À l’occasion du 65e anniversaire de Yamaha, revenons sur six pilotes, qui, dans six décennies différentes, ont fait briller la marque aux diapasons. Voici la suite de la tragique mais belle histoire de la légende américaine, M. Wayne Rainey.
Sur sa magnifique YZR500 OW98, il remporte une course à Donington, la toute première avec des disques en carbone. Une autre victoire importante du côté de Suzuka, durant les fameuses 8 Heures en compagnie de Kevin Magee. Il fait logiquement partie des favoris pour la couronne l’année suivante. Finalement, la saison 1989 s’inscrit comme l’une des plus belles de toute l’histoire et Rainey lui même, Christian Sarron, Kevin Schwantz et Eddie Lawson se sont illustrés, se bataillant chaque week-end.
Mais c’est bien le dernier de la liste qui parvient à toucher le gros lot. Lawson réussit l’exploit de remporter le titre sur Honda pour sa toute première année au sein de la structure Kanemoto. Rainey ne peut que saluer la performance ahurissante de son ancien coéquipier. Mais de toute manière, ce n’était que retarder l’échéance. Le talent du californien est tel que le voir couronné semble logique.
Il ne manquera pas de confirmer en 1990. C’est l’une de ces années où le pilote semble être en état de grâce. Il touche la perfection, a compris la science du pilotage. Hormis la manche hongroise, qu’il a du abandonner à cause d’une casse de sa YZR500 0WC1, il termine toutes les courses sur le podium. Une véritable exploit sportif.
Puis 1991, et 1992. Deux autres années de domination extrême, de pilotage quasi parfait avec un taux d’abandon anormalement bas. Pourtant, les rivaux ne manquaient pas : entre l’éternel rival Kevin Schwantz – sans doute plus rapide, mais moins régulier – Mick Doohan ou son coéquipier John Kocinski, ça bataillait dur. D’ailleurs, même si le titre 1992 est amplement mérité, il est principalement dû à l’absence de Doohan en cours de saison, après son énorme chute à Assen.
Trois ans, trois titres. Un triplé qui n’est pas sans rappeler celui qu’avait réalisé son mentor Kenny Roberts pour le compte de Yamaha de 1978 à 1980. 1993 s’annonçait bien. Un Mick Doohan diminué laissa place à ce que tout le monde rêvait de voir : une bataille Rainey–Schwantz. Depuis tant d’années, les deux se rendaient coups pour coups mais la Californie dominait le Texas à chaque fois. Mais cette année-là, les rôles se sont inversés.
Yamaha avait pris du retard en terme de performance, et la YZR500 0WF2 n’était pas au niveau de la Suzuki concurrente, et peut-être même de la Honda. Rainey et Cadalora devaient en faire plus, se dépasser pour faire fonctionner la machine. Jusqu’au jour où cela n’est pas passé.
Dans le bac à graviers du premier virage à Misano, Wayne Rainey est au sol, inerte. Une douleur incomparable l’envahit, comme si son corps était troué. En ce 5 septembre 1993, la planète moto s’arrêta et ne fut plus jamais comme avant. L’un de ces 5 septembre noir, où les souvenirs remontent et où la vie nous inflige une piqûre de rappel. Quoi qu’il en soit Wayne Rainey fait partie des étoiles de ce sport magnifique, parfois si cruel.