Les avis sur les dernières décisions de tout ce que compte d’officiels la planète moto, version compétition sur circuit, fusent et notamment sur le fait qu’en 2023, ces jeux mécaniques seront interdits au moins de 18 ans. Un seuil qui fait réagir et que l’on comprend avant tout comme un acte politique et social pour mieux faire accepter un possible drame à une opinion publique pas forcément initiée, mais dont la puissance de l’impact peut avoir un droit de vie et de mort en effrayant les pouvoirs publics…
Il fallait bien faire quelque chose face à ces trois morts de jeunes champions n’ayant pas atteint leur majorité mais qui ont déjà été emportés par leur passion. Il y a un seuil de tolérance à toute chose et le curseur de notre époque est d’autant plus mouvant que son moteur est émotionnel. Alors, pour plus de sécurité, les officiels de la moto ont parié sur l’âge, puisque le principe reconnu depuis toujours est qu’en étant plus avancé dans l’état civil, on s’assagit.
Est-ce que cela fera une bonne politique de sécurité sur les pistes moto ? D’autres mesures vont y aider avec, aussi, une limite des effectifs sur les grilles de départ, une amélioration des équipements et un développement de la communication en piste entre le pilote et son box, même si ce dernier point reste encore nébuleux.
Reste que ces mesures font jaser. Nos trois Français en lice dans ces championnats se sont exprimés. En MotoGP, Fabio Quartararo, Johann Zarco ont parlé et, pour le WSBK, le futur officiel BMW Loris Baz a aussi éclairé de ses lumières le sujet.
La réaction la plus courte est celle de Fabio Quartararo qui, comme sur d’autres sujets, n‘est pas du genre à se fâcher avec quiconque : « 18 ans pour arriver en Moto3 ? Uooo… Je n’ai aucune idée sur quoi dire. S’ils le font, c’est parce qu’ils sont certains que ce sera plus sûr ». Voilà ce qu’en dit un sans doute futur Champion du Monde.
La limite à 18 ans : Zarco et Baz entrent dans le vif du sujet
Johann Zarco est plus engagé : « si vous regardez Fabio à 22 ans, il peut devenir champion du monde MotoGP cette année. Il n’y en a pas beaucoup qui sont à ce niveau à cet âge. De nombreux pilotes ont besoin d’un peu plus de temps pour apprendre. 18 ans comme âge de départ pour le Moto3, c’est un peu trop tard, car il y a aussi des pilotes qui sont déjà très forts à 17 ans », a-t-il expliqué. « En général, cependant, je pense qu’il est logique de laisser un peu plus de temps aux pilotes pour apprendre, car rien ne doit être précipité. Je ne dis pas ça que parce que j’ai 31 ans. J’ai été champion du monde à 25 aussi ». Et le pilote Pramac Ducati termine avec cette remarque forte : « c’est bien que nous protégions nos enfants. Les accidents graves doivent être évités, ce n’est donc pas une mauvaise idée de relever un peu la limite d’âge. »
Et puis il y a Loris Baz qui entre vraiment dans le sujet : « 15 ou 18 ans ne changera rien du tout. Malheureusement, ces trois morts que nous avons regrettés cette année en championnat du monde se seraient produits avec des pilotes de 25 ans. J’ai couru en 600 à 14 ans et c’est plus sûr qu’en 300 SuperSport. Le fils de mon entraineur à couru en 300 il y a quatre ans et il avait 13 ans. On lui a dit d’arrêter et de s’entrainer comme de courir sur une 600 car c’était plus sûr. Pour moi, changer l’âge, c’est juste déplacer le problème. Ces jeunes iront courir ailleurs. Nous avons besoin de faire des catégories plus sûres, et notamment en 300. Mais tant qu’il y aura des pelotons à plus de 20 pilotes, ce sera un grand danger ». Une dernière remarque qui ouvre une question économique tout aussi complexe que celle de la sécurité.