins ont aussi eu leur lot de soucis avec les restrictions sanitaires.

Malgré les circonstances, les deux dernières saisons ont été une grosse déception pour Honda. « Honda veut gagner, c’est ce qu’ils visent », a déclaré Camier. « Tant qu’ils n’y parviennent pas, ils ne sont pas heureux. Mais ils comprennent aussi le processus et combien il est difficile à ce niveau. Tout le monde dans le sport sait que tout prend du temps. Honda travaille dur pour réussir » termine le Britannique. On rappellera que pour accélérer les choses, HRC a mis dans son projet WSBK deux jeunes pilotes venus des Grands Prix et ne connaissant rien au WSBK. Mais Xavi Vierge et Iker Lecuona ont de la fougue à revendre, et une carrière à relancer…

Xavier Vierge

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