Wilco Zeelenberg est le team manager du team Petronas en MotoGP et il vient des murs officiels Yamaha qu’il a quittés voilà deux ans avec Ramon Forcada. Il a donc l’expérience d’un Valentino Rossi dans le box, avec tout ce que cela implique en termes de pression médiatique et populaire. Heureusement pour les Malaisiens, ce dernier aspect sera à citer pour mémoire en raison de la crise sanitaire imposant le huis-clos. Mais le Néerlandais prévient tout de même : Vale n’est pas un pilote comme les autres.
Lors de la présentation des couleurs Petronas en vue de la saison 2021 de MotoGP, les discours sur le thème des pilotes ont tourné sur la relation qui se créera entre les nouveaux équipiers Franco Morbidelli et Valentin Rossi. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps, ils sont amis, mais être dans le même box en concurrence directe, ça peut tendre parfois l’atmosphère. Les deux hommes assurent que ça se passera bien. Mais qui s’est posé la question de savoir si l’équipe Petronas sera capable d’établir une connexion avec son nouveau pilote Vale ? Parce qu’il a l’expérience du Doctor, Zeelenberg, lui, s’est interrogé sur le sujet …
Pour lui, il sera plus difficile pour Petronas de s’adapter à l’arrivée de Valentino Rossi que pour le Doctor à se faire au nouvel environnement de l’équipe satellite. « Je ne pense pas que l’équipe sache encore ce qui l’attend, car Vale a beaucoup d’attention dans le monde entier », dit-il. « Surtout si le paddock rouvre, car comme vous le savez, il y a toujours une file d’attente devant le box de Vale. C’est un aspect qu’il faudra prendre en compte. Pendant quelques années, j’étais avec Jorge Lorenzo et Vale dans l’équipe d’usine Yamaha et ce n’est pas toujours facile de travailler comme ça ».
Si la pression sera mise sur Petronas, pour Valentino Rossi en revanche, ce pourrait être une libération de ne plus représenter directement l’usine Yamaha : « je pense que c’est bon pour Vale d’entrer dans une autre atmosphère. Non pas que l’équipe d’usine lui mette beaucoup de pression, car Vale aime aussi cette attention. Il est assez mature et son bagage est assez grand pour contrôler tout cela. Mais voir une atmosphère différente dans notre équipe lui sera positif ».
Ce qui change, cependant, ce n’est pas seulement l’air que vous respirez, mais aussi le travail dans le box : « la façon dont nous travaillons est un peu différente de l’équipe officielle, car il y a moins de pression, et il y a moins de Japonais impliqués, c’est-à-dire moins les gens qui décident sur le réglage de la moto », déclare Zeelenberg. « Le fait qu’au bout du compte il n’y ait qu’un seul responsable ne peut qu’aider. Dans l’équipe officielle ce n’est pas le cas : il y a beaucoup de spécialistes qui s’occupent de la moto et se sentent responsables. Ce n’est pas toujours la manière la plus simple de travailler, car vous entendez beaucoup de voix, et parfois vous perdez du temps et même la direction à suivre ».
Zeelenberg : « Yamaha paie Valentino, c’est donc une autre histoire »
Wilco poursuit sur Tuttomotoriweb : « accueillir plus de monde ne facilite pas toujours les choses. Il est très important d’apporter ce dont vous avez besoin et de vous concentrer sur le temps dont vous disposez pour travailler sur la moto et le pilote. Vous pouvez donc vraiment faire une différence. Dans notre équipe, nous sommes un peu plus directs et nous gérons les choses un peu différemment, aussi parce que nous n’avons pas autant de protocoles ».
Partant de ce constat, Zeelenberg n’hésite pas à donner quelques conseils à la nouvelle recrue… « L’un des aspects que Vale aime est de s’asseoir devant l’ordinateur, d’étudier les données collectées par lui et les autres pilotes », explique-t-il. « Peut-être qu’il passe trop de temps à le faire, parce qu’il aime ça, mais cela lui coûte aussi beaucoup d’énergie. Je pense donc que nous devrions l’éviter, car parfois vous risquez d’entrer trop dans les détails, et au lieu de cela, il vaut mieux passer une heure à discuter des problèmes et à chercher des solutions. De cette manière, des mesures plus importantes peuvent être prises. Nous savons qu’il est très important d’économiser de l’énergie en MotoGP, car la course dure 45 minutes et les pilotes ne partent plus lentement, mais font de leur mieux dès le premier tour ».
La dernière situation inédite à gérer pour l’équipe Petronas sera celle de se travailler avec un pilote directement lié par un accord avec la maison mère : « Vale rejoint notre équipe avec un contrat signé avec Yamaha, donc cela pose aussi une situation qui n’est pas si simple. Ce sera différent d’avant. Dans le passé, on payait nos pilotes, cette année, Yamaha paie Valentino. C’est une autre histoire, mais nous l’avons acceptée, tant que Franco était protégé, surtout après les résultats qu’il a obtenus l’année dernière. Il est clair que, pour le moment, il est le point de référence, basé sur la performance ». On le voit, certaines choses devront se mettre en place et les zones d’influence bien déterminées avant d’obtenir l’osmose.