Alberto Puig est une figure du paddock des Grands Prix et son caractère particulier a été forgé au travers des épreuves qu’il a traversées. A commencer par cette terrible blessure à une jambe gauche lorsqu’il était pilote. En 1995, il se l’est littéralement fracassée sur un mur du tracé du Mans. 12 opérations plus tard, il avait évité l’amputation mais il avait perdu un des os de sa jambe dont l’absence a été palliée par une greffe d’os de vache… Souffrance et exigence sont ses deux crédos et ceux qui ont eu à le connaître professionnellement ont dû le comprendre très vite. Dans sa carrière il s’est occupé de Pedrosa et il est actuellement aux côtés de Marc Marquez. De quoi faire des confidences…
Et ces confidences, il les a faites sur Roadracingworld.com où on découvre un Puig directeur du Repsol Honda Team aussi impitoyable que lorsqu’il était pilote ou manager : « j’ai accepté le poste parce que j’ai compris que je pouvais le faire », explique Puig à propos de sa fonction. « Je connais ce monde et j’ai beaucoup de contacts ici parce que j’ai passé toute ma vie dans ce paddock. Mon objectif a toujours été d’être sérieux, de parler aux gens et en tant que manager d’équipe pour essayer d’être égoïste pour notre équipe. S’il y a quelque chose qui peut être bon pour l’équipe, j’essaie d’y parvenir. Je pense que c’est un principe qu’il faut avoir ».
Puig peut se targuer d’avoir travaillé en étroite collaboration avec la majorité des champions MotoGP au cours des deux dernières décennies. Et s’il doit en souligner un, le choix est clair : « j’ai été extrêmement chanceux de travailler avec de nombreux pilotes super talentueux comme Dani, Casey, Jorge Lorenzo et Marc. Tous les champions sont spéciaux, mais ce gars… c’est autre chose ».
Puig affirme qu’avec le n°93 « tout est sur une autre planète », et le qualifie d’ « animal » de course en raison de son engagement fort : « quand il met son casque et sort sur la piste, on sait que quelque chose va arriver, quelque chose de spécial. Et quand vous lui parlez, vous savez qu’il ne joue pas à un jeu. Mais il est très facile de travailler avec lui, car il n’a jamais été une superstar ».
En raison de son passé, Alberto Puig sait aussi ce que c’est que de passer une année blanche à la suite d’une grave blessure. Dans le cas, c’est l’humérus droit qui le diminue. Bien que l’octuple champion du monde ne soit toujours pas à son meilleur un an après s’être cassé le bras à Jerez, son chef d’équipe est clair que Márquez sera de retour au sommet très bientôt : « je pense que sa mentalité sera la même parce que ce garçon ne change jamais sa mentalité. Il aura plus d’expérience de ce qui s’est passé et je suis sûr qu’il en sortira plus fort », conclut Puig.
Alberto Puig : « Pedrosa avait clairement un handicap et il a créé son propre système«
Mais s’il faut associer Puig avec un pilote, c’est bien sûr avec Dani Pedrosa qu’il faut le faire. Même si cela ne s’est pas terminé dans la liesse, l’histoire commune entre les deux hommes a fortement marqué leur existence et leur parcours respectifs. Lorsque Puig et Pedrosa se sont rencontrés, ce dernier n’avait que 13 ans : « je pense que c’était la première fois que j’avais l’opportunité de travailler. 24 heures sur 24 jour et 7 jours sur 7 avec un pilote pour en tirer le meilleur parti. Nous avons remporté un titre 125cc, deux titres 250cc et nous nous sommes lancés en MotoGP avec Repsol Honda » se souvient Puig.
Puig était alors déjà conscient des problèmes que Dani pourrait avoir pour rouler sur une MotoGP de 160 kilos et 250 ch de puissance en raison de son poids et de ses dimensions. On apprend alors qu’il a mis au point une technique pour devenir l’un des grands protagonistes de la classe reine : « Pedrosa avait clairement un handicap pour piloter de grosses motos, il a donc créé un système pour pouvoir mieux sentir la machine. Quand vous avez une sorte de désavantage, que ce soit en course ou dans la vie, vous essayez de compenser en faisant quelque chose différent, quelque chose de plus ». Avec Puig, la résignation ne fait pas partie du vocabulaire. Malgré les succès de Dani en MotoGP, marqués par 31 victoires, Pedrosa et Puig vivront toujours avec la déception de ne pas avoir pu célébrer ensemble le titre pilotes.