Pour se lancer dans un tournage qui, au final, s’est
déroulé sur trois ans, et alors que l’on n’a pas un euro en poche,
il fallait une sacrée paire de dose d’optimisme, voire
d’inconscience, que seul un pilote ayant connu l’époque très
exotique du Continental Circus pouvait posséder.
« Il ne savait pas que c’était impossible donc il l’a fait » est une maxime qu’affectionne particulièrement Johann Zarco et qui correspond très bien au projet initié par Bernard Fau en se lançant dans le courageux tournage du film « Johann Zarco, l’audace d’un champion ».
Presque trois mois après la mise en vente des premiers DVD, nous avons donc souhaité savoir si l’ancien pilote reconverti dans le cinéma s’en sortait avec le sujet sur l’audacieux champion, au moment où il faut honorer les factures de droit à l’image…
Bernard Fau : « Les ventes ont fait un
super départ parce que les passionnés, les souscripteurs, les fans,
qui attendaient le film car ils étaient au courant, ont répondu
présent. C’était encourageant, mais les créances sont encore
importantes car ce n’est pas un secret que les droits des images
Dorna sont assez élevés, et c’est normal car ce sont de très belles
images, et sans ces images là il n’y a pas de film possible. Il
faut donc encore un certain nombre de ventes pour couvrir les
frais, et évidemment, avec ce qu’on vit en ce moment à cause de la
Covid, cela n’aide pas puisque les salons sont annulés.
Mais au-delà de ces histoires financières, ce qui est surtout
important, c’est que le film est plébiscité. Je reçois tous les
jours des félicitations au sujet d’un film qui intéresse aussi la
ménagère de moins de 50 ans. J’évoque ce terme utilisé en
télévision, la fameuse ménagère de moins de 50 ans, celle qui va
faire les courses et qui décide des achats. Et bien, même elle, qui
ne connaît rien à la moto, elle regarde le film et ne veut rien
rater. C’est ça la réussite du film : c’est qu’il touche des gens
qui n’ont rien à voir avec la moto. Ça, c’est un succès car on peut
imaginer qu’un jour une télévision peut s’intéresser à ce film car
il va au-delà de la moto : c’est une affaire humaine ! Il se trouve
que Johann est un pilote, mais il aurait été apnéiste ou grimpeur
de l’Himalaya, sa démarche aurait intéresser des gens qui n’ont
rien à voir avec la moto.
Pour le moment, c’est
encore le bouche-à-oreille qui est déterminant pour que le film
continue à se vendre et à être vu, car je ne peux pas demander à
Canal+ de parler du film, même s’ils touchent parfois 1 million de
téléspectateurs sur un Grand Prix. Actuellement, il y a au moins
plus d’un million de personnes qui connaissent et qui suivent les
Grands Prix MotoGP, mais je reste persuadé qu’au moins 900 000
d’entre elles ne savent même pas qu’il y a un film sur Johann
Zarco.
Tout ça pour dire que je pense que le
film est parti pour s’amortir, ce qui sera déjà un succès, et puis
peut-être sortir un bénéfice un jour, ce qui est une autre
histoire. »
En lançant une souscription, vous avez fait appel à la communauté motarde et, pour cette raison, peut-on savoir concrètement où se situent les ventes par rapport au point d’équilibre ?
« Entre la souscription initiale et les ventes qui ont eu lieu, je dirais qu’on est à 70 %. En gros, aujourd’hui, je pense qu’il faudra vendre encore 2 500 DVD, c’est-à-dire 50 000 € hors-taxes, pour atteindre l’équilibre. Car ce n’est pas un secret, donc on peut le dire : sans me payer, le film me coûte 200 000 €. »
C’est bien pour ça que nous avons parlé de courage dans notre introduction…
« De toute façon, il fallait être un peu inconscient, mais
j’ai fait ce film comme j’ai couru à l’époque : vous le savez bien,
à cette époque là, on se lançait dans les saisons de Grands Prix
alors qu’on n’avait pas l’argent pour faire la troisième course !
Il fallait que ça marche pour pouvoir continuer ! Donc moi, je me
suis lancé dans ce film avec zéro en poche…
Mais ce
qui est exceptionnel, et c’est la chose dont je suis le plus fier,
c’est qu’on a récupéré 110 000 € avec les passionnés, ce qui a
permis de faire le film. Ça, c’est vraiment quelque chose qui est
exceptionnel ! Peut-être que pour les gens de la moto, ça leur
paraît normal, mais dans le milieu du cinéma, c’est extrêmement
rare et les pros n’en reviennent pas. Grâce à la passion de notre
petite communauté, j’ai pu avoir l’argent pour faire au moins le
tournage. C’est typique du milieu de la moto, et c’est la chose
dont je suis le plus fier, même si maintenant il faut aller au
bout. C’est donc déjà une réussite. »
Ceux qui ne se sont pas encore procuré le film peuvent le faire ici : http://www.zarcoetlecontinental.com/