Aleix Espargaró est incontestablement la cheville ouvrière d’Aprilia dans un projet MotoGP qu’il porte à présent seul et à bout de bras. Ce n’est pas en raison du poids de cette responsabilité qu’il s’est fait opérer du syndrome des loges, mais à un moment où, tout à coup, la moto de Noale suscite un grand intérêt, la même dont personne ne voulait il y a seulement quelques mois, l’Espagnol tient à rappeler sa grande contribution à cette évolution…
Lors de la dernière intersaison, tous les jeunes pilotes qu’Aprilia avait contacté pour prendre la place d’un Andrea Iannone à la carrière terminée au prononcé d’une suspension de quatre ans pour cause de dopage, avaient décliné l’offre. Un vrai camouflet alors que, sur la table, était tout de même proposé un statut de pilote officiel. Puis la nouvelle RS-GP est arrivée et la donne a changé. La machine a suscité un intérêt tel qu’elle a mobilisé un Andrea Dovizioso en pleine année sabbatique. Oui mais cette embellie ne doit pas faire oublier qu’avant d’en arriver là, un pilote poussait le wagonnet dans la mine. Et c’est Aleix Espargaró qui allait au charbon.
Ce dernier a voulu marquer le coup afin qu’il ne soit pas l’écarté de l’histoire. Son début de saison est intéressant : après les cinq premiers Grand Prix de la saison, le pilote de 31 ans revendique deux sixièmes, une septième et une dixième place qui le met aboutit au septième rang au classement général provisoire du championnat. A Jerez, le fer de lance Aprilia n’a perdu que 5,164 secondes face au vainqueur Jack Miller sur Ducati sur toute la distance de course. Le constructeur de Noale n’a jamais été aussi proche à l’ère du MotoGP. Enfin, si la France constitue un résultat blanc, le pilote espagnol n’y est pour rien puisqu’il a subi une panne technique.
Aleix Espargaró peut donc être fier de l’avancement du projet de Noale : « je suis très content du niveau que nous montrons cette année. Nous sommes très proches des leaders. A chaque course et sur des pistes complètement différentes. Je ne veux pas paraître arrogant, mais oui, j’ai l’impression qu’une grande partie de cela est due à mon travail et au grand dévouement que j’y consacre. Quand je parle de moi, j’inclus aussi les gens autour de moi, les ingénieurs sont dans le même coin ».
Aleix Espargaró : « celui qui a toujours travaillé et mis le maximum d’efforts dans ce projet, c’est moi »
Une façon de marquer le terrain qui s’explique par l’ombre grandissante d’Andrea Dovizioso sur le projet RS-GP… L’aîné des Espargaró insiste même en rappelant sa condition : « ce n’est pas comme chez Suzuki, où les deux pilotes, Mir et Rins, ont développé la moto ensemble au cours des trois et quatre dernières années. Maverick Viñales travaille chez Yamaha depuis longtemps et Marc Márquez chez Honda », a déclaré Aleix. « J’avais beaucoup de coéquipiers, mais celui qui a toujours travaillé et mis le maximum d’efforts dans ce projet, c’était moi. J’en suis très fier. »
« Il y a un an, personne ne voulait venir chez nous, nous n’étions pas considérés comme un projet sérieux. Maintenant, il semble qu’Aprilia soit la moto qui intéresse également les jeunes pilotes talentueux », a déclaré sur Speedweek avec bonheur l’Espagnol expérimenté. Il a ajouté : « un pilote avec le talent de Dovizioso est en train de tester pour nous. Je suis très, très fier. Fier et heureux » termine-t-il.