12 ans. Cela fait désormais 12 ans que Valentino Rossi a
soulevé son dernier titre de champion du monde, le septième en
catégorie reine. À 30 ans, « The doctor » dut croiser le fer avec
le sang neuf, des affamés prêts à tout pour la victoire finale. Une
saison haletante, qui rappelle les grandes heures des « quatre
fantastiques ».
Après son sacre inattendu en 2008, l’italien était
considéré comme le grand favori. Dans la force de l’âge, peu
pouvaient prétendre rivaliser avec son expérience et son
intelligence de course, plus affutée que
jamais.
Les principaux rivaux étaient toujours les mêmes, mais l’on note un
détail important dans la règlementation 2009 : Un manufacturier
pneumatique unique pour la MotoGP. Michelin
n’ayant pas fait de proposition, c’est Bridgestone qui devra
équiper l’intégralité du plateau en gommards.
Jorge Lorenzo, génial rookie en 2008 et coéquipier de «
Rossifumi », est de la partie. Casey
Stoner, qui semble parfois en difficulté avec sa
Ducati Desmosedici n’est pas à oublier, mais il
est difficile de le considérer comme un prétendant au titre.
Peut-être est-ce l’année de Dani
Pedrosa, chez Repsol Honda ? Promis à
un grand avenir, le petit espagnol peine à prendre ses marques en
Grands Prix et ne possède pas le charisme d’un Lorenzo,
Rossi ou Stoner. L’ère 800cc (2007-2011) ne mettait en
avant que quelques pilotes, sur les meilleures machines. Le niveau
en était très hétérogène, et un « champion surprise » comme aurait
pu l’être Colin Edwards chez Tech3 était
inenvisageable.
Au Qatar, Stoner impose sa loi comme à son
habitude. Cette manche d’ouverture, disputée le lundi en
raison de problèmes liés à la pluie, voit Dani Pedrosa marquer le
pas, déjà. 11e, c’est un résultat qu’il ne faut avoir qu’une ou
deux fois dans l’année quand l’on a affaire à de si gros poissons.
Le joker est grillé.
Jorge Lorenzo, troisième dans les sables qataris, rebondit à Motegi
avec la victoire, au terme d’une bataille épique avec Rossi. Ce
dernier prend la deuxième place et pointe à un point de son
coéquipier au général. La guerre des tranchées ne pouvait être plus
serrée. L’avantage psychologique est du côté de l’espagnol.
1-0 Lorenzo.
Cette saison compte de nombreux retournements de situation. Le
premier intervient à Jerez lors du Grand Prix d’Espagne. Quatre
tours avant la fin de la course, Jorge Lorenzo tombe dans le
deuxième virage, l’un des plus lents de la saison. Quatrième à cet
instant, il sait qu’il lâche de gros points.
Rossi, après une énorme bataille avec Pedrosa, remporte la course.
1-1, balle au centre. En France, situation
inverse. Sous la pluie mancelle, Lorenzo offre une démonstration de
pilotage à toute la grille quand Vale’ vit un weekend
cauchemardesque. Un mauvais arrêt au stand, une chute, suivi d’un
ride-through et la 16e place. 2-1 Lorenzo.
Si Stoner et Pedrosa peuvent jouer des victoires, la bataille pour
le titre opposera les deux officiels Yamaha, c’est une certitude.
Le « momentum » ne fait que changer mais « Por Fuera » a
l’avantage avant d’arriver sur le Mugello.
Rossi n’y a pas perdu une course depuis 2002. Rappel : Nous sommes
en 2009. Le n°99 est à son aise sur les courbes toscanes, et
parvient à surclasser Rossi. Pas pour la première place
! Stoner s’impose d’une courte tête devant les deux
hommes.
C’est ici que le mental fait la différence. Ne pas avoir l’avantage
est une chose, revenir en frappant un grand coup en est une autre.
Ce dépassement dans le dernier virage du dernier tour à Barcelone,
une course plus tard, change tout. Inutile de revenir sur cet
épisode largement couvert par les médias d’époque et disponible en
vidéo.
Le Grand Prix de Catalogne scella le championnat. Plus jamais
Lorenzo n’arriva à inquiéter Rossi sur au moins deux courses
consécutives, bien qu’il remporte Indianapolis et la manche
portugaise sur son circuit de prédilection.
« The Doctor » était moins rapide qu’en 2002 ou
2003,
mais absolument injouable. Il géra la deuxième partie de saison
assez tranquillement, en frappant fort et ne se faisant
jamais peur.
Un championnat est un marathon. Stoner, en proie à de nombreux
problèmes, dut s’absenter à quatre reprises, tandis que Lorenzo ne
scora aucun point à deux reprises coup sur coup. Un Rossi
moins dominateur qu’auparavant, mais tout aussi létal par son
intelligence de course.
Finalement, il n’y eut pas tant de suspens. Vous savez, c’est ce
type de saison dont Marc Márquez est friand : Toutes les courses
sont plus ou moins disputées, mais au final, il y a 45 points
d’écart entre le champion et son dauphin.
Lorenzo termine deuxième après une année remarquable, il faut le
souligner.
Dani Pedrosa profite de la période d’absence de
Stoner pour passer devant l’australien en troisième place. Il faut
tout de même mentionner l’émergence d’Andrea
Dovizioso, qui s’impose en Grande-Bretagne à la suite
d’une course dantesque.
Cette année, Rossi entra dans la légende. 100 victoires en
carrière, une démonstration au TT avec Agostini pour le «
tour des dieux », et un neuvième titre. C’est bien en 2009 que
Valentino change de monde, et passe du côté des mythes entérinés du
sport alors que de beaux – et moins beaux – jours l’attendent.
Jamais sa popularité n’aura été si élevée, jamais son aura
n’aura été si grande.
Photo de couverture : Morten Jensen