Avec le départ de Davide Brivio, Suzuki perd un élément clé de son projet MotoGP, couronné en 2020 par le titre pilotes de Joan Mir sur la GSX-RR. Car l’Italien a été du tout début de l’aventure du retour de la firme d’Hamamatsu au sommet de la chaine alimentaire des Grands Prix. C’est lui qui a tissé la toile qui a attiré dans ses filets les compétences récompensées aujourd’hui. Il a aussi su créer un lien privilégié entre son personnel européen basé en Italie et l’usine au Japon, au point que le chef de projet Shinichi Sahara qualifie cette perte au profit de la Formule 1 de « scénario de l’horreur pour nous ». Pourtant rien n’a été simple au début …
Nous sommes en 2014 et Suzuki revient en MotoGP avec une GSX-RR qui n’a plus rien à voir avec son aînée. Le moteur est un quatre cylindres non plus en V, mais en ligne, et cette démarche semble à rebours de l’histoire au vu de la façon dont la concurrence s’est armée, Yamaha excepté. D’ailleurs, les premiers tours de roues sont déprimants, avec ces casses à répétition : « nous étions dans la dernière course en 2014 avec Randy De Puniet comme wildcard et je me souviens que nous avons eu un problème avec les moteurs », dit Brivio à propos de ces débuts ratés. « Nous avons découvert plus tard cet hiver-là que nous avions un problème électronique qui causait essentiellement un moteur cassé ».
À Valence, cela signifiait que Suzuki devait utiliser un autre moteur en plus des trois moteurs autorisés pour les courses wildcard, ce qui les obligeait à partir de la voie des stands. Randy De Puniet n’a pas vu le drapeau à damier à l’époque. « Et nous étions très inquiets pour l’hiver parce que lorsque nous sommes allés à Sepang pour le premier essai en janvier, le moteur s’est de nouveau cassé. Ce fut donc un démarrage très, très difficile. Mais les ingénieurs étaient très bons, ils ont trouvé le problème et l’ont résolu », explique Brivio.
La suite a été moins compliquée avec notamment cette première victoire à Silverstone de Maverick Viñales. La montée en puissance, malgré quelques écueils, ne s’est ensuite jamais démentie. On accorde beaucoup à la réussite de Suzuki son facteur humain, cette cohésion dans une équipe qui n’aligne que deux motos, sans le soutien d’une structure satellite, et qui affiche l’avant-dernier budget des six constructeurs en lice en MotoGP. Quelle est la formule magique trouvée par Suzuki ? « Il n’y a pas de recette miracle » assure Brivio.
Pour Brivio, l’équilibre est la clé du succès
Ce dernier précise quand même : « au début, quand nous avons commencé en 2015, nous savions que ce projet serait assez difficile, oui, assez difficile… C’est pourquoi nous avons voulu trouver des gens motivés, des gens passionnés qui n’abandonnent pas. Ils essayaient de trouver un moyen de gagner, de réussir », dit-il à propos de Suzuki dans les premières années. « Donc, à cette époque, c’était probablement un domaine très ouvert dans lequel construire une bonne relation de travail. Ils étaient bons pour écouter et discuter ensemble ».
« Suzuki est une grande entreprise et en bonne forme, mais le budget que nous réservons pour la course n’est probablement pas aussi important que celui des autres constructeurs » explique Brivio. « Mais ne pas avoir de ressources illimitées ou d’énormes ressources vous oblige à être plus créatif et à essayer de réfléchir davantage », rappelle le chef d’équipe sortant.
« Bien sûr, nous souhaitons parfois augmenter le nombre d’employés. Mais d’un autre côté, cela peut créer moins de confusion. Il faut donc trouver le bon équilibre entre assez et pas trop de monde. Nous sommes bien positionnés à cet égard. Nous avons tout ce dont nous avons besoin » termine sur Motorsport-total un Brivio qui peut donc être fier du travail accompli …