Raul Fernandez a été un point de crispation entre KTM et Yamaha à un moment de la saison 2021 où l’Espagnol de 21 ans souhaitait tirait partie d’une dynamique si belle que plus rien ne semblait lui résister en Moto2. Une accélération dans sa carrière qui a contraint la marque autrichienne à revoir ses plans en lui faisant de la place en MotoGP. Mais l’intéressé lorgnait plutôt sur une Yamaha, pensant à une évasion de la famille autrichienne à la Jorge Martin vers Ducati. Aki Ajo, qui était aux premières loges pour observer ces événements, revient sur cette période tendue que Lin Jarvis pour Yamaha confirme au passage…
Raul Fernandez est certainement un talent dont il faudra suivre l’évolution en MotoGP dès 2022, mais c’est aussi un caractère. Lorsque la saison s’est terminée, il n’a ainsi rien caché de sa frustration d’avoir raté le titre mondial en Moto2 face à son équipier Remy Gardner qui sera aussi son compagnon de box chez Tech3 avec une RC16. Dans le mouvement, il a égratigné le team Ajo à qui il doit pourtant beaucoup. Car du temps du Moto3, il n’était pas si évident que l’espoir Raul Fernandez soit le plus haut représentant de sa génération.
Mais Aki Ajo ne lui en veut pas. Et pour cause : les résultats font taire ces commentaires. On rappellera ainsi que l’équipe Red Bull KTM Ajo a remporté deux titres mondiaux et 20 Grands Prix en 2021. Dans ce tableau, Raul Fernandez, 21 ans, a remporté huit Grands Prix en 2021 et a raté le titre mondial de seulement quatre points contre Remy Gardner, alors qu’il n’était qu’un rookie. « Nous savions que Raúl avait un énorme potentiel », déclare Aki Ajo, avec le recul. « Mais personne ne s’attendait à une telle saison. Il a fallu un certain temps à Raúl au début de la saison 2020 pour s’habituer à notre équipe Moto3 et montrer des courses solides. Il a fait un excellent travail en fin de saison. Et puis il a continué à ce niveau en Championnat du Monde Moto2 cette année ».
« Raúl est sans aucun doute un immense talent. Il a travaillé de manière très professionnelle sur la piste et avec l’équipe », ajoute Ajo avant de ses souvenir de l’épisode houleux du marché des transferts avec les contacts pris par son pilote du côté de Yamaha : « il est difficile pour chaque pilote de décider après le premier tiers de la saison s’il souhaite passer en catégorie supérieure. Rául a fait un pas de géant de 2019 à 2020 lorsqu’il nous a rejoint en Moto3 l’année dernière », analyse le Finlandais sur Speedweek.
« Il a franchi une étape similaire en Moto2 en 2021. Il était donc difficile pour nous tous d’évaluer quelle serait la meilleure solution pour 2022. Il s’agit d’une situation normale pour toutes les personnes impliquées. Dans notre métier, cette décision devient de plus en plus compliquée car chaque pilote est de plus en plus jeune ». Aki Ajo signale ce paramètre qui fait de plus en plus débat dans le paddock : « le marché des transferts commence à bouger plus tôt dans la saison chaque année. Mais c’est difficile pour le pilote s’il doit décider de son avenir après 5 courses sur 18. Je ne veux révéler aucun détail sur nos discussions. Mais Rául a alors décidé d’aller en MotoGP, donc l’affaire était claire ».
Raul Fernandez doit déjà faire attention à Pedro Acosta
Pour les détails, il faut se référer à la version des faits déclinés par Lin Jarvis, l’homme de Yamaha : « Raúl est venu chez nous parce qu’il voulait piloter une Yamaha, et quand quelqu’un avec un tel talent vient vers vous, vous l’écoutez. Nous avons dit, bien sûr que nous étions très intéressés. Mais nous avons également précisé que le pilote devait être libre, nous ne voulions pas nous lancer dans une bataille juridique avec une autre entreprise du même secteur ». L’Anglais ajoute : « ce n’est pas notre façon de travailler. Nous avons donc été très, très clairs. Je pense qu’il a essayé de trouver un moyen de rompre son contrat, mais à la fin il n’a pas pu. Maintenant, il est passé au MotoGP avec KTM, ce qui n’est pas si mal pour lui, je pense ».
Reste que chez KTM, ça continue à pousser derrière et Raul Fernandez va devoir autant regarder dans ses rétroviseurs que devant lui pour la suite de sa carrière. Car Aki Ajo pense surtout à un autre jeune pilote… « Acosta a montré quelque chose de très spécial. Je pourrais même déceler plus de similitudes entre Marc Marquez et Pedro Acosta. Il a un certain état d’esprit « old school » et semble très mature à un jeune âge. Peut-être plus mature que Marc au même âge. Raúl est un peu différent parce que son chemin vers le sommet du monde a été plus cahoteux dans le passé qu’avec Marc et Pedro ».
Acosta sera un rookie en Moto2 en 2022 et il arrive dans la catégorie, auréolé d’un titre en Moto3 acquis à un peu plus de 16 ans. En MotoGP, rien n’est décidément jamais acquis.
