On pensait le multiple Champion du monde espagnol revenu à ses standards d’antan suite à ses trois succès cette saison, mais sa nouvelle blessure survenue en fin d’année pourrait bien rebattre les cartes et permettre à ses acolytes de prendre une place plus importante dans le dispositif du constructeur japonais.
Quel drôle de saison que celle de Honda en 2021. Après une année à devoir se passer des bons et loyaux services de son pilote émérite Marc Márquez pour cause de blessure, la marque japonaise pensait en effet voir la lumière au bout du tunnel avec le retour de ce dernier.
Mais manifestement cette dernière a pris plus du temps que prévu pour percer, alors que le numéro 93 n’a dans les faits repris la compétition que lors du Grand Prix du Portugal, troisième manche de la saison après les deux premières disputées au Qatar sur lesquelles l’Espagnol avait dû tirer un trait.
Une progression interrompue pour Marc Márquez
Le sextuple Champion du monde a donc manqué les deux premiers rendez-vous du calendrier, mais aussi les deux derniers, la faute à un accident survenu lors d’un entraînement d’enduro, et qui lui a occasionné une commotion cérébrale et surtout, conséquence de celle-ci, une diplopie (une vision double), un mal qui l’avait déjà affecté en 2011 suite à une chute sur le circuit de Sepang, alors qu’il évoluait encore en Moto2.
De mauvais souvenirs ravivés donc, et qui font planer un doute sur la saison 2022 alors que celle-ci s’annonçait de prime abord sous de meilleurs augures en raison de la montée en puissance constante de Márquez en 2021. En effet, après avoir patiemment repris le rythme de la compétition et rongé son frein en multipliant les arrivées dans le top 10 sans toutefois finir sur le podium (on n’oubliera pas de mentionner ici ses trois abandons successifs au Mans, au Mugello et en Catalogne), le Catalan semblait enfin avoir retrouvé le chemin du succès.
D’abord sur des circuits qui lui sont fétiches et qui tournent dans le sens antihoraire, à savoir le Sachsenring et Austin, ménageant de fait son épaule lésée depuis maintenant près d’un an et demi. Puis, de façon plus impressionnante encore, lors du Grand Prix d’Émilie-Romagne, à l’occasion de la seconde venue cette saison du MotoGP sur le tracé de Misano, alors que ce dernier tourne à droite et étant donc sur le papier plus exigeant pour le physique de l’Ibère.
Pas de quoi cependant contenter le responsable de Repsol Honda, Alberto Puig, à la tête de l’équipe depuis 2018 en remplacement de Livio Suppo. « Nous avons bien réussi à remporter quelques victoires et à faire quelques podiums, mais ce n’était pas notre objectif », a ainsi confié ce dernier au micro du site officiel du MotoGP. Un jugement assez dur compte tenu de l’évolution positive des résultats de sa structure tout au long de la saison, mais qui traduit sans doute une certaine frustration alors qu’un cap venait d’être franchi et que le sort a décidé à nouveau de s’acharner sur Márquez.
Problème de grip résolu pour Pol Espargaró
La dernière manche, disputée à Valence, a même privé Repsol Honda du moindre représentant sur la grille, après que Pol Espargaró ait été victime d’une très lourde chute lors des essais libres. Pourtant, dans le cas de ce dernier aussi, la courbe de performance s’était largement redressée : après un début de saison où le transfuge de KTM devait faire son trou au sein d’une équipe toute acquise à la cause de son Champion du monde de coéquipier, et lors duquel il a semblé piétiner sur une RC213V résolument conçue pour répondre aux desiderata de Márquez, Espargaró a par la suite réussi à redresser la barre jusqu’à signer une première pole position à Silverstone, avant d’obtenir un premier podium avec Honda à l’issue du GP d’Émilie-Romagne.
« Pour Pol, on ne peut sans doute pas cacher que le début de saison a vraiment été difficile », reconnaît Puig. « Il s’attendait à avoir à sa disposition un autre type de moto, mais il a bien progressé tout au long de la saison et a beaucoup appris pour bien comprendre la moto. Puis il y a eu sa pole position à Silverstone, et à partir de là nous avons mieux géré la situation, bien aidés aussi par les deux journées d’essais qui se sont déroulées à Misano où nous avons pu apporter de profonds changements sur la machine. »
En proie à un manque de grip récurrent à l’arrière de sa machine, Espargaró a donc pu compter sur les équipes techniques de Honda pour trouver des solutions lui permettant d’évoluer enfin en sérénité avec son prototype. « Nous avons vraiment fait en sorte d’ajuster la moto à ses besoins », poursuit Puig. « Et à partir de là il a pu enfin renouer avec sa pointe de vitesse habituelle. Pol est un pilote véloce, et c’est bien pour cela que nous l’avons pris dans nos rangs. Maintenant il comprend bien mieux le fonctionnement de la moto, et c’est quelque chose d’important. »
Des lendemains qui chantent pour Álex Márquez
Une progression similaire à celle qui a pu être observée du côté d’Álex Márquez. Après une première saison dans la catégorie reine chez Repsol Honda, celui-ci avait donc rejoint l’équipe LCR et n’a pas manqué, lui non plus, de rencontrer des difficultés pour s’acclimater, symbolisée par un nombre impressionnant de chutes lors de la première partie du championnat. Le frère cadet de Marc a également dû prendre son mal en patience, attendant ainsi le GP d’Allemagne pour pouvoir accéder à la Q2 lors des qualifications.
Bien que dépourvue de coup d’éclat, sa courbe de performance a alors suivi une hausse régulière, jusqu’à un GP de l’Algarve abouti, et marqué par sa meilleure prestation de l’année le samedi (une huitième place sur la grille) suivie de son meilleur résultat en course avec une quatrième position. Et encore, l’Espagnol aurait très bien pu remporter son duel face à Jack Miller et finir sur le podium si la course n’avait pas été écourtée en raison d’un drapeau rouge consécutif à un accrochage fratricide entre Miguel Oliveira et Iker Lecuona.
Une évolution saluée par Alberto Puig, qui ne manque pas de suivre les évolutions de son poulain : « En ce qui concerne Álex, cela n’a pas non plus été facile. Il a été victime de nombreuses chutes cette saison, mais sur la fin il était également de retour au niveau qui était le sien en 2020. Finalement, notre seul regret le concernant est que le championnat soit terminé, car nous nous serions bien vus poursuivre notre progression comme cela ! Ce que nous espérons donc, c’est de le voir débuter la saison prochaine à un rang plus élevé. »
Les performances d’Álex Márquez et de Pol Espargaró seront en effet capitales en 2022 pour Honda, alors qu’il est plus qu’incertain que la figure de proue du constructeur nippon, Marc Márquez, soit en mesure de se battre pour la victoire, et à plus forte raison pour le titre. En ce sens, la prochaine saison pourrait bien représenter, malgré sa cohorte de difficultés, une belle opportunité pour les deux hommes de se faire une plus grande place dans le développement technique de la moto, et donc de viser des résultats plus élevés.
