Dans cette nouvelle rubrique, nous n’allons pas
directement évoquer les Grands Prix motos. À la place,
nous allons plonger dans l’histoire de la plus prestigieuse course
au monde. Le Tourist Trophy. La simple évocation de ce nom donne
des frissons à certains passionnés. Petit rappel, pour les nouveaux
: Le « TT » est une course mythique, prenant place chaque année au
moins de juin sur l’île de Man, une petite dépendance autonome
située entre l’Angleterre et l’Irlande du Nord. Elle se déroule sur
un circuit de plus de 60 km, tracé à même les routes,
depuis 1907.
Moins clinquant et connu que Guy Martin, John
McGuinness ou
Joey Dunlop, Ian Lougher est pourtant l’un des plus grands et
respectés. Né en 1963 au Pays de Galles, Lougher est immédiatement
aspiré par la tradition. Les courses sur route, dans cette partie
du monde, sont reines. Durant sa tendre jeunesse, il écume toutes
les épreuves les plus obscures de sa région natale, jusqu’à
s’inscrire au Manx Grand Prix en 1983.
Le Manx Grand Prix est l’antichambre du Tourist Trophy. Couru sur
le même tracé que le TT, il oppose jeunes loups et pilotes plus
expérimentés. C’est ici, en général, que les
« newcomers » apprennent le métier afin
de se préparer au mieux pour le grand évènement.
Ian passe la ligne en troisième position, derrière les regrettés
Robert Dunlop et Steve Hislop,
deux larrons que nous découvrirons un peu plus tard dans cette même
rubrique. Autant dire qu’une cuvée comme celle-ci, c’est millésime
instantané.
Au fil des ans, Lougher prend de l’importance, mais ne brille pas
tant que ça sur la montagne. Aucune contestation possible : Les
petites catégories sont siennes. Il ne compte pas moins de trois
victoires en 125cc, accompagnées d’un succès en 250cc. En
prenant en compte la catégorie 600cc, il dispose d’un beau
palmarès.
Sa victoire au TT 1990, catégorie Junior 250cc est gravée dans
les mémoires. À la bataille avec l’Ecossais Steve Hislop, il ne
s’imposa qu’avec une seconde d’avance.
Le tracé de 60 kilomètres ne lui convenait pas tant que ça. En
revanche, sur les plus petites épreuves, il était redoutable. Il
remporta huit victoires sur la North West 200, ainsi que
trente-deux sur la Southern 100. Oui, trente-deux, vous
avez bien lu. Soit une de plus que Joey Dunlop.
La Southern 100 est moins importante que la trinité TT,
North West 200 et
Grand Prix d’Ulster, mais elle relève d’un fort
intérêt. Le circuit de Billown, situé au sud de l’île de Man,
accueille l’épreuve depuis 1955. Le tracé est technique et
s’effectue, de nos jours, en à peine plus de deux minutes pour une
moyenne supérieure à 186 km/h.
Depuis tout ce temps, Ian Lougher n’a pas lâché le cuir. Fin 2013,
il se retire en légende après le Senior TT, pour revenir sur la
Snaeffell Mountain Course en 2016, âgé de 53 ans (!). Le tout sur
la Suter MMX 500, bijou d’ingénierie deux temps. Eskil Suter, connu
pour ses châssis victorieux en Moto2, réquisitionna expressément
son ancien rival gallois pour monter la bête. L’objectif
n’étant pas la victoire, bien entendu.
Au début des années 2000, Lougher fut récompensé par les
Duke Road Racing Rankings, sorte d’association
visant à valoriser les pilotes routiers pour leurs accomplissements
et victoires au Royaume-Uni. En effet, peu d’hommes ont réalisé
plus d’épreuves que Ian, qui n’a jamais pu s’empêcher de participer
à toutes les courses possibles et imaginables. Ian Lougher est un
grand parmi les grands. Plus que tout trophée, être encore
en vie pour nous raconter ses aventures est peut-être son plus bel
exploit…
Photo de couverture : agljones