Pol Espargaró commence à grogner et Marc Marquez a besoin de temps pour retrouver toute sa superbe… Chez Honda, on a beau être discret sur le sujet et avoir l’arbre du retour de Marc Marquez cachant une dense forêt de difficultés, on sent comme une atmosphère de crise. La série sans succès perdure et donne l’impression qu’elle va encore se prolonger avec une RC213V que l’on ne cerne plus. Le coup de Jerez avec un Nakagami performant avec un châssis 2020 a fait plus de mal que de bien. Pendant ce temps, on change des pièces maîtresses dans l’entourage de Marc Marquez et Alberto Puig est trop souffrant pour tenir la barre sur le terrain. Et Pol Espargaró se morfond…
Chez Honda, ce n’est pas la joie en ce moment. Et à la liste précitée, on n’a pas ajouté un Alex Marquez qui collectionne les chutes. Pourtant, l’intersaison avait montré le signe positif d’un Pol Espargaró qui, à peine monté sur la RC213V, se montrait l’aise. Mais ce n’était qu’un mirage au Qatar. « C’est vrai qu’en présaison, le test a été très bon » se souvient l’ancien de KTM. « J’ai senti que tout était parfait mais pas au niveau de la moto, plutôt au niveau de la piste. Nous avons fait tellement de tours, la piste avait beaucoup de gomme. Ce qui s’est passé au Qatar, c’est que la piste changeait beaucoup avec les gommes Dunlop, plus le chaud et le froid. Donc, les conditions changeantes de la piste me faisaient faire beaucoup d’erreurs ».
On connait la suite avec Portimao qui n’a pas été rassurant. Jerez a suivi avec un top 10 à l’arrivée derrière son équipier Marc Marquez encore loin du compte. Une prestation frustrante et cela s’est ressenti dans les commentaires de l’Espagnol. Ainsi, sur le développement de sa machine, il a lâché cette phrase exsudant une colère froide : « je continue à travailler dans la direction que Honda m’indique ». Comme une résignation.
Pol Espargaró : « je n’ai pas besoin de Marc Marquez pour me dire si je fais bien ou si je fais mal »
Et puis il y a aussi l’agacement. Le temps où il abordait le retour de Marc Marquez comme une saine émulation semble révolu. A présent, il est sur la défensive : « je n’ai pas besoin de Marc à mes côtés pour me dire ou me montrer ce que je fais bien ou ce que je fais mal. Je sais quand je ne suis pas rapide et je sais quand je peux faire mieux. Ma pression ne changera pas avec les résultats de Marc ».
A propos de Marc Marquez, ce dernier ne vit pas non plus tout à fait dans un sanctuaire. Ainsi, un membre historique de son équipe a été transféré vers la structure test, et une nouvelle recrue a été positionnée à sa place. Gerold Bucher, ingénieur sur les données de Marc Márquez depuis le Moto2 a a été remplacé par Jenny Anderson, arrivée de KTM. Elle travaillait auprès de Pol Espargaró en 2020.
« D’un point de vue personnel, cela a été une décision très, très dure, parce qu’il fait partie de ma famille, il fait partie de mon équipe » a commenté Marc Marquez sur le sujet. « Mais je sais qu’il est content et qu’il continue à travailler pour moi. On garde une relation étroite ».
« Avec Jenny Anderson on essaye de trouver quelque chose de différent. Jenny arrive de KTM avec qui elle a acquis beaucoup d’informations et une grande expérience en course en termes d’électronique, et c’est le plus important sur une MotoGP ».
Tout ça doit se mettre en place chez Honda qui semble cependant tâtonner pour retrouver son fil d’Ariane. Mais Alberto Puig, qui doit aussi s’occuper de lui, en restant éloigné du terrain, reste optimiste : « bien que nous n’ayons pas fait le meilleur début de saison, nos pilotes Honda HRC ne sont que 47 (Nakagami), 49 (Espargaró) et 50 (Márquez) points derrière le leader du championnat. Il reste encore 375 points à gagner cette saison, donc nous avons tout pour avancer ».