Pol Espargaró a vécu la première des deux saisons qu’il a convenues par contrat au sein du team Repsol Honda, ce qui veut dire qu’il connait à présent les fondamentaux de ses employeurs. Sorti d’une période KTM commencée en 2017, l’Espagnol a apporté une certaine expérience qui, cependant, n’a pas été sollicitée par les Japonais. Il en a été surpris, mais il en explique les raisons : Honda suit sa voie et seulement celle-ci.
Pol Espargaró peut se targuer d’avoir ramené au moins une pole position et un podium de sa première expérience avec la Honda RC213V officielle. Certes, mais il a aussi collectionné les chutes, dont la dernière lui a valu le forfait pour une dernière représentation de la saison qui a été un jour noir pour les couleurs Repsol. En effet, et puisque Marc Marquez était déjà forfait, on regrettait qu’aucune Honda usine ne s’élançait pour un Grand Prix…
C’est dire si les temps sont actuellement difficiles pour le trigramme HRC. Avec un leader Marc Marquez qui collectionne les blessures et allonge ses jours d’incapacité, la première marque mondiale perd ses repères, une tendance qu’Alex Marquez a déjà relevée. Mais elle ne perd pas son assurance quitte à ce que ce soit de la fierté mal placée. Car Pol Espargaró l’a découvert : Honda fait du Honda, et n’ira jamais, par exemple, chercher une inspiration ailleurs, fusse-t-elle de l’écurie du moment : Ducati.
Une politique que le cadet d’Aleix a remarqué en constatant que, jamais, il ne lui a été demandé ce qu’il avait pensé de la RC16 autrichienne… « La vérité c’est qu’ils ne l’ont jamais fait, et c’est quelque chose qui m’a parfois surpris » avoue-t-il sur motorsport.com. Il ajoute : « Honda a une ligne de travail très claire et ils ne font pas trop attention à ce que font les autres, ils ne s’en soucient pas vraiment ».
Pol Espargaró : « Honda croit vraiment en son potentiel«
« Honda croit vraiment en son potentiel et je trouve ça normal. Ils ont une force énorme et une technologie incroyable, que les autres n’ont pas. La seule chose qu’ils veulent chez Honda, c’est faire une moto à leur façon et qui fonctionne, sans copier les autres » précise l’Espagnol. Certes, mais les résultats actuels montrent que cette inépuisable ressource industrielle, technologique et financière reste vaine face à Ducati, à la puissance de feu théorique moins forte. Si les Japonais font effectivement une moto à leur façon, ou celle de Marc Marquez, sans copier les autres, il manque la case « qui fonctionne » qui n’est toujours pas cochée.
« Évidemment, il y a des détails », termine Pol Espargaró sur le sujet. « Je suis le premier à expliquer les choses qui ont bien marché pour moi dans le passé, que ce soit chez KTM ou à l’époque où je courais sur Yamaha, et qui peuvent apporter quelque chose à l’équipe ». Cependant… « Mais toute l’expérience que j’apporte avec moi n’est pas quelque chose dont ils se soucient trop. Ils s’appuient davantage sur mon pilotage et sur ce dont j’ai besoin pour être rapide, et ils tirent leurs propres conclusions. Leur travail se base plus sur ces informations que sur ce que je peux leur dire au sujet des autres constructeurs ».
La saison 2022 dira si cette approche est unique à Honda ou spécifique aux Japonais avec les versions que Suzuki et Yamaha mettront sur la piste lors de la rentrée à Sepang. De ce qu’il ressortira des tests malaisiens dépendra, notamment, de l’avenir de Fabio Quartararo et de Joan Mir…
