En ce dimanche 4 avril 2021, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Losail en conclusion du Grand Prix de Doha.
La conférence a réuni Fabio Quartararo, Johann Zarco, et Jorge Martin.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme.
Fabio, félicitations ! Vous avez probablement effectué votre plus belle course en MotoGP…
Fabio Quartararo : « Oui, merci beaucoup ! Je n’ai pas gagné beaucoup de courses, donc bien sûr celle-ci est la plus particulière. Je suis revenu de la neuvième position, puisque je crois qu’en milieu de course j’étais plus ou moins à cette position. Je me sentais vraiment bien dans les zones de dépassement, comme les virages 10 et 15. Et à ce moment, j’ai senti que je pouvais gagner la course. C’était totalement différent de la semaine dernière, car la semaine dernière, j’ai un peu piloté comme un amateur, comme un rookie, puisque je n’ai joué ni avec les cartographies, ni avec les pneus. J’ai fait tout l’inverse lors de cette deuxième course et j’apprécie de gagner, tout comme le fait que les deux Français fassent un et deux. Je crois que cela fait très longtemps que nous n’avons pas vu ça, et je ne sais même pas si on a vraiment déjà vu ça. Je suis donc très heureux de cette victoire. »
"For sure this is the most special victory!" – @FabioQ20 🎙️
We're certainly not going to argue, Fabio! 👏#DohaGP 🏁 pic.twitter.com/psoOwCoZKy
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) April 4, 2021
À quel point aviez-vous besoin de cette victoire par rapport à votre coéquipier Maverick Viñales qui a gagné la semaine dernière ?
« Non, honnêtement j’ai de bonnes relations avec Maverick. Bien sûr, dans les premiers instants vous êtes un peu frustré, mais au final c’est bien car nous voyons que le potentiel de la moto permet de gagner. A un moment, vous devez vous dire « OK, il a gagné, mais qu’est-ce que je dois faire ? Je ne vais pas me fâcher avec lui ! » J’ai de bonnes relations et je suis heureux pour lui, mais je vais travailler encore davantage, et je le vais le faire aussi pour moi. Je pense que les relations sont bonnes et je pense que nous avons fait du bon travail durant la pré-saison car j’ai senti que nous collaborions dans la même direction. C’est mieux de se battre pour la victoire que de se battre l’un contre l’autre pour une place dans le top 10. Je pense que nous avons fait du très bon travail. »
La Yamaha a remporté les deux premières courses et vous finissez cinquième et premier. Comment pensez-vous qu’elle va se comporter au retour en Europe ?
« Nous verrons dans deux semaines car Portimão est l’une des pistes les plus difficiles pour nous. Nous y avons souffert et, au final, à part Franco (Morbidelli) qui a des spécifications 2019 et qui a terminé troisième, je crois que nous avons fini 10e, 11e et 14e. Cela sera le moment où nous verrons le potentiel de notre moto. Pour le moment, je peux dire que les dépassements sont bien meilleurs par rapport à l’année dernière, car j’ai le feeling pour sentir la limite : je sais où est la limite ! J’ai eu de très bonnes sensations ici au Qatar donc nous verrons lors des autres courses, mais je me sens bien sur la moto ! »
Quel est le point le plus positif de ce weekend pour vous ?
« Comme je l’ai dit avant, je ressens que la semaine dernière j’ai piloté comme un rookie. Je n’ai pas joué avec les cartographies et je n’ai pas contrôlé le pneu arrière. J’ai passé trois jours à l’hôtel à me demander pourquoi je ne me suis pas servi de ma tête pendant que je pilotais (rires). Là, alors que j’étais neuvième, je me suis dit « OK ! Nous allons essayer de donner notre meilleur ». Une fois que je me suis dit ça, je me suis dit « non, non, non ! Nous allons essayer de chercher la victoire ». Actuellement, je me sens très bien dans les dépassements, je peux freiner très fort et garder les freins sur l’angle. Je sens que cette victoire m’apporte beaucoup plus de confiance que les victoires de l’année dernière, car je suis revenu de loin. Lors du test, c’était difficile à dire : les Ducati sont rapides en ligne droite et ont un bon rythme. Il est difficile de les battre. Mais en fait, vous devez vous regarder vous-même et essayer d’être du mieux que vous pouvez. C’est ce que nous avons fait aujourd’hui, et cela me procure un surplus de confiance pour le futur. »
La semaine dernière, nous avons vu Maverick s’extraire du peloton pour gagner. Cette semaine, c’est vous. Est-ce dû à la moto, au circuit ou à votre style de pilotage ?
« Honnêtement, je suis très heureux car il est vrai que ce circuit nous aide beaucoup pour faire de bons dépassements, comme à la sortie du virage trois où je me sens très bien avec la moto, huit, neuf et 10 pour doubler, puis le 15. Mais c’est bien aussi que nous ayons une grande confiance avec le train avant, car tous les pilotes sont très rapides. Parfois, vous doublez mais vous ne savez pas ce qui va se passer ensuite : vous sentez l’avant bouger. C’est quelque chose que nous n’avions pas l’année dernière : je rentrais simplement dans le virage, sans feeling, puis je perdais l’avant. Avec cette moto, je sens que j’ai un peu plus confiance dans l’avant et je sens beaucoup plus la limite. Et au final, c’est ce dont j’ai besoin pour aller vite, et nous l’avons eu au Qatar. Je croise les doigts pour l’avoir lors de toutes les courses pour pouvoir essayer des dépassements solides. »
Comment cela a-t-il été de vous battre contre un Français ?
« (Rires) honnêtement, c’était bien. C’est ce que j’ai dit : nous avons eu une interview ensemble avec Claude Michy il y a 10 jours, et il nous a demandé ce qui se passerait si nous étions ensemble au dernier virage. Heureusement, j’avais quelques mètres d’avance sur Johann (rires) mais c’est vraiment très bien d’être tous les deux sur le podium. Quand il a commencé à chanter l’hymne français, j’étais très ému, à la limite des larmes, mais il m’a fait rire et c’était un super moment ensemble. Je pense que partager le podium avec Johann a été un des meilleurs moments de ma carrière. »
Quelle a été la clef pour remonter de la neuvième position alors que la course a été plus rapide que la semaine dernière ?
« Bien sûr, quand vous êtes neuvième et que vous savez que vous n’avez pas la moto la plus rapide en ligne droite, c’est difficile, mais je me sentais vraiment bien à cet instant. J’ai vu Maverick arriver et j’ai beaucoup joué avec les cartographies et les pneus, puis je me suis dit « OK, maintenant c’est le moment d’appuyer sur le bouton des cartographies et d’attaquer comme un diable ». Et c’est ce que j’ai fait durant les 10 derniers tours. Oui, je suis très heureux, et j’étais tellement à l’aise dans les dépassements que je ne me suis jamais senti aussi bien. Quand j’ai doublé Johann, j’ai directement rattrapé Jorge, puis quand je l’ai doublé dans le virage 15 je pense que mon coude était vraiment proche de sa roue arrière. Oui, je ressentais que je pilotais très bien, comme un pilote de MotoGP, car comme je l’ai dit la première course n’était pas la meilleure pour moi, mais j’ai appris de ça et cela me donne de la confiance. »
Entre Maverick Viñales et vous, Yamaha a remporté les deux courses au Qatar. Peut-on faire des prévisions positives pour la suite de la saison ?
« Chaque chose en son temps ! L’année dernière, j’ai
remporté les deux premières courses à Jerez, la deuxième avec huit
secondes d’avance ou huit secondes au moment de la course, donc
chaque chose en son temps. Nous avons couru deux fois sur le même
circuit, donc…
J’ai confiance avec la moto, et je sens que nous pouvons être
rapides, mais je ne veux pas vous dire « oui » puis que
ce soit « non ». Pour le moment, c’est un moment où je
crois en notre moto mais je ne peux pas dire que cela va
fonctionner plus tard. Pour le moment, nous avons une très bonne
moto. »
La dernière fois que deux Français sont montés sur le podium de la catégorie reine remonte à 1954 avec Pierre Monneret et Jacques Collot qui ont terminé premier et troisième. Connaissez-vous ces noms et qu’est-ce que ça vous fait de terminer premier et deuxième ?
« En 1994, il n’était même pas planifié que je vive. Je suis né cinq ans plus tard et… »
Johann Zarco intervient alors pour dire à Fabio : « Non, 54, 1954, même ton père n’était pas né, alors, sûr : tu n’étais même pas un projet… »
« Ah. Je pensais 94. Je n’ai jamais entendu parler de ces gars (rires). Oui, je crois que nous avons fait quelque chose d’historique et il sera difficile d’égaler le même résultat qu’aujourd’hui. Je me sens fier pour la France et je pense que Johann aussi. »
Êtes-vous surpris de la performance de Jorge Martin ?
« Oui. Lors de la dernière course, il a souffert avec le pneu arrière et je pensais qu’il allait se dire « OK, j’ai commis cette erreur dans la dernière course et je dois ralentir ». Mais il a mené presque toute la course. Honnêtement, il n’a pas roulé comme un rookie aujourd’hui, encore davantage au Qatar où nous savons que la Ducati joue toujours beaucoup avec le rythme ici. Il a roulé comme s’il avait beaucoup d’expérience donc je veux le féliciter pour sa course, car il mérite ce podium. »
Classement du Grand Prix MotoGP de Doha :
Crédit classements et photo: MotoGP.com