Yamaha, Honda et Suzuki. Le serpent à trois
têtes qui règne en maître sur les Grands Prix motos depuis les
années 1970. Les trois mastodontes se partagent le gâteau depuis
1975, à l’exception de 2007 et d’un Casey Stoner bouillant. Après
avoir classé les dix meilleurs pilotes Honda, puis Yamaha, le temps
est venu de nous intéresser au troisième larron : Suzuki. Si
son histoire est moins riche de titres, elle est malgré tout
fournie et renferme des anecdotes plus passionnantes les unes que
les autres. Ensemble, essayons de rendre hommage à ces héros qui
écrivirent l’histoire.
Cet épisode fait suite au deuxième, paru hier.
Le premier, qui détaillait les critères de sélection ainsi que les
mentions honorables, est trouvable
ici-même.
N°8 : Ernst Degner
Bien que moins connu, Degner n’en reste pas moins
important. Par ailleurs, son impact dépasse le simple cadre des
Grands Prix moto.
Au début des années 1960, la 50cc culmine. La plus petite des
catégories fait un tabac, et beaucoup de constructeurs veulent s’y
frotter. Parmi eux, Suzuki. La firme d’Hamamatsu devait rivaliser
avec Derbi , Kreidler ou encore
Honda. Un pilote phare était donc nécessaire.
L’homme de la situation se nomme Ernst Degner. Ce
dernier était un spécialiste des petites catégories à la fin des
années 1950, pilote d’usine pour MZ, en Allemagne de l’Est. Après
une rocambolesque aventure, il quitte la firme et doit se mettre à
l’abri. Suzuki le sélectionne pour son programme 50cc.
Degner, sans remords, confie les secrets de son
ancien employeur aux japonais. Ni une ni deux, Suzuki se met à
gagner. L’Est-allemand roule sur le championnat du monde 1962, le
premier incluant la 50cc. Grâce au savoir d’un seul homme, Suzuki
est champion du monde : c’est le premier titre de
l’histoire de la firme.
Il restera fidèle à Suzuki jusqu’en 1966, avant de prendre sa
retraite. L’homme qui pava la voie pour d’autres pilotes – que nous
retrouverons d’ici peu – figure donc en 8e
position.
N°7 : Randy Mamola
Changement d’ambiance. Nous quittons la RDA pour
les États-Unis dans toute leur splendeur. Mamola, c’était
l’incarnation du show à l’américaine. Un vrai régal pour tout
passionné. Certains le placeront chez Honda,
d’autres chez Yamaha. Chez Suzuki, il régala toute
la planète au début des années 1980.
Au total, il y passa cinq saisons et termina deux fois
vice-champion du monde. Remplacer Barry Sheene
n’est jamais simple, mais Randy mit la barre très haut lors de ses
premières années. Le jeune californien à qui la couronne était
promise ne réussit jamais à l’obtenir. Trop d’irrégularités sans
doute, couplées à la vieillesse de la RG500. Il claqua la porte à
la fin de l’année 1983, pour s’en aller chez Honda.
Durant ces quelques saisons, le paddock découvrit un talent brut
exceptionnel, motivé par une belle rage de vaincre. La
pression et la concurrence eurent raison de lui, ce qui
explique sa place dans le top 10. Cependant, nul ne peut oublier
cette performance au Mans en 1979, où il joua la gagne face à ses
propres idoles. Au final, ‘Baby Kenny’ tombe à la 7e
place.
Photo de couverture : Antonisse / ANEFO