Après le départ à la retraite de Shuhei Nakamoto fin 2016, remplacé par le triumvirat composé de Naoki Hattori (Marketing), Testuhiro Kawata (Pilotes) et Schinichi Kokubu (Responsable technique), l’éviction de Livio Suppo fin 2017 a continué à chambouler la hiérarchie dirigeante du team Repsol Honda.
Pour remplacer l’Italien, on a créé la surprise en nommant Alberto Puig, qui avait quitté le paddock du MotoGP après sa brouille avec Dani Pedrosa pour s’occuper de l’Asia Talent Cup pour le compte de Dorna.
Réputé dur et peu diplomate, l’ex-pilote semble cependant aborder les choses avec modestie et se laisser le temps de prendre ses marques dans cette nouvelle fonction à la tête d’une mécanique complexe où il faudra savoir composer non seulement avec deux pilotes espagnols, dont un quadruple champion du monde MotoGP et son ancien poulain fâché, mais aussi avec trois directeurs japonais.
C’est du moins ce qui ressort de cette interview accordée à Manuel Pecino pour Solomoto, dont nous reproduisons ici quelques extraits…
Quel sera votre rôle exact au sein de l’équipe du HRC ?
« Pour être honnête, j’essaie toujours de comprendre ce que signifie être manager d’équipe. Mais ce n’est pas nouveau pour moi non plus, parce que j’ai été chef d’équipe 125 et 250cc dans le passé. Je crois que je comprends le travail, mais c’est aussi vrai qu’il s’agit d’une équipe qui a beaucoup plus de responsabilités, et nous parlons du plus haut niveau en course. Je pense qu’il est bon pour moi d’être dans une telle position en ce moment, parce que j’ai pu acquérir de l’expérience au cours des dernières années. J’ai fait beaucoup de choses dans les courses et je pense que si quelque chose comme ça devait arriver, il était temps. »
Le manager de l’équipe Repsol Honda sera-t-il à plein temps ou restera-t-il impliqué dans l’Asia Talent Cup qu’il a gérée jusqu’à l’an dernier ?
« Bien qu’elle ait été organisée par Honda, l’Asia Talent Cup était une opération Dorna. Nous avons décidé que je continuerai à soutenir les activités avec les jeunes pilotes. Je ne serai peut-être pas aussi concentré que par le passé, mais je ne romprai pas cette relation non plus. »
Pensez-vous qu’être un ancien pilote peut rendre l’équipe plus forte que par le passé ?
« L’équipe du HRC a toujours été forte. Honda a remporté de nombreuses courses au fil des ans. Elle a remporté plus de courses en tant que constructeur et en tant qu’équipe que quiconque. Franchement, je ne pense pas qu’une personne puisse changer les choses ou une équipe. La clé des courses, c’est d’avoir un pilote de haut niveau et une entreprise qui apporte la technologie au plus haut niveau. Si vous avez ces deux choses, vous avez de bonnes chances d’avoir une bonne équipe. Être un ex-pilote peut-il aider ou pas? C’est toujours positif d’avoir l’expérience de la course, mais je ne viens pas ici pour changer l’histoire. »
Y a-t-il quelque chose à faire différemment du passé ?
« C’est la première fois que je viens ici; il est difficile de dire quoi que ce soit à cet égard. L’équipe Honda est là depuis de nombreuses années et je ne pense pas que quiconque puisse apporter quelque chose de complètement nouveau à Honda. La technologie est là et c’est une entreprise qui cherche toujours à avoir les meilleurs pilotes. On verra comment ça se passe. Et les temps changent aussi ; ce qui aurait pu être bon il y a trois ans, n’est peut-être pas si bon maintenant. D’autres choses qui n’ont pas fonctionné dans le passé peuvent fonctionner à l’avenir. Franchement, je veux tout examiner d’un point de vue logique, simple, et avec une approche de la course. Voilà ce que je vais essayer de faire. »
Dans le passé vous étiez à côté de Dani Pedrosa, puis vous vous êtes séparés, et maintenant vous vous rencontrez à nouveau. Quelle est la situation maintenant ? Est-ce que ce sera une complication ?
« Non. Non. Comme vous le savez, je connais très bien Dani, c’est moi qui l’ai aidé à commencer à courir. Je l’ai aidé à remporter de nombreuses courses et trois titres mondiaux. J’ai de bons souvenirs de ces moments, je me suis beaucoup amusé et j’ai beaucoup appris, parce que c’était la première fois que je travaillais en tant que team manager après avoir arrêté de courir. Puis, la vie c’est la vie, il y a eu un moment où nous n’avons pas pensé de la même façon, et où nous avons parlé… Maintenant nous sommes de retour dans la même équipe. Je ne serai pas son manager, mais bien sûr, je serai son team manager. Mon travail est d’aider à obtenir les meilleurs résultats possibles. Nous avons deux pilotes dans l’équipe et ils serons traités de la même façon. »
Être manager d’une équipe MotoGP demande beaucoup de capacité de négociation politique. Vous êtes au courant ?
« Nous verrons bien. Je ne pense pas que ce soit un grand problème. L’avantage de ce travail, c’est qu’il vous permet d’apprendre. Au fil des ans, on s’habitue à comprendre ou à composer avec des choses que l’on n’aime pas tellement, mais qui font partie de la situation. Je n’aurai aucun problème. »
Simple gant de velours enfilé sur une main de fer, ou changement plus profond lié aux expériences vécues, seul l’avenir apportera une vraie réponse. À cet égard, il sera également intéressant de voir si Dani Pedrosa reste chez Honda en 2019, ou éventuellement se laisse tenter par l’aventure KTM pour y retrouver un certain Mike Leitner avec qui il a passé 11 ans et remporté ses deux titres mondiaux en 250cc en 2004 et 2005…