Nous ne pouvions passer les deux jours que Johann Zarco a consacré dans le Jura à la formation des jeunes pilotes sélectionnés par la FFM sans lui poser quelques questions sur le MotoGP…
C’est donc au terme de ce stage durant lequel l’engagement du pilote français nous a véritablement estomaqué (on décryptera le sujet en détails ultérieurement) que le chapitre du MotoGP a été évoqué. Tout d’abord avec les jeunes espoirs eux-mêmes, comme décor d’une attitude permanente de recherche de solution à avoir…
Pour comprendre succinctement la situation, l’opération se déroulait dans la structure indoor du Circuit Jura Sud, la piste extérieure étant recouverte de neige. Les températures étant très basses, l’adhérence était assez faible, surtout le matin lors des premières sessions. Malgré tous les conseils que le pilote Pramac fournissait aux pilotes des Collectifs MiniOGP et OGP, ces derniers serraient un peu les fesses malgré leur niveau déjà appréciable. En un mot, Johann Zarco, bien qu’handicapé par son poids sur ces petites machines de 88 cc, leur tournait véritablement autour, au sens propre comme au figuré, en étant plus d’une seconde plus rapide sur un tour de 20 secondes le premier jour.
Mais grâce aux conseils prodigués en permanence par le double champion du monde Moto2, les jeunes ont progressivement gagné en confiance et amélioré leur rythme, l’un d’entre eux poussant même le numéro 5 dans ses derniers retranchements le deuxième jour, en ayant par ailleurs déjà profité des conseils du même professeur lorsqu’il était chez ZF Grand Prix…
Là, c’est le pilote professionnel qu’est Johann Zarco qui a dû réagir, en cherchant une solution face à un problème à priori insurmontable : une attitude qu’il conseille aux enfants d’avoir en permanence au lieu de tomber dans la facilité de se trouver une excuse.
Il explique lui-même… « Même ici, j’ai dû chercher des
solutions qui peuvent me servir en MotoGP. Moi je n’arrive jamais à
dire si j’aime ou j’aime pas le pneu avant. J’arrive à aller vite
d’une autre manière, mais à un moment donné ça va tellement vite
qu’il faut que je comble ce point faible. C’est pour cela que dès
que je sens que j’en ai l’occasion, j’essaie de le faire, et là,
aujourd’hui, quand les pneus se sont mis en température, j’ai pu
faire ça sur l’avant dans la petite épingle : je n’ai freiné que de
l’avant au lieu d’utiliser les deux freins. C’est risqué de ne
freiner que de l’avant mais il a fallu que je fasse ça pour passer
le cap.
Je ne peux pas rester à ne pas réfléchir ou à me plaindre de la
moto ! La seule plainte que je pourrais avoir ici, c’est si vous
vous mettiez tous à enquiller comme a fait Matteo (Roman) et que
vous rouliez en 19.5. Moi, je ne sais pas si je peux le faire, donc
je dirais « là, j’ai le handicap du poids ». C’est une
excuse, valable ou pas, je ne sais pas, mais à un moment il y a une
limite physique sur une moto, mais pour le moment je suis content
qu’avec ce style de moto et ce style de piste il n’y a pas trop de
désavantage de poids. »
Cette réflexion permanente a également permis à Johann Zarco d’analyser son manque passager de concrétisation en course après le break estival du MotoGP…
« Oui, je pense que j’ai pu analyser ça : j’ai négligé
l’avant-bras ! Donc il peut y avoir du purement physique. Je ne
mets pas l’aspect physique à 100 % mais clairement le fait d’avoir
eu ce problème physique et de ne pas l’avouer, il y a eu
après ce côté mental qui te fait descendre un
peu. Et comme là ça commence à aller de plus en plus vite, et que
les autres aussi ont progressé pendant l’année, et bien on passe au
travers. En fait, les cinq courses où j’ai moins bien performé,
quand on prend tous les weekends, c’est seulement en course où j’ai
moins bien performé, car durant les essais j’étais souvent
devant.
Tu fais tout pour être bon et tu es devant aux
essais, donc tu es quand même dans du positif à te dire « ce
n’est pas que mal » mais malheureusement les courses n’ont pas
payé. C’est seulement les 40 minutes de courses qui n’ont pas payé
alors que les essais étaient quand même en général plutôt bons.
Mais pour que la course soit très bonne, il faut que les essais
soient excellents !
Voilà, je pense que c’est ce que je peux donner de mon analyse,
mais l’analyse très précise je la garde pour moi car sinon c’est
donner le bâton pour me faire battre. »
Une dernière question avant de se quitter : là, tu es dans un mental « je me repose » ou…
« Tu trouves ? (Rires) »
Non, à partir de demain, bien sûr. C’est plutôt « Je me repose » ou « j’ai hâte de remonter sur la Ducati » ?
« Non ! J’ai hâte de faire la pause ! Je sais qu’il y aura au moins une semaine pour que le cerveau lâche prise. Et une fois que le cerveau aura lâché prise, là je vais vraiment régénérer l’énergie. Mais il faut que je me force à bien arrêter pour lâcher prise, parce qu’on a toujours envie de faire quelque chose. Mais j’ai déjà vécu l’expérience qu’au bout d’une semaine on rentre vraiment dans autre chose, on vit autre chose. Le cerveau est tellement intense… Mais c’est naturel d’être comme ça parce qu’on est tout le temps au taquet, trop tout le temps. »
Nous remercions et souhaitons de bonnes vacances à Johann Zarco pendant que nous préparons notre compte-rendu sur ces deux jours d’enseignement lors desquels le pilote français nous a véritablement impressionné !