Valentino Rossi n’a pas suivi ses autres collègues pilotes qui, par pudeur ou par volonté de ne pas se lancer dans une polémique à la veille d’un Grand Prix sensible pour la course au titre, n’ont pas voulu commenter sur les causes et les effets du drame qui s’est joué en SuperSport300 à Jerez, le week-end dernier. Un accident qui nous a enlevé cette année un troisième pilote qui n’avait pas atteint sa majorité. Une situation qui avait amené le pilote Michel Fabrizio à sortir de ses gonds en présentant notamment Marc Marquez comme le mauvais génie de cette nouvelle dynamique dans le peloton qui consiste à écarter coûte que coûte l’adversaire de sa trajectoire. Ledit Fabrizio a été tancé et méprisé à Austin ce jeudi pour la forme de son message. Mais sur le fond, il y avait aussi un sentiment que Valentino Rossi a clairement exprimé.
La journée du jeudi à Austin a été aussi celle du recueillement en plus des conférences de presse. Au Texas, une minute de silence a été honorée pour se souvenir de Dean Berta Viñales qui a rejoint Jason Dupasquier et Hugo Millan dans un monde que l’on dit meilleur, à un âge où on a encore tout à découvrir de la vie. Un drame qui a meurtri à ce point son illustre cousin Maverick Viñales qu’il n’a pu trouver la force de faire ce Grand Prix des Amériques, pour lequel il sera donc forfait.
Certes, mais il reste tout de même que les trois décès des très jeunes hommes ont connu les mêmes circonstances : une chute au milieu d’un peloton compact dans des catégories où il faut tout prouver pour espérer faire une carrière. Le pilote à terre a été happé par le groupe en pleine bagarre, incapable d’éviter la percussion fatale.
Michel Fabrizio a dit ce qu’il en pensait en regrettant un monde changé aux mœurs différentes et il a sans doute franchi la ligne en mentionnant Marc Marquez comme la charnière qui a fait basculer les us et coutumes sur la piste, et où le respect de l’autre était sacré. Bien plus que sa position à prendre au classement.
Valentino Rossi : « dans ces courses, tout le monde prend des risques et ne se soucie pas de la sécurité de ses adversaires »
Valentino Rossi a déjà dit qu’il ne se sentait pas en sécurité sur la piste avec Marc Marquez. Mais Michel Fabrizio n’est pas le Doctor et il a donc eu droit au mépris. Cela étant dit, Vale, sans mentionner son compatriote, a pris une position claire sur la sécurité au vu des derniers événements. Il commence ainsi sa démonstration en parlant du surpeuplement de la grille de départ : « le Supersport 300 est une catégorie encore plus extrême que la Moto3, il y a 42 motos en piste contre 30 en Moto3. Il y a vraiment trop de motos et cela augmente les risques d’accidents avec cette dynamique d’un pilote qui tombe et qui est percuté. Ce sont des motos lourdes, 150 kg, (soit 7 de plus qu’une MotoGP seulement, ndlr) mais ils ne sont pas très rapides. Il y a 42 motos et souvent toutes restent attachées et il y a donc un risque énorme d’accidents ».
Puis Valentino Rossi poursuit sur les nouvelles mœurs sur la piste, rejoignant ainsi Michel Fabrizio : « certes, s’il y avait moins de coureurs sur la piste, ce serait moins dangereux. Ces dernières années, l’agressivité des pilotes a beaucoup augmenté, je pense que c’est le plus gros problème et non le jeune âge. Ces gars-là devraient apprendre avec des règles plus dures à ne pas faire de choses dangereuses et surtout à avoir du respect pour les adversaires, quelque chose de plus important qu’une position gagnée ou un bon résultat, ce message devrait passer. Dans ces courses, tout le monde prend des risques et ne se soucie pas de la sécurité de ses adversaires. »
Le Doctor termine : « la course motos est un sport dangereux, mais le plus dangereux, c’est quand un pilote tombe en restant sur la piste. Nous aurions besoin de règles plus strictes sur les drapeaux jaunes, maintenant les pilotes essaient de perdre le moins de temps possible, nous devrions agir davantage sur cette règle ». Le facteur principal qui a conduit à ses drames est donc le pilote et son approche de la compétition qui a changé. Comment en est-on arrivé là restera toujours la question.