La première partie de cette saison 2021 est bouclée. L’occasion pour les équipes de faire un bilan pour envisager d’éventuelles actions correctives qui leur permettraient de se relancer renforcées pour une dernière partie déterminante. Chez Suzuki, cette réflexion relèvera de l’expertise tellement les tenants du titre ne semblent pas tout à fait en mesure de défendre la couronne de Joan Mir. Une impression que ce dernier encourage en se montrant de plus en plus critique sur le niveau de sa GSX-RR. On rappellera que cet hiver, un certain Davide Brivio a quitté ses fonctions stratégiques de directeur d’équipe pour se lancer dans un nouveau projet en Formule 1. Y aurait-il une relation de cause à effet ?
Suzuki et Joan Mir ont montré l’an dernier qu’ils étaient les champions des remontées d’enfer. Mais cette saison, la pente est plus rude. Au prononcé de la mi-temps, et avant que les hostilités ne reprennent pour deux rendez-vous sur le Red Bull Ring début août, le Majorquin est quatrième du classement général provisoire après neuf courses. Il compte un passif de 55 points sur Fabio Quartararo Yamaha, ce qui veut dire plus de deux victoires de retard.
Au championnat des constructeurs, Suzuki occupe la quatrième place. Et ils sont au cinquième rang au classement par équipe. Celle-là même qui, durant l’hiver 2020/21 a vu un de ses membre historique, en l’occurrence Davide Brivio, partir chez Alpine en Formule 1. En tant que team manager, l’Italien a joué un rôle déterminant dans la constitution de l’équipe Suzuki.
L’absence de l’Italien commencerait-il à se faire sentir, et d’autant plus que son poste n’a finalement pas été comblé ? Au lieu de ça, ses tâches ont été réparties en interne. Le chef de projet Shinichi Sahara et le directeur technique Ken Kawauchi en ont pris une part. Au total, sept personnes partagent les missions antérieures de Brivio.
« Le rôle de team manager, que ce soit Davide ou quelqu’un d’autre, peut avoir un effet puissant sur une petite équipe comme la nôtre », reconnait Sahara sur Motorsport-total. « En même temps, il faut dire que tout est travail d’équipe. Je ne peux pas nier que Davide, en tant que personne et en tant que team manager, a joué un rôle important dans la formation de notre équipe. Mais nous sommes toujours dans le même bateau ».
« Son départ soudain nous a obligés à nous adapter et à réévaluer la façon dont nous devions travailler. Cela nous a aidés à tirer le meilleur de nous-mêmes », explique le Japonais qui ajoute : « bien sûr, cela signifie plus de travail pour moi, mais en même temps, je suis plus présent sur la piste. Cela signifie que j’ai un contact plus étroit avec tous les membres de l’équipe et que je vois beaucoup de choses de mes propres yeux ».
La dynamique Davide Brivio manquerait-elle à Suzuki ?
Une observation au plus près du terrain qui est amenée à se poursuivre : « nous n’aurons personne cette saison parce que vous devez y réfléchir et planifier soigneusement la gestion du poste. Dès que Davide a annoncé son départ, nous avons dû réagir au plus vite. J’ai encore besoin de temps pour mieux comprendre la dynamique de l’équipe », explique Sahara. « Si vous changez quelque chose techniquement, vous pouvez immédiatement voir si la moto est meilleure ou pire. Si vous changez de direction, c’est une autre histoire ».
« Il faut beaucoup plus de temps pour voir les effets. Je vais profiter de la pause estivale et analyser la première moitié de la saison. Il y a plusieurs options. La pause me donnera l’occasion d’évaluer si nous devons changer quelque chose pour l’année prochaine » termine le Japonais.
Une question que ne touche pas fondamentalement le Champion du monde Joan Mir : « je suis satisfait de la situation actuelle. Je fais confiance à Sahara. S’il dit que nous n’avons pas besoin de changement de direction, alors nous le croirons ».
« Le fait que nous n’ayons pas un package aussi compétitif n’est pas dû au départ de Davide. Cela a des antécédents complètement différents », explique Mir, faisant référence à ce qui, à son avis, est un développement lent. La GSX-RR est techniquement toujours fondamentalement la moto de 2020. Cependant, Davide Brivio était tout de même du genre à bousculer les Japonais et faire bouger les lignes. Ainsi, dès son départ acté, il était évident que le dossier d’une équipe alliée, bien utile pour justement accélérer les évolutions techniques, était enterré.