pub

Comme nous le faisons systématiquement en hiver, nous avons profité de cette longue, très longue, pause estivale pour demander à un certain nombre d’intervenants du paddock MotoGP de dresser un bilan de cette première demi-saison 2021.

Aujourd’hui, c’est au tour de Piero Taramasso, Manager Deux-roues Michelin Motorsport, de nous expliquer en détail la stratégie mise en place par le manufacturier français, tout en soulignant le côté positif de ce bilan de mi-saison.

Après un premier chapitre qui concernait la stratégie utilisée par Michelin pour relever le challenge consistant à abaisser la durée des courses, la réponse à la polémique de début de saison concernant les pneus avant et quelques informations sur le Grand Prix qui se déroulera sur le Circuit Of The Americas à Austin, le représentant de Bibendum nous explique aujourd’hui la stratégie Michelin concernant les matériaux durables et revient sur les plaintes de début d’année au sujet des pneus préchauffés …


Toujours concernant le futur, mais cette fois peut-être à plus long terme, vous avez fait beaucoup de communication concernant des pneus MotoE plus écologiques et ne nécessitant à terme plus de couvertures chauffantes…

« Oui, la MotoE est notre plate-forme de développement pour les matériaux durables. Cette année, c’est la première saison où on communique vraiment les chiffres et les pourcentages, soit 33 % à l’avant et 40 % à l’arrière, ce qui sont de bons chiffres. Ce qu’il faut souligner, c’est qu’on ne fait jamais ça au détriment de la performance : On le fait toujours en iso-performance. L’objectif est d’augmenter le pourcentage de ces matériaux durables à chaque saison.
Depuis cette année, on utilise aussi un pneu rodé dans l’allocation MotoE. Il y a un pneu avant et un pneu arrière qui sont rodés pendant trois tours lors de la ePole de la course précédente, en complément d’autres pneus neufs, toujours pour rester dans l’objectif des choses durables.
Concernant les couvertures chauffantes, c’est aussi un objectif. À court terme, l’objectif est de baisser les températures de chauffe. Aujourd’hui, on chauffe à peu près à 80° pour les slicks et 50° pour les pluies. À court terme, l’objectif est donc de baisser ses températures puis de les supprimer à long terme. Je dirais que notre objectif est de les supprimer d’ici deux ou trois ans en MotoE, puis cela nous donnera une idée de ce qu’on peut éventuellement faire en MotoGP. Nous avançons step by step en faisant des tests avec but de satisfaire les pilotes. »

Ce développement doit être suivi avec attention par les autres départements de Michelin, y compris pour les véhicules de série…

« Oui, car l’objectif du groupe Michelin est d’avoir au moins 40 % de matériaux durables dans tous les pneus en 2030, et en 2050 tous les pneus Michelin, que ce soit pour les motos, les camions ou les avions, l’objectif est d’arriver à 100 % de matériaux durables. Ceux-ci peuvent être des matériaux usagés, comme les vieux pneus recyclés, ou des matériaux naturels ou bio-sourcés, comme les écorces des riz ou les feuilles de maïs. Tout ce qui naturel mais qui ne rentre pas dans la chaîne alimentaire. La compétition sert aussi de banc d’essai dans ce domaine pour les futurs pneus de série. »

Revenons donc à la compétition. En début d’année, il y a eu une sorte de polémique concernant les pneus préchauffés en MotoGP. C’est quelque chose qui existe depuis longtemps mais on a eu l’impression que les pilotes et/ou les responsables techniques découvraient cela et s’en plaignaient. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre ?

« Oui, on aurait pu en parler au début de l’interview, quand j’ai dit que le début de saison avait été compliqué. Il y avait des plaintes concernant les pneus asymétriques mais aussi les pneus préchauffés. Comme vous le dites, cela existe depuis très longtemps et je ne sais pas s’il s’agissait d’une question de désinformation ou d’une volonté de faire des polémiques. Il y avait peut-être des pilotes qui venaient du Moto2 ne connaissaient pas ou d’autres qui découvraient. Aujourd’hui tout le monde a compris puisqu’on a longuement parlé, mais je suis sûr que dans 2, 3 ou 4 Grands Prix, cela va encore ressortir. En fait, le système est très simple : Ce sont des pneus neufs que l’on donne aux teams et que les teams chauffent sans les utiliser avant de nous les rendre. Ils voudraient qu’on les jette, mais on ne peut pas se permettre de jeter des pneus neufs : En fait, c’était à eux de bien les gérer et de ne pas les chauffer. Donc ces pneus-là, on les remet dans les allocations en signalant aux teams qu’ils ont déjà été préchauffés. On conseille logiquement de ne pas les utiliser en qualification et en course, mais plutôt de s’en servir en FP1 quand la piste est sale. On fait vraiment tout le nécessaire pour que les gens soient informés : C’est marqué noir sur blanc, mais parfois ils oublient (rires). Pour moi, c’est une fausse polémique car cela fait très longtemps que nous le faisons, comme d’autres manufacturiers le font également, puisque, comme on le disait tout à l’heure, l’époque n’est plus au gaspillage. »

On rappelle au passage que vous fournissez gratuitement tous les pneus du MotoGP…

« Oui, exactement ! On prend tout à notre charge, conformément au contrat passé avec Dorna Sports. »

Vous avez évidemment fait des essais avec ces pneus préchauffés. Concrètement, en quoi sont-ils éventuellement moins performants ?

« Oui, on a fait de nombreux essais depuis très longtemps. Ce sont des pneumatiques qui fonctionnent entre 110 et 120 degrés sur les motos. Ils sont chauffés entre 80 et 90 degrés, donc bien en dessous de leur température d’utilisation, ce qui fait qu’on peut les chauffer tranquillement pendant au moins 25 heures sans avoir aucune perte de performance dans la plupart des cas. Parfois, on a eu des cas où le pneu pouvait perdre un ou deux dixièmes au tour, et ce sur les deux ou trois premiers tours, donc c’est pour ça qu’on recommande de ne pas les utiliser en qualification, mais c’est vraiment très léger : On parle de dixièmes, pas de secondes ! Et la plupart du temps, il n’y a qu’un pneu préchauffé dans l’allocation, donc ça reste gérable. »