Hervé Poncharal a la passion chevillée au corps, une sincérité qui rayonne sur son équipe Tech3 où les pilotes deviennent souvent meilleurs qu’ils ne l’étaient avant de prendre leurs quartiers dans le box des Français. Un caractère qui se ressent aussi dans l’abord des sujets liés au MotoGP. Le tricolore se souvient de ses propos formulés en juillet dernier à propos du retour de Marc Marquez sur sa moto une semaine après s’être fracturé l’humérus dans une violente chute. Il était bluffé et enthousiasmé. On sait aujourd’hui que c’était une erreur de la part du champion que personne ne contredisait dans son entourage. Et comme Hervé Poncharal est aussi honnête et totalement transparent, il revient sur cette période …
Revenons en juillet de l’an passé. Lors de la seconde course de Jerez, et alors que le MotoGP sortait d’un confinement qui avait remis en cause jusqu’à sa survie, Marc Marquez revenait aux affaires quatre jours après s’être fait poser une plaque sur son humérus droit, fracturé lors du dimanche précédent, après une course échevelée, mais conclue par une chute.
Un retour qui interpellait dans un paddock incrédule à voir l’octuple Champion du Monde faire ses pompes devant les médecins pour avoir son quitus. Deux camps s’étaient formés interprétant les faits à sa façon. Pour les uns, c’était de l’inconscience pure, pour les autres c’était du pur héroïsme. A l’époque, Hervé Poncharal nous avait confié en exclusivité : « depuis dimanche, je suis bluffé par Marc Marquez. En course, il a fait montre d’une volonté incroyable de revenir. Maintenant, il veut rouler malgré tout. Dans un monde aseptisé qui interdit de plus en plus, c’est le genre de pilote qui montre que le MotoGP reste un spectacle et qu’il a pour acteurs de véritables gladiateurs ».
Sur les doutes au sujet du quitus médical, il s’était élevé : « Marc Marquez a fait 40 pompes devant les médecins. Et ces médecins ne sont pas fous non plus. Ils ont établi des protocoles en connaissant parfaitement leur sujet et celui de la moto. Et en règle générale, le paddock n’est pas plus géré par des fous ou des gens sous influence. Ils connaissent leurs responsabilités et ils savent ce qu’il faut pour piloter une moto ».
« Marc est un sportif de très haut niveau, il a sans doute la meilleure condition physique du paddock. Il ne pense qu’à être performant. S’il a pris cette décision de tenter de faire le Grand Prix, ce n’est certainement pas sur un coup de tête. Il a senti qu’il y avait une possibilité, qu’il n’était pas si mal, que ça valait le coup de tenter. Il veut toujours essayer, il ne veut avoir aucun regret. Jamais. Il veut voir si c’est jouable. S’il pense qu’il peut rouler, il ne sera pas un danger pour lui-même ni pour les autres. Il n’est pas fou ».
Le Français avait terminé notre échange avec ce qu’il ressentait au fond du cœur : « Marc m’émeut, c’est une vraie émotion, il montre son amour pour cette compétition, cette volonté de se transcender. C’est admirable. Absolument personne ne lui aurait reproché de rester à la maison. C’est la beauté de ce sport et de l’homme. Ces pilotes vont plus loin que le commun des mortels. La perfection et le courage sont le sens de leur vie. Marc Marquez nous donne admirable leçon, une incroyable implication pour son sport et l’étendue de l’amour qu’il lui porte. Marc Marquez fait partie de l’histoire de notre sport ».
Nous étions en juillet en 2020 et les événements qui se sont succédé ensuite ont démontré que Marc Marquez faisait une grosse erreur à sous-estimer sa blessure. C’était le rôle de sa cohorte de médecins de lui signaler les risques, mais les propos du moment formulés loin du cercle Marquez restent. Hervé Poncharal, à la veille du premier Grand Prix de la saison 2021 au Qatar, a voulu revenir en toute honnêteté sur cet épisode.
Hervé Poncharal : « nous savons maintenant que c’était sa plus grande erreur »
Dans un échange avec Motorsport-total, il dit : « quand Marc a eu une opération, qu’il a fait ses pompes et qu’il est revenu, on ne savait pas quoi en penser », se souvient Poncharal, qui, en plus de son rôle de chef d’équipe chez Tech3-KTM, est également président de l’association des équipes MotoGP IRTA.
« Maintenant que nous avons vu ce qui s’est passé, il est bien sûr facile de dire que c’était une erreur », a déclaré Poncharal, faisant référence à la pause d’un mois au cours de laquelle Marquez a subi deux autres opérations au bras droit. Mais Poncharal sait de sa propre expérience avec de nombreux pilotes que « chaque blessure est différente ». « La vie est pleine d’énigmes et de surprises », dit-il.
Lorsqu’il lui est demandé comment il évalue à présent la situation de Marc Marquez, il répond : « nous savons maintenant que c’était sa plus grande erreur. Cela impacte fortement sa carrière jusqu’à présent. Je ne peux qu’espérer qu’il revienne à sa pleine capacité le plus vite possible ».
« Aujourd’hui, nous savons que son retour est arrivé trop tôt », déclare à nouveau Hervé Poncharal au sujet du deuxième week-end de Jerez en 2020, mais note, se référant à ses déclarations précédentes, que le retour anticipé en MotoGP pour Marquez « aurait pu être réussi et alors il aurait été le plus grand héros de tous les temps ».
On rappellera que la leçon a aussi porté pour Marc Marquez qui s’est rangé à l’avis de ses médecins qui lui ont déconseillé de participer aux deux premiers Grands Prix de l’année au Qatar.
