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Hervé Poncharal

Retrouvez la première partie de cette interview ici.

Même si elles se mettent parfois ponctuellement dans la lumière cette année, les KTM MotoGP semble moins brillantes que l’année dernière où elles ont quand même remporté trois Grands Prix. Vont-elles progresser comme l’ont fait l’année dernière, ou est-ce qu’il y a un élément technique qui pourrait expliquer ce petit retour en arrière par rapport à la concurrence ?

Hervé Poncharal : « Non, je ne pense pas qu’il y ait un problème technique majeur ou unique qui fait que, mais c’est vrai que cela ne serait pas honnête de dire que l’on s’attendait à être là où on est. La deuxième partie de la saison 2020 a été une grosse surprise pour tout le paddock et des souvenirs superbes pour tous les gens, Tech3 ou KTM officielle. Et évidemment, quand on a vu la dernière course à Portimão, on ne s’attendait pas à souffrir autant que l’on a souffert durant les premières courses de 2021. Maintenant, on sait que le plateau est excessivement serré, on sait que des petits détails peuvent faire la différence, on sait aussi que, par exemple, quand je discute avec les responsables de chez Ducati, l’ambiance dans le box est totalement et radicalement différente de l’année dernière. Eux disent que leur moto est à plus de 90 % la même que l’année dernière, et on voit donc qu’un résultat vient d’une alchimie : C’est la somme de beaucoup de choses !

C’est vrai aussi que le manufacturier pneumatique unique, en l’occurrence Michelin, fait évoluer ses produits et on est tous excessivement heureux de la manière dont ils gèrent le département pneumatique pour le MotoGP. Je pense d’ailleurs qu’on n’a jamais eu un partenaire aussi performant et aussi impliqué, par contre leur job est de fournir des enveloppes qui correspondent à tout le monde et qui doivent être utilisés par tout le monde. L’allocation a légèrement évolué en 2021 est le but du jeu est d’avoir sa machine, ses pilotes, et la manière dont ils gèrent les réglages et leur pilotage en phase avec les éléments techniques qui sont mis à notre disposition, notamment les pneumatiques. Peut-être que nous on a un peu plus de travail que les autre faire là-dessus, peut-être aussi que les pilotes, notamment les pilotes du team usine, ont un petit peu de mal à comprendre. Quand Miguel descend de sa moto au Portugal et se retrouve face aux problèmes qu’il a eu au Qatar, il y a des moments où on a un petit peu du mal à comprendre.

Il faut s’asseoir, bien garder la tête froide, garder un état d’esprit positif et constructif, et bien envisager toutes les solutions avec ses ingénieurs et son équipe technique. Voilà, je ne peux pas dire grand-chose d’autre d’intéressant parce que si on savait quel était le problème, on travaillerait dessus. Mais je pense aussi que c’est la somme de tout un tas de petites choses. Il faut quand même se rappeler que Binder part 18e et finit 8e au Qatar 2, et, au Portugal, il part 15e et finit 5e en faisant le cinquième meilleur temps absolu, en finissant à 1,8 secondes de la deuxième position. Ici au Mans, on a vu que quand les conditions météo sont un petit peu plus compliquées à gérer, Danilo était dans le coup.

Donc je pense que ce n’est pas le début de saison que qui que ce soit espérait chez KTM, c’est clair, on ne va pas raconter des histoires, mais ce n’est pas non plus le début de saison qu’espérait faire Suzuki ! Je pense que ce n’est pas non plus le début de saison qu’espérait faire Honda ! Donc il faut continuer de travailler, on sait qu’on n’est pas loin tous autant qu’on est, et c’est difficile d’envisager ce qui va se passer sur les prochaines courses. Aujourd’hui, on voit bien que le package technique Ducati est, on peut le dire, le plus fort depuis le début de l’année, et on voit que les Yamaha sont très fortes, mais surtout quand c’est un certain Fabio Quartararo qui est au guidon, parce que c’est un peu plus compliqué pour les autres. Mais tout le monde est proche ! C’est aussi ça qui fait l’intérêt du MotoGP, le fait que la situation peut évoluer et s’inverser quasiment d’une course à l’autre. »

On arrive à une période de l’année où ça commence à discuter sur les futurs contrats entre les teams et les pilotes, surtout pour les pilotes qui n’ont qu’un an de contrat assuré, comme Valentino Rossi, certes, mais aussi Danilo Petrucci et Iker Lecuona. Certaines rumeurs commencent donc à émerger. Quelle est la situation ?

« Aujourd’hui, c’est vrai que nos deux pilotes, Danilo et Iker, comme la plupart des pilotes KTM, ont un contrat que l’on appelle 1+1, c’est-à-dire une année ferme et une option pour l’année suivante. Le début de saison, on vient d’en parler, est moyen et pas à la hauteur de ce que tout le monde espérait, ni Danilo, ni Iker, ni le management KTM, ni les patrons d’équipe, pour tout un tas de raisons. Il y a certainement des raisons techniques et tout le monde peut s’améliorer : On peut améliorer la technique, on peut faire évoluer la moto, et les pilotes peuvent progresser aussi. Donc on est en train de soupeser et d’analyser tout ça. Le Grand Prix du Mans a remis des bons points dans l’escarcelle Lecuona et dans l’escarcelle Petrucci, mais il est toujours compliqué de prendre une décision si tôt dans la saison, alors que l’on a fait que cinq courses. C’est toujours à double tranchant ! Je pense qu’il faut encore attendre. J’ai un bon relationnel avec Lecuona sur le plan humain, et très bon avec Danilo qui est vraiment une personne superbe, et je pense la plupart des lecteurs de Paddock-GP l’adoreraient car c’est un vrai personnage, intéressant, qui est un vraiment motard et avec qui on partage des bons moments. Ne pas le renouveler serait une décision importante, car c’est vrai qu’il a de la bouteille et beaucoup de choses qu’il nous transmet sur ses expériences précédentes avec Ducati. Donc pour l’instant, on est en période de réflexion. C’est évident que j’ai lu, comme vous avez lu, que les jeunes poussent dans la catégorie intermédiaire dans la filière Red Bull KTM. C’est évident aussi aujourd’hui, tout le monde dit « chez Ducati, le fait d’avoir pris Miller et Bagnaia a modifié l’ambiance et ça a donné un coup de jeune et un coup de boost ». Il y a parfois des tendances, donc oui, il y a deux options aujourd’hui : L’option de garder nos deux pilotes, mais en parallèle il y a aussi la réflexion de se dire qu’il y a deux jeunes pilotes qui marchent, puisqu’ils sont 1 et 2 au championnat Moto2, qui sont déjà dans la famille Red Bull KTM et qui signifie régulièrement à la famille Red Bull KTM qu’ils aimeraient grimper en MotoGP. Mais honnêtement, aujourd’hui rien n’est décidé. »

A-t-on une idée de la date de la décision ?

« On a un long break estival et je pense qu’on y verra beaucoup plus clair lors des deux dernières courses avant ce break, l’Allemagne et la Hollande, surtout la Hollande, et je pense que l’annonce pourrait éventuellement se faire à la rentrée, qui sera l’Autriche, le pays de Red Bull et KTM. Voire avant, si les choses sont claires : Ça pourrait même se faire à Assen. Dans tous les cas, on va attendre parce qu’il ne faut pas oublier que l’on n’a fait que cinq courses et qu’on est parti pour en faire 19. S’engager maintenant ne serait pas correct, ni humainement ni techniquement, parce que si demain on s’engage avec X et Y, et que X et Y ne font plus rien de bien et que ceux qu’on a remerciés se mettent à super marcher, c’est une erreur et sur le plan humain et sur le plan du management et sur le plan de la qualité de l’équipe 2022. Le mercato est ce qu’il est, et c’est parfois compliqué et difficile que ça commence si tôt, parce que j’ai toujours accordé beaucoup d’importance aux rapports humains. Vous pouvez bien imaginer que le jour où on annonce à quelqu’un « tu n’es plus là l’année prochaine », le relationnel humain ne va pas être le même, l’ambiance avec l’équipe ne va pas être la même et la motivation va certainement décliner aussi. Donc pour moi, il est urgent d’attendre, parce qu’on a vu que Danilo et Iker, au Mans, ce n’était pas que les conditions météo : Il y a réellement eu une attitude et des résultats bien meilleurs. La séance d’essais post-Grand Prix de Jerez a aidé, donc il faut leur donner un peu plus de temps. Il faut que Danilo découvre cette moto et aussi que l’on adapte cette moto à sa corpulence : On n’a pas eu d’essais à cause de la Covid alors que d’habitude on a beaucoup plus d’essais intersaisons. Là, on a juste eu des essais au Qatar, sur une piste un peu particulière et avec des conditions de piste pas faciles. Donc Danilo mérite qu’on lui donne plus de temps, et surtout qu’on soit capable, nous sur le plan technique, de répondre à ses demandes et de lui faire une moto qui soit plus en phase avec son style de pilotage et son gabarit. Donc avant de le juger, on va attendre encore un peu. »

 

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