FB Mondial, ou simplement Mondial, est une marque figurant au
panthéon des Grands Prix motos. Aujourd’hui tombée en désuétude,
elle se démarqua lors des premières années du championnat ainsi
qu’au début des années 1950, notamment en catégorie 125cc.
Zoom sur la mythique firme bolonaise.
En 1929, les frères Boselli, fils d’un riche et
installé entrepreneur bolonais, décident de monter leur affaire. La
demande pour les machines de locomotion légère est à son paroxysme;
c’est pour cette raison que les triporteurs sont la première cible
des ‘Fratelli Boselli’ (FB).
L’entreprise se porte admirablement mais la Seconde Guerre mondiale
met un terme au beau rêve. En effet, Bologne fut lourdement touchée
par les frappes ennemies, détruisant les locaux FB. Les finances
familiales, elles, ne furent que peu impactées. Ainsi, en 1946,
l’affaire reprend de plus belle.
Sous l’impulsion de l’ingénieur Lino Tonti et
d’Alfonso Drusiani, des motos 125cc assez
sophistiquées sont créées, sous le nom FB Mondial. L’idée plaît au
père, pari réussi. Tout naturellement, les bolonais se tournent
vers la compétition, en plein essor à l’époque.
Très rapidement, le succès commercial couplé à la performance des
machines assurent de multiples victoires. Celles-ci sont le fruit
d’un homme en particulier. Un véritable épouvantail de la moto en
Italie. Son nom : Cirillo
« Nello » Pagani.
Ce dernier court depuis 1928 lorsqu’il choisit FB
Mondial pour défendre les couleurs du pays, à l’occasion
du premier championnat du monde en 1949. Si ce dernier échoue en
500cc sur Gilera, il s’adjuge le premier titre 125cc de l’histoire
au guidon d’une FB Mondial.
Dès lors, l’entreprise familiale se tourne d’autant plus vers la
compétition. Cinq Mondial dans le top 10, rien que ça. Les
victoires de Pagani mais aussi de Leoni seront largement mises en
avant.
En 1950, même domination. Cette fois, les trois premières places
sont réservées aux bolonaises. C’est Bruno Ruffo
qui s’impose, devant ses coéquipiers Gianni Leoni
et Carlo Ubbiali . Ce
dernier gagne l’année suivante, toujours sur un 125cc FB
Mondial.
La marque devient très populaire en Italie, car directement
associée aux succès en Grands Prix. Cependant, l’émergence d’une
autre marque italienne bien connue met fin au règne Mondial dès
1952. Vous l’avez deviné : il s’agit de l’inévitable MV
Agusta. Cecil Sandford vient à bout de
Carlo Ubbiali et rafle la mise.
Pendant que Mondial arbore ses succès dans son logo, chose rare, MV
écrase le championnat. La philosophie de Bologne était bien
différente. Seulement 1 000 à 2 000 unités par an sortaient des
ateliers, très réputés pour la qualité de production.
Si les succès en championnat d’Italie s’accumulent, pas grand-chose
à se mettre sous la dent en mondial. Il faut attendre 1957 et le
doublé 125cc-250cc de Tarquinio Provini et
Cecil Sandford pour un nouveau triomphe au plus
haut niveau.7
Doublé pilote et doublé constructeur. Un
véritable exploit pour la boutique spécialisée. Fait marquant :
Soichiro Honda en personne approcha les Boselli
pour s’adjuger une Mondial, alors à la recherche d’une moto ‘de
référence’ pour les Grands Prix. Ainsi, c’est bien une Mondial
125cc qui apparaît en premier lors de la visite de la collection
Honda à Motegi. Une reconnaissance bien
méritée.
Le problème de la petite production est simple. Si vous
arrêtez de gagner, vous coulez instantanément. En 1957, de
nombreuses marques italiennes se retirèrent du championnat, Gilera,
Moto Guzzi et Mondial en tête. Sans compétition, la popularité de
la boîte descendit en flèche. Ceci entraîna la chute précipitée
d’une marque mythique.
En 1979, après plus de vingt longues années de survie,
Mondial mit la clé sous la porte. Comme souvent,
des investisseurs désireux de posséder un nom prestigieux
essayèrent de nouveau en 1999. Sans plus de succès, la production
s’arrêta une nouvelle fois en 2004.
Depuis 2014, des descendants Boselli essayent tant bien que mal de
réanimer le cadavre, sous ordre de l’ogre Piaggio.
Certes, des modèles au nom de Mondial sont distribués, mais l’âme
n’y est plus. Cette manie de vouloir ressusciter continuellement
est assez lassante. Le monde d’aujourd’hui nous montre que les
intérêts priment sur l’honneur, et c’est bien
dommage…
Photo de couverture : Larry Stevens