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Via le site officiel MotoGP.com, nous avons assisté dimanche à la conférence MotoGP post-course du Grand Prix d’Andalousie qui a réuni  Fabio QuartararoMaverick Viñales et Valentino Rossi. 

Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Valentino Rossi, sans la moindre mise en forme.


Valentino, cela faisait 465 jours que vous n’étiez pas monté sur le podium, depuis Austin. Mais cela a été une course fantastique, avec une très belle défense sur Maverick Viñales. Ce podium doit être spécial, pour vous…

Valentino Rossi : « oui, comme vous le dites, il est très particulier car nous sortons d’un très mauvais week-end la semaine dernière. C’était très frustrant. Mais ce n’était pas seulement la semaine dernière, c’était la plus grande partie de 2019, à part les deux podiums de début de saison. J’ai toujours eu le même problème : parfois pire, parfois un peu mieux, mais j’ai fait de mauvaises courses. Donc ensemble avec David (Muñoz), nous nous sommes battus, avec toute l’équipe, car nous avions besoin de quelque chose de différent. Mais avec Yamaha, nous devons beaucoup pousser. Ce n’est pas facile. Mais au final, nous n’avons pas renoncé et nous avons fait quelque chose de différent à partir de vendredi matin. Et dès le troisième tour, je me suis senti mieux ! Je trouve que la moto est meilleure pour moi et que j’ai une meilleure position dans les virages. Quelque chose qui correspond davantage à mon style. Donc nous continuons et bien sûr nous avons beaucoup de travail à faire. Nous avons amélioré la moto durant le week-end et ce jeu est très difficile car il y a beaucoup beaucoup de pilotes qui sont extrêmement rapides. Mais sincèrement, le résultat de la semaine dernière était trop mauvais pour être réel, même si je suis vieux, et j’ai dit « pas comme ça ! ». En fait, ce résultat à Jerez est mieux car c’est un circuit que j’aime, mais après la victoire de 2016, j’y ai toujours souffert et fait de mauvaises courses lors des dernières années. Faire une bonne course et un podium avec 60° au sol, cela signifie que nous sommes dans la bonne direction et que nous pouvons être compétitifs également à Brno. »

Cela est également un bon résultat pour tous les membres de votre équipe, car ils ont souffert avec vous…

« Oui, bien sûr ! C’était très mauvais pour tout le monde, de mon côté, car après une course comme celle de la semaine dernière, celle de Valence ou celle d’Aragón, où je suis très mal arrivé, nous nous regardions et nous n’avions pas de mots. Nous nous disions qu’il était peut-être temps de rester à la maison (rires). Mais comme nous avions déjà pris la décision de courir l’année prochaine, j’étais également un peu inquiet car je ne m’amusais pas et je ne prenais pas de plaisir en pilotant la moto. Et c’était très frustrant car j’ai eu le même problème pendant longtemps. Donc comme ça c’est mieux. C’est un jeu difficile dans lequel il faut beaucoup s’entraîner et y consacrer beaucoup de temps pour être compétitif, mais cela en vaut la peine si vous prenez du plaisir sur la piste. Donc ce podium est également pour toute mon équipe. »

Vous avez peut-être 41 ans mais vous n’avez pas perdu votre sens de l’humour. La célébration que vous avez faite devant une tribune vide était magnifique…

« C’était très drôle ! Cet endroit est l’endroit où se trouvent les toilettes, là où j’ai fait de bonnes célébrations dans le passé, donc j’ai voulu saluer toutes les personnes et faire une accolade à toutes les personnes restées chez elle. C’était très étrange car tout était vide, mais drôle. »

Êtes-vous inquiet au sujet du problème moteur que vous avez rencontré la semaine dernière et que Franco Morbidelli semble avoir connu ce dimanche ?

« Je ne connais pas le problème de Franco. Les ingénieurs travaillent sur le problème que j’ai eu la semaine dernière. Ils essaient de comprendre et trouver une solution. Bien sûr, nous devons y faire attention car, comme vous l’avez dit, nos moteurs sont scellés pour une longue période, mais j’espère que Yamaha réglera le problème. »

Aujourd’hui est une belle journée pour vous, en tant que pilote mais aussi en tant que patron de la VR46 riders Academy. De quoi êtes-vous le plus fier ?

« Je suis très fier de mes garçons, des pilotes de l’académie, car nous sommes très proches et nous avons une superbe relation. Et je pense que, tous ensemble, nous avons fait un très bon travail. Nous arrivons prêts au début de la saison et ils m’aident beaucoup quand je suis frustré à cause des mauvais résultats. Ils ne renoncent jamais et me poussent toujours. Rester avec de jeunes garçons me rend moins vieux, plus jeune (rires). Ces deux courses, et en particulier celle d’aujourd’hui est un très bon moment pour mon équipe, pour l’équipe Sky, et aussi pour toute l’académie, Maro (Luca Marini), Bez (Marco Bezzecchi), et Vietti sont sur le podium, mais aussi Franco (Morbidelli), Pecco (Bagnaia) aurait pu monter sur le podium s’ils n’avaient pas connu de problèmes, alors que Manzi a également fait une très belle course. Nous nous entraînons dur et nous sommes heureux, nous sommes arrivés prêts pour Jerez et ses chaleurs élevées. C’est un grand plaisir je pense que nous irons demain manger quelques chose tous ensemble. »

Vous vous êtes exprimé sur Sky au sujet de votre combat avec Yamaha pour avoir des réglages personnels. Quelle a été votre réaction quand Yamaha vous a dit que vous deviez apprendre des pilotes plus rapides comme Fabio Quartararo et Maverick Viñales, en particulier par rapport au fait que vous avez contribué à l’histoire de Yamaha en MotoGP ?

« Hé, vous savez, je suis ici depuis longtemps, mais je pense que c’est normal car quand vous pilotez la même moto que Fabio et Maverick, et qu’ils sont capables d’être très rapides et très forts… Yamaha pense que je dois piloter comme eux. Mais ils doivent me soutenir car je suis ici, dans le team Factory, et l’année prochaine je piloterai chez Petronas, donc ils doivent me faire confiance car je pense que je ne suis peut-être pas le pilote le plus rapide sur la piste mais je peux faire de bonnes courses. Parfois, vous devez vous battre pour quelque chose, et pour moi ceci n’est pas très intelligent. Parfois, je me demande pourquoi. Mais cette année, nous sommes plus forts dans le box, nous ne renonçons pas, nous poussons fort sur les ingénieurs japonais, avec David et toute l’équipe, et c’est très bien pour moi car si je dois piloter cette moto, je n’ai pas assez de motivation pour donner le maximum, car je ne suis pas rapide. »

Qu’avez-vous ressenti quand vous rouliez dans le nuage d’huile envoyé par Pecco Bagnaia ? Et vous avez dit que vos garçons avaient très bien roulé aujourd’hui, mais qu’avez-vous pensé quand vous les avez vu chuter immédiatement après la ligne d’arrivée ?

« Cela a été un moment difficile car l’huile est une bâtarde. D’un côté vous devez attaquer car j’avais Maverick derrière pour le podium, mais d’un autre côté vous êtes effrayé. J’ai fait des gestes dans la ligne droite, puis ils ont agité les drapeaux et je pense que Pecco a été très bon car il s’est arrêté dès qu’il a vu les drapeaux. Donc cela a été seulement un tour et demi, et heureusement la moto n’a pas perdu d’huile. C’était un mauvais moment, oui. »
« (Rires) quand j’ai vu mes deux motos, les deux motos de mon équipe, dans les graviers après le drapeau d’arrivée, j’ai dit « ça ne peut pas être vrai ! ». J’ai tout de suite compris que c’était en se serrant la main qu’ils s’étaient emmêlés les guidons ensemble et qu’ils avaient tous les deux chuté (rires). Nous étions très inquiets car Celestino (Vietti) s’était également blessé sur le podium car il a cassé la bouteille et s’est ouvert la main. Il a frappé la bouteille pour que le champagne jaillisse mais elle s’est cassée et cela lui à ouvert la main. Je ne sais pas, peut-être cinq ou six points de suture. Non, 22 points ! C’est un désastre (sourire) ! Après le parc fermé, j’ai dit à mon frère et à Bez  » faites attention sur le podium ! Ne créez par un autre désastre, c’est assez » (rires). »

Quand vous parlez de vos réglages personnels, cela concerne-t-il le déplacement du pivot, qui a été changé durant le week-end ? Et pensez-vous qu’après le résultat de ce week-end Yamaha va venir s’excuser auprès de vous pour ne pas vous avoir écouté avant ?

« Cela ne concerne pas le pivot. Nous avons d’autres différences, c’est un autre style de moto. Ces dernières années, avec les Michelin, la Yamaha a beaucoup souffert de la dégradation du pneu arrière, et à la fin de 2018 et au début de 2019, ils ont étudié un autre équilibre de la moto pour préserver le pneu. Pour moi, cela a été bien au début puisque j’ai fait deux podiums, et c’était également très bien pour Maverick et pour Fabio. Mais pour moi, non. Je n’ai pas réglé le problème du pneu, et d’un autre côté je n’étais pas capable de piloter la moto car ce que je ressentais était très différent, en particulier quand je rentrais dans les virages. Mais je ne veux pas chercher d’excuses. Nous avons une très bonne relation avec Yamaha, je suis un pilote Yamaha dans mon cœur et je suis une partie importante dans l’histoire de ce constructeur… mais je veux simplement mettre un peu de pression après ce bon résultat (rires) ! »

Pensez-vous avoir sauvé la carrière de Marco Bezzecchi et que voyez-vous de similaire à vous dans le pilotage de Luca Marini ?

« Avant tout, nous sommes très fiers de notre team en Moto2, car en Moto2 l’équipe fait la différence. Nous l’avons vu à de nombreuses reprises lors des dernières années, et notre équipe est au top. Nous sommes extrêmement heureux car nous avons initié ce projet en 2017, je pense, et c’est une très belle équipe avec un niveau technique extrêmement haut, à tel point que nous en avons volé quelques éléments pour travailler avec moi, comme David (Muñoz) et comme Idalio (Gavira). Mais quoi qu’il en soit, le team reste très fort, et en ce qui concerne les pilotes, je pense que nous avons le couple le plus fort en Moto2. Luca est mon frère mais il est très différent de moi sous certains aspects. Il a un caractère différent. Il est plus renfermé, ou disons qu’il est plus froid. Il est toujours en train de penser aux petits détails mais il est très précis, ce qui est assez semblable à moi, mais nous sommes différents sous d’autres aspects. Je pense qu’il un très grand potentiel pour arriver en MotoGP. Il est très rapide et très courageux, et il m’a battu à de nombreuses reprises. Je ne suis pas très heureux de cela mais je pense qu’il peut avoir un bel avenir. »
« Bez est plus réactif, plus chaud. Parfois trop, et on doit le calmer, mais il a un grand talent. Il est très rapide, et lui également peut gagner et arriver en MotoGP. Nous sommes donc très fiers de nos pilotes. »

C’était sans doute une des courses les plus difficiles de votre carrière, mais également une des plus tactiques. Vous avez gardé très longtemps Maverick derrière vous, peut-être en utilisant des trajectoires pas forcément les plus rapides. Pouvez-vous nous parler de cet aspect ?

« Dans la MotoGP moderne, la position sur la grille est très importante et il est très important de partir devant. Hier, j’ai fait un bon tour. J’ai pris un très bon départ. Quand Maverick a essayé de doubler Fabio, il a perdu un peu de temps et je suis passé à la deuxième position. Je voulais m’en aller avec Fabio mais malheureusement il était trop rapide pour moi. Mais je savais que derrière, ce ne serait pas facile, en particulier parce que le pneu avant devenait chaud. Donc pour le gars derrière, si vous freinez fort, ce n’est pas facile, même s’il est un peu plus rapide. Après, derrière ça, il y avait des motos qui étaient très rapide en ligne droite et c’est parfois un peu difficile pour nous car si la piste est libre devant nous, nous pouvons piloter comme nous voulons, mais si nous sommes dans un paquet de motos, parfois nous souffrons. Donc j’ai essayé de rester devant Maverick jusqu’à la fin, mais j’ai commis une erreur. J’ai essayé de lui fermer la porte dans le virage neuf car je l’entendais très proche, mais j’ai élargi et à la fin il était plus rapide que moi. Il mérite donc sa deuxième place, mais quoi qu’il en soit cela a été une bonne bagarre. »

Comment considérez-vous ce podium par rapport aux derniers que vous avez obtenus ?

« Il est très important car il survient après une longue période très difficile. Plus d’une année sans podium, et avec beaucoup de courses difficiles. Je l’ai fait ici à Jerez, où cela a été difficile pour moi durant ces dernières années, et avec ces chaleurs, c’est très positif. Car le challenge était très élevé, le niveau est très élevé, il y a beaucoup de pilotes qui sont extrêmement forts. Mais si nous suivons notre direction, nous pouvons également être compétitifs à Brno. »

Vous dîtes que, la semaine dernière, vous étiez inquiet au sujet de votre décision de continuer votre carrière. Avez-vous déjà connu ça avant ?

« Heuuuu…. oui ! Oui ! Quand je pilotais avec Ducati, en 2011 et 2012, je n’étais pas certain d’être au niveau pour continuer. Mais j’ai été très chanceux car Yamaha m’a repris et m’a donné 10 autres années de carrière (rires). Donc c’est comme ça, c’est comme ça pour tous les pilotes. Quand vous ne pilotez pas la moto que vous voulez, et vous n’obtenez pas de résultats, c’est facile de penser que c’est fini, en particulier quand vous êtes vieux. Donc ce résultat est également important pour cela. »

Classement du Grand Prix d’Andalousie MotoGP 2020 à Jerez 2 : 

Crédit photo et classement : MotoGP.com

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