Takahiro Sumi est un chef de projet Yamaha qui a tout pour être heureux en cette fin d’année 2021. En effet, sa marque a triomphé partout. Fabio Quartararo et Toprak Razgatlioglu ont remporté les championnats du monde MotoGP et Superbike. Yamaha a également dominé le championnat japonais de courses sur route, le BSB et le MotoAmerica. Et pourtant, en MotoGP, l’alerte a été lancée par le Champion du Monde Fabio Quartararo. Comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Le trop de succès en 2021 va-t-il tuer l’avenir avec des ingénieurs qui ne verraient pas pourquoi ils se remettraient en question ? Takahiro Sumi répond, en partie…
Lorsque l’on entend Fabio Quartararo réclamer à Yamaha un moteur plus puissant sur une M1 que la marque ne fait évoluer que par touches cosmétiques depuis des années, on s’interroge sur ce que sera la suite des événements dans le box de la firme d’Iwata. Cette dernière peut légitimement se demander pourquoi elle révolutionnerait une moto qui gagne. Car elle a remporté sept victoires en 14 Grands Prix en 2020 et elle est la machine sur laquelle Fabio Quartararo est devenu Champion du Monde.
Cependant, ses faiblesses deviennent de plus en plus de lourds handicaps, surtout depuis que Ducati a fait de sa Desmosedici la bête à gagner insatiable de la fin de campagne 2021. A ses compatriotes de mr-bike.jp, le chef de projet donne son appréhension des faits en signalant d’abord que le pilote et le travail de l’équipe comptent autant, voire plus, que la moto… « Fabio est un pilote qui veut repousser ses limites. La clé était son feeling à l’avant. Quand il a un bon feeling, il peut aller jusqu’à la limite, mais il ne peut pas le faire quand il n’a pas un bon feeling. La moto de cette année lui a donné ce sentiment. Lorsque le pilote pousse, la moto peut répondre correctement, ce qui signifie que le châssis de cette année convient très bien à son ressenti ».
Le deuxième facteur qui a conduit Quartararo au titre MotoGP est l’équilibre mental. « La mentalité du pilote a changé en ce qui concerne la gestion des situations difficiles, l’équipe a pu reprendre confiance et se calmer même lorsque la tension était élevée. C’est le résultat d’une confiance mutuelle, maintenant l’équipe peut affronter les week-ends avec plus de calme ».
Takahiro Sumi : « dans le cas de Fabio, nous ferons attention au choix des choses«
Certes, mais un pilote serein et une équipe efficiente doivent tout de même être bien équipés pour continuer à gagner. Et ça, c’est la partie du contrat que doit respecter Yamaha : « l’année prochaine, nous aurons huit Ducati, donc si notre moto ne va pas vite, cela mettra une pression sur le pilote » reconnait le Japonais. « Si vous ne faites pas une moto où le pilote peut montrer ses forces et se battre, le pilote sera frustré. Je veux donc accélérer le développement et rendre la moto capable de se battre ».
Voilà au moins une bonne intention d’afficher. Cependant, il y a quelques précisions à prendre en considération : « nous avons écouté tous les pilotes, donc nous ne suivrons jamais un seul pilote. Dans le cas de Fabio, nous ferons attention au choix des choses, il n’y a donc aucune hésitation. Il est fiable en tant que pilote de développement, il n’y a donc aucun doute qu’il est une priorité élevée. Franco est aussi un pilote qui monte intelligemment, donc je compte sur lui. Je ne peux pas me battre seul contre huit Ducati et l’équipe Honda. Tout le monde est rapide, donc nous ne nous concentrons jamais sur un seul pilote ». On n’en saura pas plus. Il faudra donc patienter jusqu’à la rentrée de février à Sepang pour évaluer le travail qu’aura accompli Yamaha durant la trêve hivernale.