Bien que discrets de nos jours, les Anglais furent
autrefois au sommet des Grands Prix motos. C’est bien la rivalité
anglo-italienne des années 1950 qui lança le mondial de la plus
belle des manières, bien avant toute médiatisation. En 70 ans, le
pays marqua l’histoire du sport de la plus belle des manières. A
l’heure actuelle, seules l’Italie et l’Espagne font mieux en nombre
de titres. Nous revoilà avec un tout nouveau top 10 ! L’heure est
au classement.
Cet épisode fait suite à la
deuxième partie. Retrouvez également
l’introduction, explicitant les règles et critères de
sélection.
N°8 : Fergus Anderson
Nous voilà confronté à un très gros morceau. Son cas mériterait
amplement un article à part entière. Né en 1909, Fergus fut
largement impliqué dans les hautes sphères de l’État britannique
pendant la Seconde Guerre mondiale. Son nom apparaît même dans
le « livre noir » d’Adolf Hitler, recensant la
liste des Hommes jugés « à risque » pour le régime
Nazi.
Passionné de moto, il prit part au premier championnat du monde,
sur Moto Guzzi. D’ailleurs, c’est la seule marque
sur laquelle Anderson roula dans sa carrière, chose rare à
l’époque. Sa popularité et son coup de guidon lui permirent de
devenir professionnel et ce dans sa quarantaine.
Le programme Guzzi fonctionnait admirablement bien, notamment en
350cc et en 500cc, catégories
dans lesquelles il arrivait à s’imposer régulièrement. 1953 est
sans doute sa meilleure année : Il se défait d’Enrico Lorenzetti
pour remporter son premier titre de champion du monde 350cc, mais
triomphe aussi à l’occasion du Grand Prix d’Espagne
500cc.
À 44 ans et 273 jours, il s’agit du vainqueur le
plus âgé, et de loin. Le pire, c’est que Fergus remet le couvert en
1954 et s’adjuge un deuxième titre 350cc, avant de
se retirer du mondial. Un géant du sport, qui ne peut
malheureusement monter plus haut dans le classement à cause du
nombre de saisons, trop faible en raison de son grand âge. Le héros
de guerre disparaît dans un accident sur une course mineure en
1956.
N°7 : Cecil Sandford
Départager le vétéran Anderson de Sandford n’a pas été
chose aisée, et là aussi, le débat existe. Finalement,
c’est la régularité et la versatilité du natif de Blockley qui
l’emporte.
Né en 1928, Cecil débute la compétition moto à 22 ans. Ses
résultats en courses sur herbe lui confèrent, avant même de prendre
le départ de sa première course en mondial, une très bonne
réputation. AJS mise sur lui, au même titre que
Leslie Graham, que nous retrouverons sans doute dans
quelques jours.
Sandford, sans dépasser l’attente autour de lui,
se démarque par sa régularité. Il suit Graham chez MV Agusta en
1952, catégorie 125cc : C’est le déclic. Il écrase la concurrence
et rapporte à la firme italienne son premier titre de champion du
monde pilote.
Les années qui suivent sont plus compliquées, malgré de beaux
résultats peu importe la monture. Après cinq années de disette,
Cecil remporte le championnat 250cc sur Mondial, avant de prendre
sa retraite sportive.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, Sandford est le plus vieux
vainqueur encore en vie (97 ans), après la mort de
Carlo Ubbiali l’an passé.
Rendez-vous demain pour découvrir les places n°6 et n°5 du
classement.
Photo de couverture : ANEFO