Le constructeur japonais a déchanté cette saison après ses succès de 2020, ne parvenant pas à s’imposer sur le moindre Grand Prix, tout en étant relégué la plupart du temps à jouer les seconds couteaux.
A bien des égards, la saison 2021 aura ressemblé à une gueule de bois pour Suzuki. Après les deux titres décrochés l’an passé dans la catégorie reine (celui de Joan Mir chez les pilotes bien sûr, mais aussi chez les équipes), la marque de Hamamatsu a en effet échoué dans sa défense du titre cette saison, terminant troisième aussi bien chez les pilotes, les constructeurs que les équipes.
Pourtant, la saison n’aura en rien été cauchemardesque, mais le constructeur japonais est tout simplement tombé sur plus fort que lui, que ce soit en début de saison lorsque Yamaha et Fabio Quartararo tenaient le haut du pavé, que lors de la seconde partie de l’exercice marquée par la montée en puissance irrésistible des Ducati.
Suzuki privé de victoire cette saison
Symbole de cette impuissance chez Suzuki : pas la moindre victoire à recenser, alors que la saison 2020 avait déjà été frugale sur ce point avec l’obtention de seulement deux succès (le premier pour Álex Rins en Aragón, le second pour Joan Mir en toute fin de saison à Valence).
« Cela n’a pas été la meilleure saison pour nous si on compare bien sûr à l’an dernier », reconnaît le responsable de l’équipe, Shinichi Sahara, au micro du site officiel du MotoGP. « Cela dit l’équipe s’est très bien comportée, et en particulier les mécaniciens en chef, qui nous ont fourni de bons retours pour améliorer la moto et mener à bien son développement. Je pense en effet qu’il nous faut encore un petit quelque chose en plus pour être de nouveau compétitif et pouvoir nous battre aux avant-postes. Nous sommes prêts pour la saison prochaine. »
Progresser en qualifications, une nécessité
Il est vrai que les premiers essais en vue de 2022, à Jerez fin novembre, ont été plutôt satisfaisants du côté de Suzuki, dont les points faibles ont été identifiés depuis déjà un certain temps. Si la marque nippone et ses pilotes souhaitent en effet jouer de nouveau la gagne à l’avenir, il leur faudra sans aucun doute être davantage en mesure d’évoluer aux avant-postes et de prendre des bons départs pour mener les courses à leur main l’an prochain.
Cela passera bien entendu par une amélioration du launch control et du ride-height device, ce dernier qui a tardé à être implémenté sur la GSX-RR cette saison, ce qui n’a sans doute pas aidé Mir et Rins dans leurs débuts de courses, eux qui ont souvent été contraints de refaire une partie de leur retard dans les premières encablures, accusant ensuite un retard rédhibitoire dans la quête de la victoire face notamment aux Ducati et Yamaha.
L’amélioration des performances en qualifications sera également en ce sens capitale, car il semble improbable qu’un Champion du monde comme Joan Mir ait dû attendre l’avant-dernière course (lors du Grand Prix d’Algarve) de sa troisième saison en MotoGP pour parvenir à se positionner sur la première ligne de la grille le samedi.
Mir pilote régulier, Rins pilote brouillon
Malgré cela, celui qui a décroché la couronne en 2020 a tout de même fait bonne figure de par sa régularité exemplaire, finissant dans le top 10 de toutes les courses qu’il a terminées cette année, avec en point d’orgue six podiums à mettre à son crédit. Une constance telle que malgré son absence de victoire, un deuxième titre de rang paraissait encore jouable au cœur de la saison, notamment à l’issue de sa deuxième place décrochée en Autriche.
Des qualités que souligne Shinichi Sahara : « Je dirais que Joan ne fait jamais vraiment d’erreur, et je pense qu’il a réussi à extraire tout le potentiel possible de la moto cette saison », explique ainsi le responsable japonais. « Mais il reste encore une bonne marge de progression en ce qui concerne les qualifications. Même chose pour Álex, qui parfois commet des erreurs en course, mais malgré cela il a toujours la volonté de revenir au premier plan l’an prochain. »
« Joan ne fait jamais vraiment d’erreur »
Il est vrai que dans le cas de ce dernier, la saison 2021 a tout eu d’une descente aux enfers. En effet, si son coéquipier a réussi à très bien limiter les dégâts avec une troisième place au championnat, Rins a, quant à lui, été accablé par les chutes cette année, pointant au 13e rang du classement des pilotes. En ce sens, son accident lors de la dernière manche à Valence, alors qu’il se battait aux avant-postes, résume à lui-seul les déconvenues du pilote catalan cette saison.
Dans ces conditions, il faudra donc plus de rigueur et de concentration à ce dernier pour espérer recouvrir son lustre d’antan, alors que progresser dans l’exercice des qualifications constituera pour Suzuki un passage obligé et un tremplin nécessaire pour renouer avec la victoire en 2022, et contester ainsi la domination annoncée de Ducati.