pub

Dans cette nouvelle rubrique, nous n’allons pas directement évoquer les Grands Prix motos. À la place, nous allons plonger dans l’histoire de la plus prestigieuse course au monde : Le Tourist Trophy. La simple évocation de ce nom donne des frissons à certains passionnés. Petit rappel, pour les nouveaux. Le « TT » est une course mythique, prenant place chaque année sur l’île de Man, une petite dépendance autonome située entre l’Angleterre et l’Irlande du Nord. Elle se déroule sur un circuit de plus de 60 km, tracé à même les routes, depuis 1907.

Une fois n’est pas coutume, nous allons parler side-car. Si elle a perdu en prestige et renommée, la discipline n’en reste pas moins prestigieuse dans le monde des sports mécaniques. Au Tourist Trophy, c’est une religion. Les courses, mettant en scène des châssis courts uniquement (F2), réunissent des dizaines de milliers de spectateurs au bord des routes.

Dave Molyneux est le meilleur de tous. Né en 1963 sur l’île de Man, il grandit naturellement au beau milieu du tracé légendaire. Très rapidement, la passion le porte vers ces étranges machines à trois roues, asymétriques mais terriblement rapides.

À 22 ans seulement, il prend part à la plus grande course moto du monde. Pourtant, il lui faudra attendre deux ans et cinq courses avant de franchir la ligne d’arrivée, sans même parler de victoire ! Dave est persévérant. Lentement mais sûrement, il progresse et se dote de machines de plus en plus compétitives. En 1989, aux côtés de l’expérimenté Colin Hardman, il s’adjuge la victoire au général après avoir dominé la première manche. Pour rappel, le vainqueur est désigné au meilleur de deux manches, A et B.

Après ce triomphe, aidé par son Bregazzi TZ750 Yamaha, Molyneux ne s’arrête plus. En 1993, il remporte la course A et B pour empocher sa deuxième victoire. Comme de nombreux autres pilotes de la discipline, il s’essaya à la construction de châssis, les fameux DMR – pour Dave Molyneux Racing –. Au guidon de ses monstres, Dave rafla tout. En arrivant au TT 2006, il fait d’ores et déjà partie des légendes de la montagne. Pourtant, elle n’épargne personne, même ses plus fidèles adorateurs.

 

Molyneux au TT 2012. Photo : Agljones

 

L’homme aux 12 victoires, accompagné par Craig Hallam pour l’occasion, se retourne à 225 km/h lors des essais du jeudi. Ces chutes sont terribles, car le pilote ne peut pas s’échapper facilement. Miraculeusement, Dave est épargné malgré de sévères brûlures – l’attelage s’étant embrasée dans l’accident – et autres contusions.

Pourtant, un an seulement après l’effroyable choc, Molyneux est de retour. Toujours équipé d’un DMR à moteur Honda, il écrase la concurrence et gagne les deux courses. L’île de Man ne peut que s’incliner.

Sa 14e victoire, acquise en 2009, marque l’histoire au fer rouge. Après avoir été motorisé huit années par Honda, Dave change de crèmerie et va voir du côté de Suzuki. À 46 ans, il bat le record de la piste et l’élève à 185 km/h de moyenne.

Malgré son âge avancé, l’expérience est payante au Tourist Trophy, Dave ne raccroche pas le cuir pour autant. En triomphant de ses adversaires pour la 15e fois en 2012, il devient le premier homme à remporter le TT en ayant été propulsé par Yamaha, Honda, Suzuki et maintenant Kawasaki, le « Big Four » japonais. Polyvalent, vous dites ?

Depuis 2014, date de sa 17e et dernière victoire, son total ne grimpe plus. L’âge, bien sûr, mais aussi la domination des frères Birchall ralentirent la marche en avant de ce bon Dave. Molyneux peut prendre sa retraite demain s’il le souhaite. Trop souvent oublié, le Mannois fut étincelant, dominant toute une discipline pendant trente années. Un grand, qui se trouve juste derrière Joey Dunlop, John McGuiness et Michael Dunlop au nombre de victoires en carrière sur la montagne.

 

Photo de couverture : agljones