Un élément nouveau est apparu dans le paysage des Grands Prix cette saison et il s’agit du mouchard. Ce dernier prend la forme de capteurs posés sur les bords de la piste pour alerter les officiels au sujet des pilotes qui prennent un peu trop leurs aises avec les limites du tracé. Quand le vert est foulé, on est dans le rouge et le tour est annulé lors des essais et la sanction tombe en course. Comme il s’agit d’électronique, il n’y a plus de discussion possible. Et pour l’officiel KTM Miguel Oliveira, c’est un problème, car il y a des choses à dire.
On les appelle les capteurs de pression et ils en mettent un peu plus sur les pilotes. Si leur pneu dépasse un tant soit peu les limites de la piste, ils se réveillent, alertent les officiels qui sanctionnent. C’est aussi simple, rapide et radical qu’un radar autour duquel s’est construite notre fiscalité routière. Et à ce niveau de la compétition, ça suscite le même sentiment d’injustice. Voire de ressentiment.
A Jerez, les performances de Franco Morbidelli ont été annulées après la FP3, l’obligeant à concourir dans l’urgence dans la Q1. On a vu aussi un épisode avec Viñales, dépossédé de son meilleur temps lors des qualifications à Portimao. L’officiel Yamaha a alors piqué une grosse colère, car rien n’était évident à l’œil nu. Mais le capteur veille. Pourtant, il y aurait de quoi discuter, et Miguel Oliveira tient à le signaler : « le fait est que nos pneus sont très larges. Vous pouvez déclencher le capteur sans dépasser les limites de la piste. Vous êtes très proche, mais vous êtes toujours sur le vibreur ».
« Le pneu peut déclencher le capteur sans dépasser les limites de la piste »
Il ajoute : « le meilleur exemple est Viñales. Vous pouvez le constater en voyant le super ralenti. Lorsque le pneu est chargé, il devient un peu plus large. Cela peut déclencher le capteur sans dépasser les limites de la piste. Nous roulons tous à la limite. Ce n’est pas génial quand un bon tour est annulé. Nous devrons en discuter à l’avenir ». Ou pas. Car le Portugais est aussi réaliste : « je ne suis pas d’accord avec ces capteurs. Mais c’est comme ça. Que peut-on y faire ? ».
Viñales, qui est présenté comme le cas concret est tout autant fataliste : « cela m’a coûté la chance d’être sur la première ligne à Portimao », regrette-t-il : « c’est la même chose pour tout le monde. Il est difficile de dire si quelque chose peut être changé car cela s’applique à toutes les classes et pas seulement au MotoGP ».
Cependant, le dispositif a aussi ses soutiens. Et il vient du Champion du Monde en titre Joan Mir : « nous savons que le système est très précis maintenant. Il faut juste faire attention. Je ne me plains pas. Si vous êtes à un millimètre à l’extérieur, alors vous êtes à l’extérieur. C’est clair. Je préfère ça. Car il y a moins de discussions avec la direction de course ». Mais le débat reste ouvert.