Dans la fournaise de Jerez, les officiels d’Aprilia ont pris une douche froide. Et elle n’a pas fait du bien. En effet, il faut calmer les ardeurs d’une nouvelle RS-GP, certes prometteuse, avec, notamment, un cadre efficace loué par Aleix Espargaró. Mais pour ce qui est du nouveau moteur, il faut baisser la puissance pour fiabiliser. Le test du mercredi avait donné l’alerte, et le vendredi du premier Grand Prix de la saison a amené l’action corrective. Du coup, les sourires se sont crispés dans le stand…
Chez Aprilia, on est heureux globalement d’une nouvelle RS-GP en tout point meilleure que la génération précédente. Le nouveau moteur y est pour beaucoup. Cependant, les défauts de jeunesse sont arrivés, convainquant les ingénieurs de Noale qu’il ne fallait pas confondre vitesse et précipitation…
Le directeur sportif Massimo Rivola a annoncé vendredi, à Jerez, que les moteurs RS-GP-20 n’avaient plus la même puissance que lors du test de février à Sepang, car il y avait beaucoup de dommages au moteur. Il fallait donc réduire la cavalerie. Avec quelles conséquences ? Aleix Espargaró explique en détail… : « tout le monde sait qu’après les débuts à Sepang de la nouvelle RS-GP, nous avons eu des problèmes mineurs avec les nouveaux moteurs et lors des tests suivants à Doha, à Misano et ici le mercredi », a confirmé Espargaró. « Nous voulons finir les courses et récolter des points afin d’être en bonne position à la fin du championnat. C’est pourquoi nous ne chargeons pas encore les moteurs à puissance maximale. Nous avons besoin de plus de kilomètres pour savoir ce que nous pouvons attendre des moteurs. J’espère que les ingénieurs pourront me donner plus de vitesse lors du deuxième week-end à Jerez. Parce qu’en ce moment je ressens une nette différence. »
« La moto était presque impraticable, on a cru devenir fou »
Il ajoute sur son vendredi : « ce n’était pas une journée facile. Je me suis beaucoup battu avec le châssis de la nouvelle RS-GP20 pour la première fois », a déclaré Espargaró, qui aborde sa quatrième saison avec Aprilia, usine avec laquelle il a signé pour deux ans de plus. « La moto était presque impraticable. Entre les deux séances, nous sommes presque devenus fous car nous n’avions aucune idée de ce qui s’était passé entre le test de mercredi et ce vendredi. Nous avons essayé un nouvel embrayage puis tout démonté pour l’après-midi. Cela m’a fait me sentir à nouveau très fort, les problèmes ont complètement disparu. Je me sentais aussi mieux avec le niveau d’adhérence. Nous n’avons pas changé le pneu arrière, j’ai fini par faire 28 tours à la fin. »
La réduction de la puissance du moteur peut, cependant, ne pas être rédhibitoire pour ce chaud rendez-vous à Jerez. Aleix Espargaró explique ainsi : « nous sommes plus compétitifs lorsque l’adhérence est faible. Ensuite, je peux rouler très rapidement avec ces nouveaux pneus. Cela me fait plaisir car la course débutera également dimanche à 14h. Je suppose que je serai très fort dans la seconde moitié de la course. Nous devons encore découvrir pourquoi je ne peux pas rouler aussi vite que les autres dans la séance du matin avec beaucoup d’adhérence.
« Je pense que si j’ai des pneus neufs et beaucoup d’adhérence, et que j’allume les gaz à une inclinaison de 60 degrés, je n’ai pas plus de puissance disponible qu’avec peu d’adhérence. Si nous avons moins d’adhérence l’après-midi à cause de la chaleur, les adversaires ne peuvent plus tourner complètement les gaz à 60 degrés, ils doivent alors être plus prudents, donc les adversaires perdent plus de temps que moi dans de telles conditions. Parce qu’ils ne peuvent plus exploiter les avantages de leurs puissants moteurs car ils ne passent plus la puissance au sol. »
Aleix Espargaró devra attendre son heure en course ce dimanche. Mais encore faudra-t-il ne pas trop mal se qualifier…
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