Valentino Rossi a fait ses adieux aux armes, et il est entré officiellement dans la légende des Grands Prix. Il en était déjà une aux yeux de tous, y compris ceux de ses adversaires qui ne seraient pas contre la paix des braves. Un calumet qui se fumerait autour d’un verre, puisque ce scénario ressort souvent de chez ces anciens rivaux. Max Biaggi a lancé la mode que Casey Stoner reprend aujourd’hui. Mais avec tout ce que l’Australien a déballé comme souvenirs et sentiments à Valence, il faudrait sans doute un dîner pour tout passer en revue. Justement…
Casey Stoner aime piloter et beaucoup moins les mondanités. Mais depuis qu’il est revenu dans le box Ducati, marque pour laquelle il a rapporté le seul titres pilotes qu’elle revendique à son palmarès, et c’était en 2007, il s’expose beaucoup, joue au coach auprès des pilotes officiels et, surtout, il se laisse aller à la confidence. Sur sa carrière en MotoGP évidemment passé à jouter contre un Valentino Rossi qui vient de raccrocher sa combinaison, il se souvient, avec, aussi, une petite mention bien piquante sur le team Ducati de l’époque…
Sur la Gazzetta Dello Sport, le double Champion du Monde 2007 et 2011, pour Ducati et Honda, déclare : « je n’ai jamais considéré Valentino comme l’adversaire à battre, car il n’y avait personne que je voyais comme « le rival ». Je n’étais pas arrogant, mais j’avais un objectif et rien d’autre ne comptait » commence-t-il. « Mais après la première année en MotoGP, en voyant les choses de l’intérieur, mon respect pour lui a grandi, et à ce moment-là, j’ai pensé qu’il était quelqu’un de presque impossible à battre. Mais au lieu de cela… »
Il poursuit en enchainant sur sa seconde année en MotoGP avec ce préliminaire croustillant : « chez Ducati, ils ne pensaient pas que je pouvais me battre pour le championnat, j’étais juste un gars qui avait rempli un trou, qui était bon marché et dont ils pouvaient se débarrasser à la fin de l’année. Personne n’attendait rien, mais pour la première fois, une équipe était là pour moi, et au lieu de me dire ce que je devais faire, ils m’ont demandé ce dont j’avais besoin. Tout a changé, et j’étais prêt à tout faire pour les rembourser ».
Casey Stoner : « quand Valentino a compris que j’étais un danger, il a commencé à créer des problèmes«
De là, les choses ont changé… « Quand Valentino a compris que j’étais un danger, il a commencé à créer des problèmes, avec les médias ou sur les pistes. Je n’avais pas l’habitude, et je lui en ai voulu. Tout le monde dit qu’il m’a battu en 2008 », dit Stoner, « mais les gens ont oublié les points qu’il a perdus jusqu’à la moitié de la saison. Et à Laguna Seca, Valentino a montré qui il était vraiment. Là j’ai sous-estimé ce que les gens sont capables de faire juste pour gagner une course. Je n’aurais pas pu faire ce dépassement, car si j’avais touché quelqu’un et l’avais blessé, je me suis serais senti coupable. C’était la partie stupide de mon caractère, mais c’était ce qui me faisait dormir la nuit ».
Après cette forte appréciation, il ajoute : « les gens pensent que c’était le tournant de la saison, mais c’était le tournant de ma carrière, parce qu’à partir de ce moment-là, je me suis dit que je ne me préoccuperais plus des autres, que je courrais juste pour moi ». Et les conséquences de ce changement d’approche ont été les suivantes : « penser comme ça m’a aidé dans les années qui ont suivi. Avec Rossi, nous avons eu de grands défis. Le plus beau ? Au Qatar 2008, où il avait aussi des Bridgestone, j’étais tellement en contrôle que c’était presque facile, mais j’aime penser à Barcelone 2007, où les Bridgestone n’étaient pas au même niveau que les Michelin. Il avait un meilleur rythme, mais j’ai gagné la course en me battant comme un fou ».
Casey Stoner termine : « maintenant, il va arrêter, il va être père, il a sa propre équipe, il est en paix avec lui-même et il est très riche. Et j’espère avoir un dîner avec lui, pour qu’il me dise, de son point de vue, quels ont été nos défis ». Ce serait assurément une longue et belle soirée.