En un peu plus d’un mois, Pedro Acosta s’est fait une renommée mondiale. Une notoriété construite en quatre représentations en Grand Prix. Mais il faut dire, aussi, qu’il a fait fort. Car ce qu’il a accompli est historique : une seconde place pour commencer puis trois victoires de rang. Carrément. Le voilà en tête du championnat, son premier à ce niveau, avec 51 longueurs d’avance. Le pilote Ajo KTM impressionne sur la piste, mais ce qui parfait le personnage jusqu’à le faire entrer dans le monde de l’exception, c’est aussi son état d’esprit. Qui est très différent des ados de son âge…
Lorsque l’on a 16 ans, généralement, on est un tantinet insouciant tandis que le canal des réseaux sociaux est comme un passage obligé dans l’initiation à la vie. Pour le meilleur et pour le pire. Une approche générationnelle qui ne colle absolument pas avec Pedro Acosta. Ce dernier affirme ainsi froidement : « quand vous entrez en championnat du monde et que vous réussissez bien, il est normal que votre concentration puisse vous jouer des tours », dit-il à propos de la pression. Puis il ajoute : « vous pouvez vous laisser distraire par d’autres choses et ne plus être aussi concentré. Je pense que le fait que je n’aime pas les médias sociaux m’a aidé. Je peux me concentrer sur mes affaires ».
Et ses affaires se résument à une chose : « je me concentre sur la course. C’est pour ça que je vis. J’adore piloter. C’est tout ce que je fais. Beaucoup de gens dans le paddock disent qu’ils ont d’autres passe-temps et que leur travail consiste à être pilote », a remarqué Acosta qui se définit complètement différemment : « si je fais cinq heures d’entraînement moto, ce n’est pas du travail pour moi. C’est comme un terrain de jeu ».
Pedro Acosta : « en fait, je n’aimais pas du tout les motos… »
Et pourtant, s’il s’est retrouvé derrière un guidon, ce n’est parce qu’il a été poussé par une vocation spontanée. Ce qui suit aurait de quoi dégoûter ses adversaires… « En fait, je n’aimais pas du tout les motos, mais ensuite j’ai fréquenté une école de course et j’ai immédiatement ressenti quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant. J’ai été immédiatement captivé ». Si le jeune Acosta en est arrivé là, c’est parce que son père, pêcheur de métier, l’y a poussé. D’ailleurs, c’est à travers lui qu’il a pris ses références. Et c’est une autre particularité de cet Espagnol : ses modèles sont définis avant la période Rossi… « Mon père est de cette époque et mes premiers souvenirs sont des vidéos de Doohan, Rainey et Schwantz. Ces courses étaient spectaculaires et ont retenu mon attention ».
C’est peut-être grâce à cette influence de la génération GP500 qu’il s’est construit cette approche pure de la compétition. Pedro Acosta affirme en effet sur Motorsport-total : « c’est un championnat du monde pour les égoïstes. Vous devez savoir que vous êtes ici pour vous battre pour quelque chose. Il y aura des jours où les choses se passent bien, mais il y aura aussi de mauvais jours. Mais je sortirai toujours avec l’intention de tout donner ». Il résume son attitude vis-à-vis de la course avec cette phrase appropriée : « je me dis toujours : si quelqu’un perd 45 minutes de sa vie à regarder ma course, alors au moins je dois donner tout ce que je peux ».
Une belle philosophie mais aussi une tête apparemment déjà bien faite. Acosta sait que l’on parle déjà de lui en MotoGP, et que la tentation de griller les étapes se présentera sous peu. Mais il est prêt à faire face : « mieux vous êtes préparé pour le MotoGP, meilleures sont vos chances de vous battre pour le Championnat du Monde. Chaque pilote pense différemment, mais plus vous faites de pas, plus l’avantage à long terme est grand ». Dixit un pilote né le 25 mai 2004…