Chez Yamaha, l’hiver devrait être studieux et le débriefing de la saison houleux. Il faut dire qu’aux résultats de fin de saison, ajoutés à la pénalité infligée pour la gestion hasardeuse d’un problème moteur au regard du règlement en vigueur, s’empilent les commentaires acerbes de ses pilotes. Parmi eux, Maverick Viñales est le plus virulent, ce dernier allant jusqu’à douter des capacités du constructeurs à redresser la barre. Une approche que son futur équipier Fabio Quartararo ne partage pas…
En 2021, ils seront équipiers au sein du team usine Yamaha. Mais déjà, ils se répondent directement ou indirectement sur l’état et le niveau de la M1 qui va devoir présenter un nouveau visage la saison prochaine, sous peine d’écorner définitivement la bonne réputation du blason…
En quittant la scène de Portimao, Maverick Viñales a avait été lapidaire. Répétant à satiété les mêmes problèmes rencontrés, l’Espagnol terminait sa démonstration ainsi : « gagner n’est pas possible avec cette moto et personne ne connaît une solution à nos problèmes. Il est maintenant temps de rentrer chez soi et de rester calme. Il y en a d’autres qui doivent s’inquiéter ». Et ceux-là sont à Iwata.
Fabio Quartararo, de son côté, ne se montre pas aussi expéditif. Il garde sa confiance dans le personnel Yamaha. Dans son discours d’après fin de Grand Prix du Portugal, il précisait, prenant ainsi clairement le contre-pied de son futur équipier : « à coup sûr, il y a une solution ! La moto de l’année dernière fonctionnait très bien ! Franco Morbidelli ne pilotait pas une moto uniquement 2019 mais il a dit qu’elle fonctionnait très bien. Donc il y a une solution et ils doivent seulement trouver la façon de progresser sur les points où nous peinons ».
« Je pense qu’en regardant les datas de Franco, il est très clair que nous souffrons d’un manque d’adhérence à l’arrière, donc nous devons assurément travailler là-dessus pour l’analyser. Je pense que Yamaha est très motivé car ils ont vu que la moto 2020 avait été un désastre pour tout le monde lors des dernières courses. Donc on n’a pas besoin de leur dire à chaque fois que la moto ne fonctionne pas : ils le voient ! » insiste le Français qui pointe ainsi du doigt la stratégie de communication de Maverick Viñales.
Quartararo : « il faut aussi dire à Yamaha que nous croyons en eux »
Sur ce sujet brûlant, Quartararo conclut : « ils le voient et ils travaillent dur, donc ils vont trouver quelque chose et j’espère que nous pourrons commencer le test d’une très bonne manière, et il y a aussi Cal Crutchlow. J’espère donc qu’ils sont motivés et prêts à résoudre le problème ». On rappellera que l’Anglais a été embauché comme pilote d’essai, en lieu et place de Jorge Lorenzo…
Maintenant, au vu du palmarès 2020 du team Petronas par rapport à celui de la structure officielle, marqué par un score sans appel de six victoires à une, l’équipe usine est-elle appropriée pour se sortir de l’ornière ? Quartararo répond en soulignant, là aussi, sa confiance dans le personnel Yamaha : « je n’ai pas beaucoup d’expérience en MotoGP mais je pense que j’ai une idée assez claire sur quoi dire à Yamaha, sur ce que nous pouvons améliorer. Et je pense que nous devons aussi croire en cela : c‘est bien de leur dire que la moto n’est pas très bonne et qu’ils doivent travailler, mais il faut aussi leur dire que nous croyons en eux car ils ont fait de très bonnes motos dans le passé ».
Une dernière phrase qui s’apparente à nouveau à une critique à l’égard des prises de position de Maverick Viñales… Le tricolore termine son propos en l’illustrant par un fait : « pour moi, le meilleur exemple en est la moto de l’année dernière, car il s’agissait de ma première saison. Je pense donc que nous devons avoir confiance en eux, leur dire nos souhaits, et je pense qu’il est important de croire dans le projet. Je pense donc qu’il sera bénéfique d’être un pilote d’usine et je suis très impatient d’y être et d’avoir des réunions pour exprimer mes idées ».
Sur ce plan, on se souviendra que Valentino Rossi, qui côtoie les Japonais depuis des lustres en MotoGP, avait mentionné qu’ils entendaient bien ce qu’il leur disait, mais qu’ils n’écoutaient pas. Une importante nuance qui pourrait en dire long sur la situation actuelle sous l’auvent aux diapasons…