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Randy de Puniet

C’est au sortir d’essais pour l’endurance que nous avons interviewé Randy de Puniet, seulement quelques jours avant la reprise des activités des MotoGP au Qatar.

Programme personnel en endurance, dispositif Canal+ et même pronostic pour la saison à venir, nous avons passé en revue tous les sujets qui nous tiennent à cœur avec celui dont l’œil professionnel éclaire chaque séance de la catégorie reine des Grands Prix pour les téléspectateurs français.

Randy, tu as fait des tests pour l’endurance à Almeria et à Valence avec l’équipe Moto Ain de Pierre Chapuis. Comment ça s’est passé ?

Randy de Puniet : « Je connais Pierre Chapuis depuis 20 ans et cela fait pas mal de temps qu’il me demande de venir rouler chez lui. L’opportunité s’est présentée puisque je n’avais pas de guidon et qu’il a maintenant une moto compétitive. Cet hiver, il a décidé de faire une EWC et il m’a demandé pas mal de conseils. Je lui ai dit ce qu’il fallait acheter comme fourche, comme freins, et ce qu’il fallait faire sur la moto pour avoir une bonne moto et que l’on puisse commencer à discuter. De là, sans avoir une moto folle, il a une bonne Yamaha R1, avec du Öhlins, du Brembo et de l’électronique Yamaha. C’est une moto saine, avec les pièces qui vont bien, et les tests se sont bien passés à Almeria après la reprise, et très très bien passés à Valencia où on s’est montré bien performant. J’ai roulé et je me suis fait plaisir, et ça c’est bien, mais je ne sais pas encore si je vais participer au championnat car il y a encore des points techniques à soulever. On attend des réponses d’ici quelques jours et je déciderai après. Si on arrive à avoir un package technique bien abouti, je pense que ça peut être drôle d’aller titiller les motos d’usine avec une moto privée ! Mais je n’ai pas trop envie d’aller me défoncer pour faire septième ou huitième. Donc on attend ces réponses techniques. J’ai toujours envie de rouler et je n’avais jamais roulé sur une Yamaha. Je m’amuse et j’ai été surpris du niveau technique de l’équipe. Ils ont été champions stock l’année dernière et, au niveau technique, ils ont Laurent Pradon pour les suspensions et les datas. Je m’entends super bien avec, et surtout, quand tu lui demandes des trucs, il te les met sur la moto. Techniquement, c’est une très bonne équipe, même si leur budget est très limité. »

À quelques jours des premiers essais MotoGP au Qatar, peut-on avoir une idée du dispositif mis en place par Canal+ pour couvrir la saison ? 

« Normalement, et c’est une nouveauté par rapport à l’année dernière, une petite équipe devrait être envoyée au Qatar pour suivre les tests et couvrir l’actualité, histoire de recueillir les informations et de montrer quelques images. Puis, toujours normalement, nous devrions aller au Qatar avec une équipe conséquente pour les deux Grands Prix. Ces décisions sont longues à finaliser en raison de la crise sanitaire, mais cela semble bien parti pour que David (Dumain) et moi-même faisions les commentaires sur place pour la MotoGP et l’équipe habituelle pour la Moto2 et la Moto3, alors que Jules (Deremble) et Nicolas (Alix) seront dans le paddock. Et je l’espère, car en tant que consultant c’est quand même mieux pour recueillir les informations et informer l’abonné. »

L’autre nouveauté de cette saison par rapport à l’année dernière, du moins pour le moment, c’est la reprise des courses MotoGP hors Europe. En qui cela fait-il du bien : Au MotoGP, à Canal+, aux teams, aux pilotes, aux téléspectateurs ?

« A tout le monde, à commencer par les pilotes ! L’année dernière, ils ont fait des tours et des tours sur des circuits qu’ils connaissent par cœur. Là, on commence par deux courses sur le circuit de Losail au Qatar, sur lequel on se rend depuis 2005 et que les pilotes connaissent bien, mais sur lequel ils n’ont quand même pas fait non plus des millions de kilomètres, à l’inverse de par exemple Jerez ou Misano ! Donc ça fait du bien à tout le monde, et le fait que le championnat va débuter là où il doit débuter donne un signe d’espoir d’une certaine forme de retour à la normalité. De plus, ça montre aussi aux autres pays hors d’Europe que le protocole mis en place par la Dorna, avec le système d’une bulle étanche, fonctionne et peut être exporté un peu partout, surtout avec les mesures encore plus strictes prises cette année. »

Marc Márquez a annoncé ne pas être présent lors des tests au Qatar mais espère pouvoir revenir en début de saison. Comment vois-tu cette dernière par rapport à l’année passée ?

« Ça va encore être une saison ouverte ! Franchement, ça me paraît un peu tôt pour que Márquez revienne au Qatar, mais je l’espère pour lui. In fine, tout le monde peut raconter ce qu’il veut mais il y a que lui et son entourage qui connaissent l’état réel de son bras et qui peuvent juger. S’il peut revenir au Qatar, tant mieux ! Après, reste à voir dans quelle condition il serait. La reprise va de toute façon être difficile car, quand il a été contraint de quitter le championnat, il était nettement au-dessus du lot. On se rappelle de sa remontée à Jerez. Maintenant, quasiment neuf mois se sont passés sans qu’il soit monté sur une moto, et même s’il est toujours étonnant, je pense que ce ne sera pas facile. »

Est-ce qu’un top pilote de Grand Prix comme Márquez peut adopter un rythme à 98 %, c’est-à-dire être très rapide mais en se gardant la marge nécessaire pour être certain de ne pas tomber ? C’est possible ou, de toute façon, une fois en piste on prend des risques ?

« En fait, rouler en se disant « il ne faut pas que je tombe », ce n’est pas possible, car quand on roule comme ça, on n’est pas concentré. Et quand on n’est pas concentré, on fait des erreurs. Je pense donc qu’il faut qu’il fasse ce qu’il sait faire, mais par contre qu’il n’aille pas chercher la petite bête. Je pense donc qu’au début il prendra moins ses prises de risque habituelles. Et puis, si on regarde la physionomie du championnat de l’année dernière, imaginons qu’il revienne au Qatar 2 et qu’il y fasse septième, puis qu’il score sixième, cinquième, etc. : Si le championnat est aussi fou que l’année dernière, à la mi-saison il n’est pas largué pour être champion ! Ce ne sont que des suppositions et je pense qu’il a eu le temps de ruminer et de réfléchir pendant neuf mois : Après la boulette qu’il a commise à Jerez, s’il y a quelque chose qu’il ne sent pas, il ne le fera pas. Maintenant, c’est quand même son intégrité physique qui est en jeu. »

Un pronostic pour le Qatar et pour la saison ?

« Pour la saison, je vois bien Rins faire une très belle année. Contrairement à l’année dernière où j’avais dit que Mir allait faire fort, je pense que cela va être plus difficile cette année pour lui. Il a fait une saison intéressante mais il a un peu manqué de panache et de niaque. Il a fait ce qu’il fallait faire et c’est allé au bout, mais je pense que Rins s’est pris une belle gifle en voyant son coéquipier champion et qu’il va se réveiller.
Après, je vois bien Miller, parce que lui non plus n’a pas eu trop de réussite en 2020. Mais je pense qu’il y en a un autre qui va bien marcher, et je le vois même sur le podium à la première course, c’est Zarco ! L’an dernier, il a fait la saison qu’il fallait faire, avec des coups d’éclat, des boulettes, et tout. S’il arrive vraiment à se canaliser et à être dans le même mode chez Pramac qu’il avait chez Tech3, à être bien calé, je pense qu’il va faire une belle année, avec du bon matériel qu’il connaît bien. Je pense donc que Zarco, déjà au Qatar, ce n’est pas impossible !
Quant aux Yamaha, cela va dépendre de la moto. Apparemment, ils ont fait beaucoup de choses mais ont-ils vraiment mis le doigt sur le problème et vont-ils être capables de le résoudre dans le périmètre du règlement ?
Quoi qu’il en soit, je pense que ça va encore être une belle année car il n’y aura pas quelqu’un qui va gagner 10 ou 12 courses comme le faisait Marc Márquez. Ça, je n’y crois pas ! On a hâte que ça commence ! »

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