Rossi-Lorenzo. Schwantz-Rainey. Roberts-Sheene.
L’histoire des Grands Prix motos est jonchées de rivalités plus
exacerbées les unes que les autres. Depuis fin 2015 et l’apothéose
du triumvirat Márquez/Lorenzo/Rossi, les rivalités se sont
grandement apaisées jusqu’à disparaître, mis à part quelques
résidus. Est-ce une bonne chose pour la MotoGP ?
Qu’est-ce qu’une rivalité en sports mécaniques
?
Tout d’abord, il est important de définir ce qu’est une rivalité.
En somme, dans le cadre des sports mécaniques, une rivalité est une
confrontation directe entre deux ou trois pilotes pendant une ou
plusieurs années consécutives. La relation particulière
qu’entretiennent les deux intéressés peut être cordiale,
respectueuse, mais également motivée par la haine, ou la défaite de
l’autre.
Cette définition comporte plusieurs éléments. Tout d’abord, elle ne
doit concerner que deux à trois pilotes, grand maximum. En réalité,
le cas Márquez/Lorenzo/Rossi de 2015 est quasiment
unique dans l’histoire des sports mécaniques. On parlera plus de
rivalité en tant que duel.
Deuxièmement, la durée temporelle. Les deux pilotes en question
doivent avoir des antécédents sur la piste, et la confrontation ne
doit pas être unilatérale au fil des années. Exemple simple.
Márquez et Dovizioso se sont échangé quelques
victoires, mais il ne s’agit pas pour autant d’une rivalité. Hormis
en 2017, l’italien n’a jamais été en mesure d’inquiéter l’Espagnol
sur une année entière.
Un temps révolu ?
Aujourd’hui, il n’existe plus de rivalités. Les
raisons sont multiples. Tout d’abord, l’honneur est une dimension
bien plus appréhendée par les pilotes d’expérience que par les
jeunes loups. Les rookies, morts de faim, ne se préoccupent pas de
leur réputation quand ils ont encore quelque chose à prouver. Il ne
s’agit pas uniquement du niveau intrinsèque. Exemple : Lorenzo ne
devient le rival de Rossi qu’en
2009–2010,
quand celui-ci se met à être dangereux pour le championnat. Pour
autant, les deux héros avaient déjà croisé le fer à plusieurs
reprises avant cela.
Les grilles de notre époque sont fournies en jeunes talents. Les
moyennes d’âges baissent progressivement, comme dans la majorité
des sports. Ainsi, défendre son nom ou son statut pas encore
installé est moins fréquent en début de carrière. C’est tout à fait
logique et il n’y a pas de mal à ça.
La règlementation 2016, pourvoyant à toutes les équipes du plateau
le même E.C.U Magneti Marelli contribua à
resserrer les performances. Avant, seulement quatre pilotes
pouvaient jouer la victoire, ceci les poussant à se rentrer dedans
tous les weekends. En 2021, dix pilotes peuvent prétendre au podium
à chaque course. Difficile de sortir du lot et de se retrouver
constamment avec le même adversaire pour la gagne.
Un bien pour un mal ?
Nous pouvons l’affirmer : La rivalité manque à la MotoGP. Certes,
l’environnement est plus sain en 2021 qu’en 2015, nous vous
l’accordons sans problème. Mais objectivement, les grandes joutes
sont les évènements qui ont marqué l’histoire des sports
mécaniques. Sans même compter les Grands Prix motos, que dire des
24 Heures du Mans 1966, ponctuées par un épique duel
Ferrari/Ford ?
Comment ne pas mentionner l’époque Senna/Prost en
Formule 1 ? Armstrong/Pantani en cyclisme ? Ces
duels donnent de l’intérêt à un sport, car ils permettent aux
spectateurs du monde entier d’associer deux noms à une discipline
entière.
C’est pour cette raison que l’uniformisation des performances est à
prendre avec des pincettes. Les pilotes se battent à égalité quand
ils bénéficient du même matériel, mais cela empêche
systématiquement l’éclosion d’une rivalité durable.
La Formule E ou le Rallycross
sont d’excellent exemples. Ces disciplines sont populaires, mais
quelqu’un est-il capable de citer les faces de ces championnats
uniformisés respectifs ? Une par une, les manches sont plus
disputées mais le public n’arrive pas à s’accrocher à un pilote en
particulier.
Depuis 2016, c’est le cas en MotoGP. Ce n’est pas une
mauvaise chose, loin de là, nous mettons simplement en
avant les faits. Heureusement, les pilotes de la
grille MotoGP montrent encore beaucoup de caractère et il n’est pas
rare de voir des embrouilles éclater dans le peloton.
Il faut juste se méfier de l’uniformisation, qui pourrait
grandement nuire au spectacle à long terme. La domination d’une
équipe n’est pas nécessairement une mauvaise chose, malgré que les
instances limitent de plus en plus ces périodes. Que
pensez-vous de la question ? Les batailles entre deux
pilotes uniquement vous manquent-elles ou êtes vous plus du côté du
spectacle constant, quitte à ce que les courses au titre perdent un
peu en saveur ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaises réponses et vos avis
nous intéressent. N’hésitez pas à commenter, toutes vos remarques
seront lues avec passion.
Photo de couverture : Michelin Motorsport