La Fomule 1 et la MotoGP sont deux cousins, pas si
éloignés qu’on ne le pense. En effet, les deux sports mécaniques
les plus populaires sur le globe partagent la grande scène ensemble
depuis 70 ans. Lancé un an après le championnat du monde de vitesse
motocycliste, la Formule 1 eut rapidement une plus grande
importance, se professionnalisant bien plus tôt. Il faut toujours
observer et tirer des leçons de l’autre partie. Une analyse en
quelques points s’impose.
Récemment, la Formule 1 mit en place un système de qualifications
sprint. Pour vous résumer rapidement le principe, les pilotes
s’affrontent le vendredi pour une qualifications « normale », afin
de déterminer l’ordre de départ de la qualif sprint le samedi.
Les prototypes vont croiser le fer pendant à peine 100 kilomètres,
déterminant l’ordre de départ de la traditionnelle course du
dimanche. Après la série Netflix, est-il temps d’emprunter
ce nouveau format à la Formule 1 ?
Les avantages de cette formule sont simples. L’audience est générée
sur trois jours (du vendredi au dimanche), et non plus sur deux.
Cela représente un gain potentiel énorme pour l’organisation
(Liberty Media dans le cadre de la F1, la
DORNA pour la MotoGP), mais aussi pour les
circuits qui bénéficient donc de plus de présence sur tout un
weekend.
En revanche, il présente également de nombreux défauts, qui
rebuteraient les fans de motos.
I. « L’équivalence historique »
De loin le point le plus important. Contrairement à ce que l’on
pourrait penser, faire la pole position ne signifie pas « partir en
première position ». Il est tout à fait possible de s’octroyer la
pole sans l’élancer depuis la première place à cause d’une pénalité
ou d’un accident. La pole position vous est attribué si vous avez,
lors d’une session, réalisé le tour le plus rapide de la piste en
question.
C’est ainsi depuis la nuit des temps. Donner le nom de «
poleman » au vainqueur d’une course est non
seulement insensé, mais également irrespectueux vis-à-vis de
l’histoire. Une pole de Giacomo Agostini équivaut
à une pole de Kevin Schwantz, qui est l’égal d’une
pole de Jorge Lorenzo, soit le meilleur temps sur
un tour, peu importe le format, Q1/Q2, Superpole, Hyperpole… C’est
dans ce cadre qu’intervient l’équivalence historique, qu’il faut
maintenir à tout prix.
Il s’agit d’un simple problème de dénomination, mais un gros.
Les courses qualificatives sont vieilles comme le monde, mais une «
pole position » ne peut pas être décernée au vainqueur de celle-ci,
quand bien même il partirait en première place.
II. L’homogénéité du plateau.
La principale différence entre la Formule 1 et la MotoGP se
trouve ici. Le plateau est beaucoup plus homogène chez les
deux-roues, cette qualif sprint ne serait donc d’aucune utilité.
L’une des raisons avancées par Liberty Media quant à
l’intronisation du format est la suivante : Proposer une courte
épreuve pour rebattre les cartes et faire attaquer tous les pilotes
sur 100 km.
Ça n’est tout simplement pas utile en MotoGP.
Contrairement à la F1, dix pilotes peuvent jouer le podium,
notamment depuis 2016 et l’introduction de l’E.C.U unique. Autant
organiser deux courses dans le weekend (comme dans d’autres
disciplines) plutôt que de faire jouer la place sur la grille, déjà
assez insignifiante en Grands Prix motos.
Comprenez qu’au vu des dépassements et de l’action en piste, une
pole en F1 est infiniment plus importante qu’une pole en MotoGP.
Partir premier n’assure aucunement la victoire sur deux roues
tandis que pour une tonne de raisons (stratégie, air
sale…), elle est déterminante sur quatre. Le jeu n’en vaut
pas la chandelle.
Rappelons qu’en moto, la course du dimanche est déjà un
sprint, a minima deux fois plus courte qu’en F1 !
III. La qualité du système actuel
Pourquoi changer un système qui fonctionne parfaitement. Certains
répondront « pour l’argent ». Vous n’auriez pas
tort. Mais au-delà de cette dimension, les weekends de
courses MotoGP sont parmi les mieux agencés dans le monde des
sports mécaniques.
Le système Q1/Q2 en 30 minutes permet d’observer les pilotes à bloc
pendant toute la durée de l’exercice, ce qui n’est pas le cas en
Formule 1 (système à élimination progressive Q1/Q2/Q3). Nous sommes
tenus en haleine le samedi et le dimanche, même s’il est vrai que
les nombreuses séances d’essais (cinq au total) ne sont pas toutes
pertinentes pour le spectateur.
Les qualifs sprint en MotoGP, c’est non ! Le
système est bien en place, désormais dans les trois catégories et
l’équivalence historique, primordiale pour la légitimité et
pérennité d’un championnat, n’a jamais été brisée jusqu’ici. Une
pole en 1967 vaut autant qu’une pole de 2019.
Il est toujours possible d’améliorer une organisation, alors
n’hésitez pas si vous avez des idées ! Tous les
commentaires seront lus avec passion.
Photo de couverture : Michelin Motorsport