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La course moto et les jeunes pilotes est une question essentielle qui a surgi cette saison avec trois décès en course de champions en herbe qui n’avaient pas encore atteint leur majorité. Trois drames vécus en des lieux et à des moments différents, mais avec le point commun qu’il s’agissait de disciplines où l’on débute une carrière dans un milieu onéreux et où il est de bon ton de s’y révéler précocement. Ce qui nous donne un peloton compact de furieux qui roulent comme si leur vie en dépendait. Et justement, c’est devenu le cas… Les autorités ont réagi en relevant l’âge minimum des disciplines phare à 18 ans. Mais chez les vétérans, à commencer par Valentino Rossi, il est signalé que la question essentielle de l’éducation et du respect doit être absolument abordée…

Un pan du problème qui est plus profond et qui dépasse même la compétition moto. Au vu des événements quotidiens qui nous parviennent via les informations générales, on découvre que son ampleur est sociétale. Et comme il faut bien aller jusqu’au début de toute chose pour comprendre comment on a bien pu en arriver là, il est incontournable de se pencher sur les parents, qui sont les premiers modèles et par qui passent les premiers messages de la vie.

Un sujet jusque-là tabou, mais les langues se délient. C’est ainsi le cas de Josete Ruiz, technicien de l’équipe Red Bull KTM Tech3, qui est par sa fonction au contact de cette nouvelle génération. Et de son environnement. Ses propos sur corsedimoto sont édifiants. Au sujet de la limite d’âge relevé à 18 ans il dit ainsi : « cela pourrait réussir avec certains pilotes trop nerveux ». Mais le doigt est clairement pointé sur les parents de certains participants. « Ils sont les premiers à se fâcher contre les enfants parce qu’ils arrivent à la dixième place et non à la première place, parce que tout le monde veut que leur fils soit Marc Márquez, et il ne l’est pas ».

Moto3, Race, Gran Premio Nolan del Made in Italy e dell'Emilia-Romagna

« Si leur père les regarde avec un visage de meurtrier les jeunes sortent se suicider« 

De là, les mots forts arrivent : « cela a conduit à une folie qui conduit à ces choses… Les garçons sortent de la maison en feu ou diabolisés par leurs parents, qui sont dans les tribunes en disant de dépasser leur rival. Cela se passe dans de petites catégories. Au lieu de les éduquer à travailler dur, ils leur apprennent à être durs et agressifs. Dans mon équipe, je ne permets à aucun parent d’être dans les stands, car le petit garçon regarde d’abord son père. Et si le père le regarde avec un visage de meurtrier il est déjà inquiet et puis sort se suicider car son père, qui est là, est en colère ».

Cette analyse n’est pas l’apanage du team manager. Il est aussi celui des pilotes. Iker Lecuona, âgé de 21 ans et qui a donc commencé très tôt la compétition moto, fait la même inquiétante expertise : « la première chose est que, si j’ai un enfant, je n’hypothéquerais même pas ma maison. Les parents échappent à tout contrôle, et ils ne savent pas où est la limite. Beaucoup pensent qu’ils ont un Marquez ou un Valentino à la maison, et ils n’en ont pas ».

Le futur pilote officielle Honda en WSBK ajoute : « chacun a ses possibilités, et chacun s’il arrive c’est parce qu’il le peut. C’est un très beau sport, mais il a un visage très laid, c’est très risqué. C’est l’un des sports les plus risqués. Je le vois bien, parce que les enfants à 10 ou 12 ans qui sont sur un grand circuit, à 13 ils partent déjà avec une Moto3… Je pense que c’est exagéré. A 12 ans tu ne connais rien à la vie ni aux motos. Tu es un enfant, tu aimes t’amuser, tu peux aller plus ou moins vite, mais ils n’ont pas vraiment en tête le danger ».

Et il termine sur motosan en donnant cette intéressante opinion sur la nouvelle limite d’âge : « c’est une façon d’avertir les parents que tout doit se calmer ».

Fabio Quartararo, Moto3™, 2015

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